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3 raisons pour lesquelles un ministère des droits de l’Homme est indispensable à notre gouvernement

Patrick Martin-Genier 29/01/2018
Depuis quelques temps, les régimes autoritaires font florès ainsi que les arrestations arbitraires voire les meurtres politiques et la privation des droits démocratiques les plus élémentaires.

Rien que le week-end dernier, l’opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, déjà empêché de se présenter à l’élection présidentielle, a été arrêté par la police lors d’une manifestation. L’ancien espoir de la politique russe, Boris Nemtsov, avait déjà été assassiné en 2015 ainsi d’ailleurs que plusieurs journalistes.
Le drame du Venezuela
La semaine dernière encore, Nicolás Maduro, le président du Venezuela, a décidé de se représenter à l’élection présidentielle anticipée prévue pour le mois d’avril, non sans avoir éliminé auparavant l’opposition, de sorte que cette élection sera une immense farce au service de la dictature d’un homme qui se réclame du socialisme castriste et chaviste. Ce week-end, des centaines voire des milliers de citoyens vénézuéliens ont fuit qui vers le Brésil, qui vers la Colombie.
En Turquie, Recep Tayyip Erdoğan tisse de plus en plus le théâtre affligeant d’une dictature qui ne dit pas encore son nom. Pêle-mêle, enseignants, journalistes, hommes d’affaires, magistrats, députés, sont enfermés, limogés sans autre forme de procès.
En Birmanie, les Rohingyas musulmans font l’objet d’un nettoyage ethnique d’une cruauté que l’on n’avait pas rencontrée depuis longtemps, probablement depuis les meurtres ethniques dans l’ex-Yougoslavie au lendemain du démembrement de cet Etat.
Les droits de l’Homme foulés au pied partout
Ces quatre exemples, montrent hélas que les droits de l’Homme, sont menacés partout dans le monde alors que l’on aurait pu croire à l’émergence d’une nouvelle culture démocratique dans une ère postmoderne. Il n’en est rien.
Même en Europe, certains pays rejettent, au quotidien les stipulations de la Convention européenne des droits de l’homme ou portent atteinte à l’Etat de droit, en attaquant les journalistes, en abaissant les fonctions de juge, en instrumentant les migrants pour en tirer bénéfice sur le plan électoral, enfin en développant une rhétorique raciste que l’on croyait oubliée depuis longtemps.
Face à cette problématique, tous les États ne réagissent pas de la même façon. Sous l’empire de la realpolitik, on réfère passer sous silence la violation des droits de l’homme au profit du « business as usual » comme disent les anglais. Par peur de passer à côté de contrats juteux qui, il faut le dire, apportent des centaines d’emploi à l’État concerné, on passe sous silence les choses les plus inacceptables.
Encore cette semaine, Angela Merkel semble s’être offusquée de ce que le président turc Erdoğan utilise du matériel militaire allemand pour éliminer tous les kurdes sans distinction. II eut fallu y penser avant. Quand on vend des armes, il ne faut pas s’attendre à ce que l’on les garde des comme des objets de musée ou de collection. Les armes sont faites pout tuer et, en l’espèce, pas uniquement des terroristes.
Quand les dirigeants vont en Chine, la seule chose qui intéresse les gouvernements est aussi de conclure des contrats, dans un pays où, comme aurait dit une ancienne ministre française de façon imprudente, la justice est plus efficace qu’en France. En effet, la peine de mort y est décidée et appliquée de façon on ne peut plus expéditive comme on l’a vu encore récemment où à la suite d’un procès en plain air expédié rapidement, les condamnés ont été fusillés dans la foulée.
Les droits de l’Homme, composante à part entière de la diplomatie
C’est pourquoi, dans un contexte où les peuples ont soif de liberté, il devient urgent de porter une attention bien plus importante sur cet enjeu du respect des droits de l’Homme.
Il faut, sur ce point, se féliciter de la position de la France, sous l’égide d’Emmanuel Macron, sur la violation des droits de l’homme en Turquie, position exprimée devant Erdoğan lors de la visite de ce dernier à l’Elysée. De même, c’est avec courage qu’Emmanuel Macron a réagi la semaine dernière au drame que vit aujourd’hui le peuple vénézuélien.
La France, patrie des droits de l’homme pourrait donc aller plus loin et montrer encore une fois l’exemple dans le monde, en créant un ministère des droits de l’Homme à part entière.
Sous la V°république, un tel secrétariat d’Etat ou ministère n’a été créé qu’à trois reprises. Il s’agissait en dernier lieu de Rama Yade sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Cette expérience n’a jamais été concluante jusqu’à présent pour différentes raisons. Aujourd’hui, les enjeux sont différents et le sujet est devenu une préoccupation mondiale des peuples.
La France se grandirait et montrerait l’exemple en tentant une nouvelle expérience de ce type.