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La moitié des migrants de l’Aquarius veulent l’asile en France

Euractiv,
19 giu 2018

Au
lendemain de leur arrivée en Espagne, les 630 migrants de l’Aquarius veulent
pour près de la moitié demander l’asile en France, a indiqué lundi le
gouvernement espagnol.
 
Les
migrants descendant du Dattilo, un bateau garde-côte italien transportant 274
migrants et accompagnant l’Aquarius, après que le bateau est mis quai à Valence
le 17 juin 2018, après 8 jours en mer. [EPA-EFE/MANUEL BURQUE]

« Quasiment
la moitié des migrants ont manifesté leur volonté de demander l’asile en
France, pays ayant offert d’accueillir une partie des personnes voyageant sur
le navire » Aquarius, a-t-il annoncé dans un communiqué.

Samedi,
Madrid avait annoncé avoir accepté la proposition de la France d’accueillir une
partie des passagers de ce bateau, secourus dans la nuit du 9 au 10 juin au
large de la Libye et débarqués dimanche matin à Valence (est de l’Espagne).
Le
porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux, a toutefois estimé
dimanche qu’il était « impossible » d’en déterminer le nombre.
Une
équipe de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra)
doit se rendre à Valence « dans la semaine », a indiqué son directeur
général Pascal Brice.
« Dès
lors que les autorités espagnoles nous auront fait connaître le nombre de
personnes concernées, une équipe de l’Ofpra se rendra sur place pour mener les
entretiens et s’assurer que les personnes relèvent bien du droit
d’asile », a-t-il déclaré à l’AFP.
En
France, alors que le choix de ne pas accueillir le navire passé près de ses
côtes — celles de l’île de Corse — avait été critiqué jusqu’au sein du parti du
président Emmanuel Macron, un sondage publié lundi a montré qu’une majorité de
Français était contre l’accueil de l’Aquarius dans un port français.

Selon ce
sondage réalisé par OpinionWay pour les médias Public Sénat, Les Échos et Radio
Classique, 56 % des Français estiment que la France a fait le bon choix en
n’accueillant pas l’Aquarius, contre 42 % qui pensent le contraire
(2 % ne se sont pas prononcés).
Permis de
45 jours
Affrété
par les ONG françaises SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, l’Aquarius
a été au centre de l’attention internationale après le refus de l’Italie et de
Malte de lui ouvrir leurs ports, l’obligeant à une longue et difficile
traversée de la Méditerranée.
Les 630
migrants à bord, dont 140 mineurs — l’un d’entre eux né sur le bateau — se sont
vu accorder « un permis d’entrée extraordinaire de 45 jours en Espagne pour
raisons humanitaires », pendant que leur statut est examiné, a précisé le
gouvernement de Pedro Sanchez.
Ceux qui
déposeront une demande d’asile en Espagne pourront rester une fois leur demande
prise en compte, le temps que les services de l’immigration l’examinent dans un
délai de six mois, selon Paloma Favieres, de la Commission espagnole d’aide aux
réfugiés (Cear) qui a participé à leur accueil à Valence.
« Aucune
procédure de reconduite à la frontière n’a été engagée, personne n’a été placé
en centre de rétention », s’est-elle félicitée, alors que cette
éventualité avait été initialement évoquée par le gouvernement.
Alors que
dans plusieurs pays d’Europe, populations et gouvernements tendent à adopter
des positions de plus en plus dures face aux arrivées massives de migrants,
Pedro Sanchez a affiché son ouverture et pris le contre-pied de son
prédécesseur Mariano Rajoy sur la question migratoire.
Un
positionnement qui semble correspondre à celui des Espagnols alors que
l’arrivée de l’Aquarius a entraîné un fort élan de solidarité.
Déjà en
octobre 2017, selon l’Eurobaromètre de la Commission européenne, l’Espagne
faisait partie des pays les plus tolérants en matière d’immigration, seuls
26 % des Espagnols trouvant que l’immigration extraeuropéenne était
« plutôt un problème » contre 38 % en moyenne dans l’UE.
Les
failles de la solidarité européenne se sont creusées avec le blocage du navire
humanitaire l’Aquarius par Malte et l’Italie. Une situation qui rend encore
plus urgente la réforme du système de Dublin.
En 2015,
au plus fort de la crise migratoire, les municipalités de plusieurs villes
comme Barcelone ou Madrid avaient proposé d’accueillir des réfugiés et critiqué
l’inaction de Mariano Rajoy.
La
décision de Pedro Sanchez d’accueillir les passagers de l’Aquarius « est
une opportunité fantastique pour que l’Espagne défende de nouvelles politiques
en Europe », a souligné lundi Estrella Galan, secrétaire générale de la
Cear.
La droite
espagnole craint elle en revanche un afflux d’immigrés comme l’a souligné
dimanche le journal conservateur espagnol ABC clamant en Une que
« L’Espagne affronte une avalanche d’immigrés à cause de l’appel
d’air » provoqué par l’accueil de l’Aquarius.
Plus de
1.400 personnes migrantes tentant la traversée ont été secourues de vendredi à
dimanche par les garde-côtes espagnols.