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Syrie. Accord pour une évacuation de Douma, grande ville de la Ghouta orientale

 Courrier International, 02/04/2018 – 07:02

Les
habitants auraient commencé dimanche à fuir vers Idlib, dans le nord-ouest
du pays.

Photo
diffusée par l’agence de presse officielle syrienne SANA montrant des bus
devant évacuer des rebelles syriens de la ville de Douma, dans l’enclave de la
Ghouta orientale, 
en banlieue de Damas, le 1er avril 2018. Handout / SANA / AFP

L’information
est annoncée par Moscou et par la télévision d’État syrienne: les
rebelles syriens auraient accepté, dimanche 1er avril, d’évacuer la
dernière poche qu’ils tenaient dans l’enclave assiégée de la Ghouta orientale,
et notamment la grande ville de Douma. Ils auraient d’ailleurs déjà commencé à
fuir. “L’évacuation d’un certain nombre de terroristes […] de Douma […] vers
Idlib a commencé cet avant-midi”, écrit ainsi
l’agence de presse officielle syrienne SANA.
Quelque 1.
300 combattants, activistes et
civils ont signé pour quitter la ville, explique de son côté l’Observatoire
syrien des droits de l’homme, cité par le
Washington Post.
 Le groupe Jaich Al-Islam, qui contrôle
l’enclave, n’a de son côté pas confirmé.

La ville
de Douma était samedi soir la seule poche encore aux main des rebelles dans ce
dernier bastion de l’opposition à l’extérieur de Damas, souligne la
chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya,
ajoutant que le régime
avait repris 95 % de la Ghouta orientale depuis le début de son assaut
aérien et terrestre dévastateur sur l’enclave, le 18 février.
Sa chute
laisse donc présager une victoire majeure pour le pouvoir syrien. Pour le
correspondant du LA Times, qui accueille pour l’heure l’information avec
prudence,
“une défaite dans la Ghouta serait un coup dur pour une
opposition encore sous le choc de la perte d’Alep fin 2016”. L’agence de presse
britannique Reuters ne dit pas autre chose : “sa chute constituerait
également un symbole puissant” puisque “la ville était le principal centre des
manifestations de rue dans la banlieue de Damas contre le régime du président
Bachar Al-Assad, qui ont déclenché le conflit il y a sept ans.”
“Deux
options amères”
Les
derniers habitants de la Ghouta orientale sont désormais face à un dilemme, explique le
New York Times.
Le quotidien évoque le cas de Marwan Habaq. Cet
homme, qui a survécu dans un sous-sol avec sa femme et sa fille, a décidé de
partir avec elles pour Idlib, la plus grande zone encore aux mains des
rebelles. Un choix difficile. Comme ils n’ont pas d’endroit où habiter dans
cette ville située à la frontière turque, ils devront laisser les parents de sa
femme derrière eux, et affronter les bombardements pendant leur trajet en bus.
Mais s’ils restent, il est sûr qu’il sera arrêté ou enrôlé de force dans
l’armée. “Deux options amères”, résume-t-il. “Partir vers l’inconnu, ou rester
entre les mains d’Assad.”
Pour la
correspondante de CNN dans la région,
cet accord “va certainement
faire pression sur les autres principaux groupes rebelles qui contrôlent les
deux autres poches de la Ghouta orientale”. Ceux-ci pourraient négocier un
accord similaire avec le régime. Pour autant, il ne s’agit pas d’anticiper une
fin des combats. Le Conseil norvégien pour les réfugiés, une ONG se consacrant
à la protection des personnes déplacées et vulnérables, a ainsi prévenu que “le
pire reste à venir”, souligne la journaliste.
“Alors
que les forces pro régime terminent une campagne meurtrière dans la Ghouta
orientale”, met encore en garde le New York Times, Idlib – province que
“le gouvernement dépeint comme un nid de djihadistes et traite comme un
dépotoir pour ceux dont il ne veut pas sur son territoire” – “devrait être
la prochaine cible”. “Et cette fois”, note le journal, “il n’y aura pas d’autre
endroit où s’enfuir.”