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Catherine Deneuve présente ses “excuses” aux victimes et désavoue certaines cosignataires de la tribune polémique

Par Jade Toussay 14/01/2018
SEXUALITÉ – Le texte sur “la liberté d’importuner” signé par cent femmes dont Catherine Deneuve a provoqué une vague d’indignation.

Six jours après sa publication dans Le Monde, l’actrice a présenté ses “excuses” aux victimes d’agression et pris certaines distances, sans pour autant renier totalement le texte controversé.

C’est par le biais d’une tribune qu’elle a cette fois elle-même écrite et parue dans Libération ce dimanche 14 janvier que l’actrice s’est exprimée, affirmant que “rien dans le texte ne prétend que le harcèlement a du bon, sans quoi (elle) ne l’aurait pas signé”.
Au vu des très nombreuses réactions -en France comme à l’international- que la tribune a provoquées, Catherine Deneuve a décidé d’y apporter “des précisions”. “J’ai, je le confesse, trouvé ce texte vigoureux, à défaut de le trouver parfaitement juste”, affirme l’actrice, qui rappelle cependant à ceux qui lui ont reproché “de ne pas être féministe” son engagement en faveur de l’avortement et sa participation au manifeste “Je me suis fait avorter” de Simone de Beauvoir.
Et de présenter ses excuses à “toutes les victimes d’actes odieux qui ont pu se sentir agressées par cette tribune parue dans le Monde (…) à elles et à elles seules.”
L’actrice prend également ses distances avec certaines des co-signataires du texte, et notamment Brigitte Lahaie, qui en déclarant qu’on “pouvait jouir d’un viol”, s’était déjà attirée les foudres des rédactrices du texte. “Dire sur une chaîne de télé qu’on peut jouir lors d’un viol est pire qu’un crachat au visage de toutes celles qui ont subi ce crime. (…) Quand on paraphe un manifeste qui engage d’autres personnes, on se tient, on évite de les embarquer dans sa propre incontinence verbale. C’est indigne”, a condamné Catherine Deneuve.
“Non, je n’aime pas ces effets de meute”
Pour autant, l’actrice oscarisée reste sur ses positions concernant l’utilisation des hashtags #Metoo et #balancetonporc, par le biais desquels se sont faites de nombreuses révélations et accusations.
“Je n’aime pas cette caractéristique de notre époque où chacun se sent le droit de juger, d’arbitrer, de condamner. Une époque où de simples dénonciations sur réseaux sociaux engendrent punition, démission, et parfois et souvent lynchage médiatique”, écrit l’actrice qui évoque sans le nommer le cas de Kevin Spacey. “Qui peut m’assurer qu’il n’y aura pas de manipulation ou de coup bas ? Qu’il n’y aura pas de suicides d’innocents?”
Elle s’inquiète également de “la censure” que pourrait engendrer de tels mouvements dans le monde de l’art. “Va-t-on brûler Sade en Pléiade? Désigner Léonard de Vinci comme un artiste pédophile et effacer ses toiles? Décrocher les Gauguin des musées?”. Une question récurrente dans le milieu artistique, et qui s’est notamment posée lors de la sortie du film “Gauguin-Voyage de Tahiti” en septembre 2017.
Si elle “n’excuse rien” des actes des agresseurs sexuels, Catherine Deneuve dit “croire en la justice” et également en l’éducation des générations futures. “Le piège se referme lorsqu’il devient impossible de dire non sans risquer son emploi, ou de subir humiliations et sarcasmes dégradants. Je crois donc que la solution viendra de l’éducation de nos garçons comme de nos filles. Mais aussi éventuellement de protocoles dans les entreprises, qui induisent que s’il y a harcèlement, des poursuites soient immédiatement engagées.”