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Plus du quart des Nigérianes victimes de mutilations génitales?

Par
Motunrayo Joel, Africa Check, 28 février 2018

En
expliquant comment les mutilations génitales féminines affectent gravement les
filles, un journaliste a affirmé que 27% des femmes nigérianes âgées de 15 à 49
ans l’avaient subie. Les dernières données montrent une diminution.
Une jeune
femme passe devant une banderole de la campagne contre les mutilations
génitales féminines lors d’une conférence internationale en 2004 au Kenya.
Photo: AFP.
La
pratique traditionnelle néfaste des mutilations génitales féminines est
toujours acceptée dans de nombreuses parties du Nigeria.
Evoquant
la menace pour la survie des filles nigérianes, un journaliste du Guardian a affirmé,
le mois dernier, que les statistiques nationales montrent que « 27% des
Nigérianes entre 15 et 49 ans sont victimes de mutilations génitales
féminines ».
Le
chiffre est-il exact?
Violation
des droits des filles et des femmes
Les
mutilations génitales féminines comprennent toutes les procédures ou pratiques
impliquant l’ablation des organes génitaux féminins externes ou des blessures à
des fins non médicales, explique l’Organisation
mondiale de la santé
(OMS).
Les
mutilations sont principalement effectuées par des circonciseurs traditionnels
et des accoucheuses locales. Les Nations Unies qualifient la pratique de
violation des droits des filles et des femmes. Son éradication est l’un des objectifs de développement durable
de l’organisation.
Depuis
mai 2015, les mutilations génitales féminines sont illégales au Nigeria après
que l’ancien président Goodluck Jonathan a promulgué la loi sur la
violence contre les personnes
. Celle-ci prévoit une peine
d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à quatre ans ou une amende de 200 000 N
(550 $ US) pour les contrevenants.
«Statistiques
de source fiable»
L’auteur
de l’article a déclaré à Africa Check qu’il avait obtenu les données d’un
contact.
«J’ai
contacté une de mes sources fiables pour des statistiques sur les mutilations
génitales féminines. Elle m’a alors informé», a déclaré Oluwaseun
Akingboye. Cependant, il n’a pas précisé quel document ou rapport a été cité
par son contact.
Faute de
source précise, Africa Check s’est tourné vers l’agence de statistiques du
pays, le Bureau national des statistiques. L’enquête en
grappes à indicateurs multiples de 2016-2017
contient les données
les plus récentes sur les mutilations génitales féminines, selon le responsable
de l’information statistique de l’agence de données, Leo Sanni.
Dans le
cadre de ses enquêtes mondiales sur les
indicateurs
, le Fonds des
nations unies pour l’enfance
(Unicef) collabore avec des organismes
locaux de santé et de statistique pour réaliser une enquête représentative à
l’échelon national, généralement tous les cinq ans.
Au cours
du dernier cycle, 34 376 femmes âgées de 15 à 49 ans ont été interrogées dans
les six zones géopolitiques du Nigeria. Elles ont répondu à la question de
savoir si elles avaient subi une forme quelconque de mutilation génitale ou
d’excision.
L’enquête
a révélé
que 18,4% des femmes avaient subi des mutilations génitales féminines. Il
s’agit d’une baisse par rapport au cycle précédent en 2011, quand 27% des
femmes âgées de 15 à 49 ans ont déclaré avoir subi une forme de mutilation ou
d’excision. En 2007, la prévalence était estimée à 26%.
 
Plus de
filles mutilées
Malgré la
baisse, les données ont montré que plus de filles de moins de 14 ans sont
encore en train d’être mutilées. Des enquêtes successives à indicateurs
multiples indiquent que la proportion de filles de ce groupe qui ont subi la
coutume a presque doublé au cours des 10 dernières années. Alors qu’elle se
situait à 13% en 2007, elle était passée à 25,3% en 2016/17.
L’enquête
a également révélé de nouvelles zones à risques pour la pratique, a déclaré à
Africa Check Atul Kumar, un porte-parole de l’Unicef. Alors que des Etats tels
que Zamfara, Kaduna et Jigawa avaient une prévalence de moins de 20% lors de
l’enquête de 2011, celle-ci a augmenté de manière significative au cours du dernier
cycle. La part de Zamfara est passée de 2,5% à 26,4%, à Kaduna de 19% à 39,3%
et de 2% à 14,4% à Jigawa.
M. Kumar
a noté que ce qui est «plus inquiétant», la prévalence a également augmenté
chez les filles de moins de 14 ans dans ces États. Zamfara a enregistré une
augmentation de 5% à 58,2%, Kaduna de 38,3% à 63,1%, Jigawa de 36,9% à 66,9%.
Dans l’Etat de Kano, elle est passée de 51,4% à 71%.
(Note: M.
Kumar n’a pas encore expliqué les raisons possibles de l’augmentation de ce
groupe d’âge. Nous mettrons à jour cet article dès qu’il répondra.)
La hausse
pourrait être due à l’augmentation des dénonciations
Expert en
santé publique, le Dr Sunday Aderibigbe, a déclaré que la hausse pourrait être
due à l’augmentation des dénonciations, dans la mesure où plus de mères
prennent conscience des dangers de la mutilation génitale féminine. Aderibigbe
enseigne la santé publique et la médecine communautaire à l’Université d’Ilorin. »Un
bon nombre d’entre elles sortent pour dire que leur enfant a subi la
pratique », a-t-il dit.
Pourtant,
21,6% des mères sondées ont approuvé la pratique. Cela pourrait être dû aux
mythes traditionnels qui entourent cette pratique et à la perception qu’elle
relève de la culture, a déclaré à Africa Check Jolaoluwa Aina, une militante
anti-MGF.
« Je
me rappelle avoir rencontré un pratiquant qui m’a dit que la pratique lui avait
été transmise par son grand-père. Beaucoup d’entre eux pensent qu’ils doivent
continuer à agir pour protéger leur culture « , a déclaré Mme Aina, membre
de l’initiative EndCuttingGirls.
« Nous
devons également regarder du côté des chefs traditionnels et religieux. Nous
avons besoin de leur soutien pour aider à contrecarrer cette activité. Ils ont
une forte emprise sur leur peuple », a-t-elle dit
Conclusion: les mutilations génitales féminines sont encore répandues au Nigeria, bien
que les données montrent une réduction du groupe d’âge 15-49 ans
Pour
attirer l’attention sur le grave problème des mutilations génitales féminines
au Nigeria, un journal a rapporté que 27% des Nigérianes entre 15 et 49 ans ont
été soumises à cette pratique.
Ce
chiffre est une estimation de 2011. Les dernières données d’une enquête de
l’Unicef montrent qu’il est tombé à 18,4% en 2016/7. En revanche, le nombre de
filles de moins de 14 ans déclarées mutilées par leurs mères a presque doublé
depuis 2007. Certains Etats ont également signalé un grand bond.
L’Unicef
n’est pas en mesure de dire si cette hausse est liée à l’augmentation des
dénonciations ou à d’autres facteurs.