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Une objection au discours du 8 Mai du président allemand

Egon Krenz 12/05/2020
La dernière grande bataille de la Seconde Guerre mondiale en Europe s’est déroulée à Berlin. Les troupes soviétiques ont hissé la bannière de la victoire sur le Reichstag. D’innombrables soldats de l’Armée rouge ont dû mourir à la dernière minute. 75 ans plus tard, à proximité géographique de ce site historique, le président fédéral a prononcé un discours qui, à mon grand dam, ne visait que la politique du souvenir de l’ancienne République fédérale.

Tradotto da Fausto Giudice
Tous ceux qui s’attendaient à ce qu’il rende au moins hommage à la contribution de l’armée soviétique à la libération de la capitale allemande ont été déçus. Avec 27 millions de morts, la patrie de l’Armée rouge avait subi les plus grosses pertes de la guerre. Aucun pays au monde n’a déploré plus de victimes que l’Union soviétique.
Au-delà de toutes les barrières idéologiques, ces faits doivent rester reconnus et honorés. Le fait que le président fédéral n’en ait pas fait mention dans son discours était, à mon avis, au moins une erreur. L’objection selon laquelle le rôle des autres puissances dans la coalition anti-hitlérienne n’a pas non plus été mentionné n’est pas un argument, mais une autre erreur. 
Bien que je n’eusse que huit ans à la fin de la guerre, cela est resté dans ma mémoire : Après 1945, le « plus jamais ça » que le président allemand a évoqué n’a pas été un appel aux consciences venant des zones occidentales. Cet appel nous est parvenu de Buchenwald et est devenu une maxime pour la vie : « Plus jamais de guerre et de fascisme ».
Lorsque le président fédéral von Weizsäcker a parlé du « Jour de la Libération » en 1985, aussi courageusement qu’historiquement conscient, il existait déjà en RDA depuis 35 ans en tant que jour de célébration et de commémoration officiel. La question n’est pas de savoir s’il avait été « décrété » ou non. Les Alliés avaient déjà décrété l’antifascisme pour le peuple allemand dans l’Accord de Potsdam. D’année en année, il s’est de plus en plus intériorisé dans l’attitude face à la vie de nombreux Allemands de l’Est. 
Il aurait fallu que le président fédéral Steinmeier se souvienne non seulement de la politique de mémoire de l’ancienne République fédérale, mais aussi de celle de la RDA, qui devait s’inscrire dans l’histoire nationale allemande après 1990. Quiconque a observé, cette année encore, les 8 et 9 mai, combien de familles d’Allemagne de l’Est ont visité les mémoriaux des libérateurs et commémoré les morts, devra l’admettre : Les bonnes habitudes ne se perdent pas. Le fait que ce n’étaient pas seulement des personnes âgées, mais aussi un nombre impressionnant de jeunes qui ont déposé des fleurs, renforce mon espoir : on continuera à se souvenir des libérateurs à l’avenir.