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En Côte d’Ivoire, un nouveau syndicat dédié à la défense des femmes

La Croix(avec AFP), le 04/03/2018

Le Réseau
des femmes syndicalistes de Côte d’Ivoire (REFSY-CI) a été créé pour voir les
femmes devenir les « interlocutrices importantes dans le milieu syndical
en Côte d’Ivoire ». Les militantes travaillent notamment sur l’accès des
femmes à la protection sociale et leur formation au militantisme.

 
Mariatou
Guiehoa, présidente du Réseau des femmes syndicalistes de Côte d’Ivoire, dans
son bureau, à Abidjan, en février 2018. / ISSOUF SANOGO/AFP

Elles
seraient déjà 4 000 adhérentes
: 4.000 femmes enseignantes, fonctionnaires,
vendeuses sur les marchés, transporteuses, fonctionnaires ou pompistes, à
s’être rassemblées dans un tout nouveau syndicat créé spécialement pour « porter
haut » leurs « préoccupations auprès des pouvoirs publics.
Le Réseau
des femmes syndicalistes de Côte d’Ivoire (REFSY-CI), c’est le nom de ce
syndicat inédit, ambitionne de voir les femmes devenir les « interlocutrices
importantes dans le milieu syndical en Côte d’Ivoire ». Transfuges des
cinq centrales syndicales ivoiriennes, les cadres du REFSY-CI ont décidé de
constituer un « syndicat libre et indépendant pour les femmes », avec
pour devise
: « Amour-Solidarité-Justice ».
Promotion
de la femme ou sectarisme
?
La
présidente REFSY-CI, Mariatou Guiehoa, estimant qu’elles sont jusque-là « reléguées
au second plan ». À 65 ans, dont 30 de militantisme, cette
responsable estime que depuis l’indépendance du pays en 1960, seuls « des
strapontins » ont été accordés aux femmes dans les mouvements syndicaux.
Aucune n’a jamais été à la tête d’une organisation syndicale.
Si la
ministre ivoirienne de la Femme, Mariatou Koné, voit dans ce nouveau venu « une
avancée dans la politique de promotion de la femme » et « un puissant
instrument de négociation sociale qui favorisera le dialogue constructif, à
l’exclusion de la violence », les syndicats établis mettent en garde
contre le danger du « sectarisme ».
Obstacles
du sexisme et du machisme
« Nous
reconnaissons qu’il y a des obstacles à lever, comme le sexisme, le machisme et
la phallocratie qui sont des réalités dans le mouvement. Mais cela ne devrait
pas amener les femmes à se sectariser », juge Théodore Gnagna Zadi,
président de la Plate-forme nationale, qui regroupe une cinquantaine de
syndicats de fonctionnaires, à l’origine d’une grève d’un mois qui secoué le
pays en 2017.
« Le
mouvement syndical n’est pas un mouvement de complaisance où l’on donnerait des
places à des femmes parce qu’elles sont femmes. Elles doivent le mériter »,
ajoute-t-il.
Formation
au militantisme
Un défi
que les membres du REFSY-CI assurent être prêtes à relever
: « Nous ne sommes pas là
pour dire que nous voulons prendre la place des hommes. Le REFSY-CI veut
mériter sa place dans le milieu syndical », assure le programme du nouveau
mouvement.
Avec
comme priorité la formation de ses adhérents au militantisme féminin, avec
l’aide de la fondation allemande Friedrich Herbert-Stiftung. Et le souci de « concilier
le mouvement syndical et la vie de foyer, deux choses différentes ».
Le
REFSY-CI, qui a constaté avec surprise que la quasi-totalité de ses adhérentes
ne disposaient pas de couverture maladie universelle, entend aussi se lancer
dans cette lutte.

Accès aux
soins

« Les
artisanes, les femmes rurales vivent au jour le jour. Si pour des raisons de
maladie, elles n’ont pu bénéficier de soins, elles ne peuvent générer des
ressources », déplore Salimata Porquet, présidente de la Plate-forme
d’éveil électoral des femmes et des jeunes, une ONG panafricaine et marraine du
réseau.
Le
syndicat entend ainsi trouver une couverture maladie aux femmes des secteurs
informels, ces « travailleuses sans salaire » qui sont devenues de
véritables « chefs de famille ». « Nous voulons faire comprendre
à la jeune génération que faire du syndicalisme, ce n’est pas fabriquer des
révoltées, mais prendre en compte les préoccupations des femmes. »