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Comprendre la situation du Proche Orient aujourd’hui. D’une guerre mondiale à l’autre (1/ 3)

16 Janvier 2017


Pour comprendre la situation du Proche-Orient d’aujourd’hui, il est nécessaire de revenir sur un siècle d’histoire. Il faut en effet remonter aux lendemains de la Première Guerre Mondiale pour voir se mettre en place une grande partie des données géopolitiques qui expliquent la multiplicité et l’enchevêtrement des conflits actuels. Une chose est sûre, si les grandes puissances ont longtemps influé de façon décisive sur le cours des évènements, les acteurs régionaux et locaux sont allés en s’affirmant de façon grandissante tout au long du siècle. Après la domination de la Grande Bretagne et de la France durant l’entre-deux-guerres, les deux superpuissances de la guerre froide prennent le relais. Après la chute du Mur de Berlin s’ouvre la phase de l’omnipotence étatsunienne remise en cause après le 11 septembre 2001. L’ère de la globalisation voit les puissances régionales élargir de façon croissante leur autonomie voire leur indépendance d’action, leur influence, et s’exacerber les rivalités entre elles. Tentons d’y voir un peu plus clair.

Depuis le XVIème siècle le Proche-Orient arabe est inclus dans l’empire ottoman. Cet empire multiethnique et multiconfessionnel est dirigé par la dynastie turque des Osmanlis et centré sur la capitale Istanbul. Les souverains ottomans, les sultans, portent aussi le titre de Califes c’est-à dire de chefs religieux de l’islam sunnite. Ils contrôlent les lieux saints de La Mecque et Médine. A l’Est, ils se heurtent à leurs grands rivaux, les Shah de Perse, champions de l’Islam chiite. Depuis le XIXème siècle, le Moyen-Orient est en proie à la lutte d’influence entre les puissances impérialistes européennes. La Grande-Bretagne, La Russie, La France puis plus tardivement l’Allemagne rivalisent en termes d’ingérence politique, économique, culturelle voire militaire. L’Egypte est déjà sous protectorat britannique depuis 1882. Le Golfe arabo-persique est mis sous contrôle par la Grande-Bretagne à la fin du siècle. Les investissements financiers occidentaux se multiplient dans l’empire ottoman. On commence à exploiter le pétrole en Perse en 1908. C’est dans ce contexte qu’éclate la première Guerre Moniales, fruit des rivalités entre impérialismes européens.

En novembre 1914, le gouvernement d’Istanbul se range derrière l’empire allemand. Il affronte durant le conflit les armées russes dans le Caucase et les troupes britanniques en Palestine et en Mésopotamie (Irak). Allié de l’Allemagne pendant le conflit, ce dernier est dans le camp des vaincus en 1918. Les états actuels du Proche-Orient, les pays arabes, la Turquie, Israël, sont issus en grande partie de la décomposition de l’empire ottoman à la fin de la première guerre mondiale. Les vainqueurs, Britanniques et français redessinent la carte de la région en fonction de leurs intérêts. Les vœux des populations concernées ne sont bien sûr pas pris en compte. Les puissances mandataires tracent les frontières, choisissent les gouvernants, comme le font les britanniques en Irak et en Jordanie, ou administrent directement à l’instar des Français en Syrie et au Liban ou des Britanniques en Palestine. En 1922, La SDN (Société des Nations, ancêtre des Nations Unies) confie à la Grande Bretagne et à la France des « mandats » sur les anciennes provinces arabes de l’empire ottoman. Censés conduire ces territoires à l’indépendance, les puissances mandataires les traitent comme des colonies. C’est ainsi qu’apparaissent, sous forme de territoires alors sous tutelle, les 4 états qui composeront le Proche-Orient arabe jusqu’à nos jours : Irak, Syrie, Jordanie, Liban, auquel s’ajoute celui de la Palestine/Israël.

Le territoire de la Palestine est de surcroît ouvert par l’occupant anglais à la colonisation juive venue d’Europe et organisée par le mouvement sioniste*. Le projet sioniste apparaît tel un Janus à double face dés lors que le choix de la Palestine est décidé : s’il se veut un mouvement de libération nationale pour les populations ashkénazes d’Europe, il ne peut qu’apparaître que comme un projet colonial pour les populations arabes vivant en Palestine. La colonisation juive de la Palestine, commencée par des achats de terres dés les années 1880, reçoit une impulsion décisive lorsque, en pleine Première Guerre Mondiale, le gouvernement britannique publie la déclaration Balfour dans laquelle il se déclare favorable à l’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine.