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Indonésie: critiquer les députés peut être passible de poursuites pénales

Joël
Bronner, RFI, 15-03-2018

En
Indonésie, critiquer les députés peut désormais être passible de poursuites
pénales. C’est en tout cas le résultat d’une loi qui vient d’entrer en vigueur,
et qui permet au Parlement indonésien de poursuivre quiconque «manque de
respect» à l’institution ou à l’un de ses membres. Des centaines
d’opposants se sont réunis ce jeudi 15 mars devant la Cour constitutionnelle de
Jakarta pour demander la révision de cette loi, qu’ils considèrent comme une
menace à la liberté d’expression.
Des
manifestants protestent contre une loi jugée liberticide devant le Parlement à
Jakarta, le 15 mars 2018.AFP
En
Indonésie, les représentants de la classe politique ont la fâcheuse habitude de
se laisser gangréner par la corruption. L’ex-président du Parlement, Setya
Novanto – dont le procès est en cours – a ainsi perdu son poste à la suite du
plus grand scandale de détournement de fonds de l’histoire du pays. Ses
tentatives d’échapper à la justice avaient d’ailleurs, il y a quelques mois,
été largement moquées à travers l’archipel.
Mais à présent,
ce genre de moqueries pourraient bien être considérées comme illégales. Et dans
le même temps, les députés ont aussi rendu les enquêtes susceptibles de les
viser plus difficiles, car soumises dorénavant à l’examen préalable du
Parlement lui-même puis à l’approbation du président.
Le
président Joko Widodo, face à la contestation populaire, a préféré ne pas
signer le texte – ce qui n’empêche pas son entrée en vigueur – mais sans s’y
opposer frontalement, pour ne pas se mettre à dos les partis politiques, dont
il sollicite le soutien en vue de la présidentielle qui aura lieu l’an
prochain.
D’ici là,
la révision en cours du Code pénal indonésien pourrait bien être achevée et un
certain nombre d’articles controversés limitant eux aussi les critiques du régime
et la liberté d’expression risquent bien d’être adoptés.