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Beddawi, un camp pour réfugiés où cohabitent en harmonie Palestiniens et Syriens

Par Kathy Seleme, Euractiv, 26 feb 2018

L’école
de Kawkab se dresse au milieu des rues étroites du camp de réfugiés de Beddawi,
au Liban. Un havre de paix pour les enfants qui rêvent d’une vie meilleure. Un article
d’EuroEfe
.
 
Des
élèves de l’école de Kawkab, dans le camp de Beddawi, près de la ville
libanaise de Tripoli, dans le nord du pays. La plupart des réfugiés du camp
sont des Palestiniens, mais cette année, de nombreux Syriens y ont emménagé. [Susanna
Samhan/EFE
]
 

L’école
pour réfugiés Kawkab, une des sept écoles dans le camp de Beddawi, au Liban,
est gérée par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les
réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Elle a été réhabilitée
avec des fonds de l’Union européenne.

Amina
veut être médecin
 
Amina, 10
ans, aime aller à l’école et veut être médecin plus tard. «
Nous apprenons beaucoup de choses
à l’école
», a-t-elle
expliqué à l’agence de presse Efe.

Les
dessins des enfants qui ornent les murs extérieurs de l’école de Kawkab donnent
sur la grande cour où les réfugiés palestiniens, syriens et kurdes ont appris à
vivre ensemble.
Au total,
682 enfants, âgés de 6 à 12 ans, occupent les salles de classe aménagées dans
les trois étages de l’établissement, où les enseignants travaillent en deux
équipes pour donner cours au plus d’élèves possible.
Les
enseignants déclarent que les conditions d’apprentissage ne sont pas
optimales : les enfants n’arrivent pas avec la même énergie ou n’ont pas
la même capacité à apprendre pour les cours de l’après-midi et rêvent qu’une
autre école soit construite un jour, avec des ordinateurs et même des professeurs
de gymnastique.
Chaque
classe de l’école peut accueillir entre 40 et 46 élèves, comme Rim, une autre
petite fille de dix ans, qui explique : «
nous lisons des histoires et nous
en apprenons de nombreuses choses
».
L’école
organise également des cours d’anglais et peut également accueillir des enfants
ayant des besoins particuliers, dans le cadre d’un programme subventionné par
l’UE pour, entre autres, des enfants dyslexiques, malentendants ou malvoyants.
En outre, l’une des écoles de Beddawi est spécialisée pour les élèves souffrant
de problèmes physiques ou cognitifs.
Hala,
Rayan, Zedil, des élèves de l’école, racontent à Efe qu’ils veulent être
professeur, ingénieur ou encore coiffeur. Amina, la future médecin, confie
qu’elle est inquiète parce que son père ne parvient pas à trouver du travail. «
La situation dans le camp est
difficile. Nous ne pourrions pas étudier sans les écoles de l’UNRWA ni être
soignés à l’hôpital car nous n’avons pas d’argent. »
Un camp
de réfugiés transformé en un quartier urbain
La
Portugaise Marisa Matías,
présidente de la délégation du Parlement européen qui s’est rendue dans le
camp, admet que l’aide de l’ONU ou de l’UE destinée à Beddawi « n’est pas
suffisante
; la
pauvreté et le chômage sont très élevés ».
«L’UNRWA
doit faire face à une demande croissante de services dans un camp qui, au fil
des années, est devenu un quartier urbain », souligne l’eurodéputée à Efe,
lors d’un entretien téléphonique.
Une grande
partie des réfugiés palestiniens qui vivaient dans les environs de Nahr
al-Bared ont emménagé dans ce camp construit en 1955 près de la ville libanaise
de Tripoli. La ville de Nahr al-Bared a été ravagée en 2007 par des
affrontements entre les forces de l’ordre et un groupe armé radical (Fateh al
Islam) qui était retranché dans la ville.
Les
réfugiés de Beddawi doivent également partager le camp avec les Syriens fuyant
la guerre civile, qui a éclaté en 2011, et qui cherchent un logement à un prix
plus abordable que dans d’autres parties du Liban.
Certains
logements ont également été rénovés grâce aux subventions de l’UE.
Nancy
Jatab a 35 ans et est mère de trois enfants âgés de 10, 8 et 3 ans. Elle est a
quitté Nahr al-Bared pour vivre à Beddawi en 2007 et a pu bénéficier des aides
de l’UE pour améliorer son logement. « J’ai pu bénéficier des subventions
européennes car ma maison était dans un état catastrophique et très petite.
Nous avons pu ajouter une pièce supplémentaire », a-t-elle déclaré à Efe,
tout en montrant son humble logement  pour réfugiés.
Sa vie,
dit-elle, « est très difficile ». Bien que l’UNRWA les aide, ils ont
des dépenses auxquelles ils ne peuvent pas faire face et des dettes qui
s’accumulent.
Nancy
Jatab est donc très inquiète de la décision des États-Unis de geler les fonds
versés à l’UNRWA et se demande ce qui leur arriverait si les services prévus
par l’Office devaient être supprimés.
Les
réfugiés souffrant d’un cancer difficiles à soigner
En plus
des écoles, l’ONU finance un centre de soins dans le camp, qui a également été
réhabilité avec les fonds de l’UE.
Hana
Abed, un médecin, se réjouit que le centre médical soit bien équipé et capable
de soigner des patients qui n’ont pas de complications, mais déplore le fait
qu’il soit difficile de traiter les patients atteints de cancer.
« Nous
n’avons pas de problèmes avec les cas faciles, mais traiter les personnes
atteintes de cancer est très complexe puisque l’UNRWA ne subventionne que
15 % des traitements et que le Liban ne fournit pas de médicaments à ceux
qui en souffrent », a-t-il déclaré à Efe.
Selon
Hana Abed, les cancers les plus fréquents parmi les réfugiés sont ceux de la
thyroïde, des poumons, du colon ou le lymphome pour les enfants. « Nous
devons continuer à soigner les malades et à soutenir les médecins. L’UE doit
continuer à fournir des aides. »
Malgré
les difficultés, Marisa Matías estime que Beddawi « est un exemple de
réussite du soutien de l’UNRWA octroyé aux réfugiés palestiniens grâce au
financement de l’UE ».
L’Union
européenne, souligne-t-elle, est le plus important donateur de l’UNRWA pour le
Proche Orient
; elle a permis de réhabiliter 2000 logements dans les camps de
réfugiés et a réhabilité 11 centres de santé.
Depuis le
début de la guerre en Syrie, l’UE a versé 439 millions d’euros d’aide
humanitaire
au Liban et, cette année, l’aide sera de 80 millions
d’euros.
Les
projets soutenus par l’Union dans le camp de Beddawi servent à « stimuler
l’économie interne et à améliorer les conditions de vie dans le camp », a
ajouté l’eurodéputée.
Elle
admet cependant que « cela n’est pas suffisant. La communauté
internationale devrait assumer sa responsabilité dans la crise du Moyen-Orient.
Elle est non seulement liée au conflit syrien, mais également au processus de
paix au Moyen-Orient qui est au point mort » entre Israéliens et
Palestiniens.
Le Liban
est le pays avec le plus de réfugiés par habitant.
L’UNRWA a
enregistré 450
000 Palestiniens réfugiés au Liban, alors que le HCR, le
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, rapporte qu’un million
de Syriens ont fui la guerre ces dix dernières années et que le Liban a
accueilli également un million de réfugiés.