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Les Etats-Unis bloquent la moitié de leur aide à l’agence de l’ONU pour la Palestine

Le Monde.fr avec AFP 16.01.2018
Les Etats-Unis ont envoyé 60 millions de dollars à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), pour qu’elle puisse continuer d’opérer, mais ils ont bloqué le versement de 65 millions supplémentaires, a déclaré mardi 16 janvier un responsable du département d’Etat, appelant à « revoir en profondeur la manière dont l’UNRWA fonctionne et son financement ».

Cette somme est retenue jusqu’à nouvel ordre et entraîne la « plus grave crise financière » qu’ait connue l’agence onusienne depuis sa création, a déclaré un porte parole de l’UNRWA mercredi 17 janvier.
Les Etats-Unis ont adressé mardi une lettre à cette agence confirmant une partie de leur contribution volontaire, censée s’élever à 125 millions de dollars. « Sans cet argent », destiné notamment à payer les salaires dans les écoles et le système de santé en Jordanie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, « les opérations de l’UNRWA étaient menacées », a expliqué le responsable du département d’Etat.
Ce responsable a rappelé que les Etats-Unis étaient depuis « des décennies »le plus gros donateur de l’agence, dont les financements provenaient ces dernières années à 30 % de Washington. « Comme pour l’ONU en général, il ne faut pas demander aux Etats-Unis de contribuer de manière disproportionnée, a-t-il avancé. Il est temps de changer. »


Revoir le fonctionnement
La diplomatie américaine, qui ne cesse de critiquer l’ONU depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump il y a un an, réclame de « revoir en profondeur la manière dont l’UNRWA fonctionne et son financement ». Elle demande à d’autres pays de contribuer davantage, car les Etats-Unis ne veulent plus fournirà eux seuls 30 % des fonds de cette agence. Pour débloquer la seconde tranche, il faudra donc que « des réformes soient engagées », afin « de faire en sorte que l’argent soit mieux dépensé », a prévenu Heather Nauert.
Priver l’UNRWA de ce montant « aura des conséquences dévastatrices pour les réfugiés palestiniens vulnérables au Moyen-Orient », a prévenu Jan Egeland, secrétaire général de l’organisation Norwegian Refugee Council.
Le chef de l’agence onusienne affectée, Pierre Krahenbuhl, a lui aussi exprimé son inquiétude et appelé les autres membres de l’ONU à contribuer, soulignant que le montant était très inférieur aux 350 millions octroyés par les Etats-Unis en 2017. « Financer l’UNRWA ou une quelconque organisation humanitaire est à la discrétion de chaque Etat membre des Nations unies », a-t-il relevé dans un communiqué :


« Cela dit, étant donnée la longue et historique relation de confiance entre les Etats-Unis et l’UNRWA, cette contribution réduite menace l’un de nos engagements en matière de développement parmi les plus novateurs et rencontrant le plus de réussite au Proche-Orient. »


« Grande inquiétude » à l’ONU
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait fait part mardi, avant l’annonce de la décision américaine concernant l’UNRWA, de sa « grande inquiétude », estimant que la fin des financements américains provoquerait « un problème très, très important ». « L’UNRWA n’est pas une institution palestinienne », mais « une institution de l’ONU » et elle « fournit des services vitaux » aux réfugiés, a-t-il insisté, exhortant Washington à confirmer sa contribution.
Mais l’annonce américaine arrive aussi au moment où les Palestiniens se sentent lâchés par les Etats-Unis. Après avoir reconnu en décembre Jérusalem comme capitale d’Israël, provoquant la réprobation de la communauté internationale et la colère des Palestiniens, Donald Trump avait menacé au début de janvier de couper l’aide financière américaine à ces derniers s’ils refusaient de discuter avec Washington d’une solution pacifique au conflit.
Or, sonnés par cette position sans précédent sur Jérusalem, les Palestiniens affirment ne plus vouloir des Etats-Unis comme médiateur et menacent même de suspendre leur reconnaissance de l’Etat d’Israël, une mesure qui remettrait en cause l’un des principes fondateurs de l’effort de paix déjà très mal en point avec les Israéliens.


Complicité ?
L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a accusé les Américains d’« obéir aux consignes » du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou en « ciblant les plus vulnérables des Palestiniens et en privant les réfugiés de leur droit à l’éducation, à la santé, à un abri et une vie digne ». « Une fois de plus, l’administration américaine démontre sa complicité avec l’occupation israélienne », a-t-elle déploré.
L’ambassadeur d’Israël à l’ONU, Danny Danon, a applaudi la décision états-unienne, affirmant que l’UNRWA « fait un mauvais usage de l’aide humanitaire de la communauté internationale afin de soutenir la propagande anti-israélienne » et « encourager la haine ». « Il est temps de mettre fin à cette absurdité », a-t-il plaidé.