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Le virus Ebola frappe à nouveau au Congo-Kinshasa

Par 
Tanguy Berthemet, Le Figaro, 09/05/2018

La
République démocratique du Congo «fait face à une nouvelle épidémie de maladie
à virus Ebola», qui a déjà tué 17 personnes. Des équipes de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) et de Médecins sans frontières se sont rendues sur
place.
Une
nouvelle épidémie d’Ebola
frappe la République Démocratique du Congo (RDC). Le ministère congolais de la
Santé a expliqué mardi, que la maladie a déjà tué 17 personnes dans l’Équateur,
une vaste province au nord-ouest du pays. «Vingt-et-un cas de fièvre avec des
signes hémorragiques et 17 décès», soit un taux de létalité de 80 %, ont été
notifiés au ministère de la Santé le 3 mai, explique le gouvernement qui ne
précise cependant pas la date du déclenchement de l’épidémie.
«Le plan
de riposte», approuvé par les autorités, a été mis en place. Une équipe du
ministère de la Santé, appuyée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et
par Médecins sans frontières, s’est rendue sur place dans la ville de Bikoro,
près de l’épicentre de l’épidémie. Les cas les plus nombreux se trouvent à
Ikoko Impenge, un village en zone de forêt équatoriale, frontalière du
Congo-Brazzaville, et situé à environ 600 km au nord-ouest de Kinshasa, assez
difficile d’accès. Les informations sur cette résurgence du virus sont pour
l’instant très limitées.

« Nous ne
sommes pas informés. Nous ignorons tout de cette déclaration de l’épidémie
d’Ebola dans notre zone.»

Un
habitant de Bikoro, près de l’épicentre de l’épidémie.
 

«Notre
principale priorité est d’atteindre Bikoro pour travailler avec le gouvernement
de la République démocratique du Congo et les partenaires pour réduire les
pertes en vies humaines et les souffrances en lien avec cette nouvelle épidémie
d’Ebola», a déclaré le docteur Peter Salama, directeur général adjoint de l’OMS
dans un communiqué.
L’alerte
a été donnée après que cinq échantillons prélevés chez les cas suspects ont été
analysés à l’Institut national de recherches biologiques (INRB) de Kinshasa le
6 mai. Deux se sont révélés positifs. Les premiers tests montrent qu’il s’agit
de la souche «Zaïre» de la fièvre hémorragique, l’une des plus grave. L’OMS
indique qu’elle veut «rassembler d’autres échantillons» et sensibiliser les
populations «avec des messages de prévention et de contrôle», selon son directeur
pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti.
Aucune
disposition officielle n’est prise
Il y a
urgence: Ebola se transmet par contact physique avec des liquides corporels
infectés, notamment le sang. Le gibier est aussi considéré comme un vecteur
potentiel. «Nous ne sommes pas informés. Nous ignorons tout de cette
déclaration de l’épidémie d’Ebola dans notre zone. Les gens vivent normalement.
Il n’y a aucune disposition prise pour éviter la propagation de la maladie. Ce
matin, les marchés ont ouvert, du gibier frais est vendu comme s’il n’y avait
aucun danger», a affirmé à l’AFP un habitant de Bikoro. «Officiellement, aucune
disposition n’est prise» a confirmé un représentant de la société civile dans
la capitale provinciale Mbandaka, Fabien Mongunza.
La RDC
est le berceau d’Ebola, baptisé du nom d’une rivière du nord-est du pays où le
virus a été identifié en 1976. Le Congo a depuis lors été touché neuf fois. La
dernière crise remonte en 2017. Rapidement circonscrite, elle avait fait
officiellement 4 morts. Elle avait touché un lieu très reculé, comme le plus
souvent au Congo, ce qui explique en grande partie ce bilan limité.
L’explosion
la plus spectaculaire d’Ebola avait au contraire atteint des régions très
peuplées de l’Afrique de l’ouest, à cheval sur la Guinée, le Liberia et la
Sierra Leone. Cette première attaque hors du Congo avait officiellement causé
la mort de 11.300 personnes, sur quelque 29.000 cas.
Les
retards de l’OMS à prendre en compte l’extrême gravité de cette épidémie
avaient été vivement critiqués. Cette fois l’organisation a déjà assuré avoir
débloqué «un million de dollars».