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Saillans, laboratoire de la démocratie rurale, cherche à amplifier sa révolution participative

10 Février 2017


Dans ce village de Drôme, un quart des adultes participe à la politique locale et à la gestion municipale à travers des commissions et des groupes de travail. La municipalité, remportée en 2014 par une liste citoyenne, veut continuer à élargir le cercle des personnes concernées et, malgré les réticences, associer les habitants aux dossiers les plus ardus, comme le budget ou le Plan local d’urbanisme. Un difficile travail d’éducation populaire. Un reportage de L’Âge de Faire.

Cet article a initialement été publié dans le journal L’âge de faire (voir en dessous de l’article)

À Saillans, le Café des sports est incontournable : c’est le seul établissement ouvert chaque jour, à toute heure et en toute saison, dans ce village coincé entre les montagnes et la Drôme qui lui mouille les pieds. Les journalistes y sont envoyés lorsqu’ils veulent des avis critiques sur la gestion municipale de ce laboratoire d’une démocratie plus participative. Parmi les clients, il y aura toujours quelqu’un pour se plaindre des nombreuses réunions « faites pour ceux qui ne travaillent pas », des places de parking supprimées ou du fait « qu’on ne sait pas qui commande »… L’affluence des médias, intrigués par le fonctionnement atypique de la liste qui a remporté les élections municipales de 2014, a suscité de l’agacement dans ce bourg de 1 200 habitants, en donnant l’impression que les élus étaient plus efficaces pour communiquer que pour agir, et en confrontant presque systématiquement « les pour » et « les contre ».

« Le politique, c’est l’habitant, pas l’élu »

Quand je lui demande ce qu’il pense de tout ça, Laurent Bernard, l’un des deux patrons du bar, évite soigneusement le piège du manichéisme. Certes, il regrette que le conseil municipal soit « devenu politique ». Est-ce mal de faire de la politique ? « Oui. La politique, ce sont les pourris qui nous gouvernent », dit-il en levant le menton en direction du ciel… ou du sommet de l’État, là-bas, très loin. Cette définition est à mille lieux de celle de Tristan Rechid, qui a formé les élus de Saillans aux méthodes de l’éducation populaire : « Le politique, c’est l’habitant, pas l’élu. L’élu est un représentant qui anime le processus. » N’empêche. Le conseil des sages, auquel appartient Tristan et qui accompagne l’action municipale, ira bientôt à la rencontre des habitants dans différents lieux publics, dont le Café des sports. Laurent Bernard en est plutôt content. « Ici, c’est ouvert à tous. »