AMNESTY INTERNATIONAL : COMMENT ISRAËL MET EN DANGER LES DROITS DES SOUDANAIS
Par Europalestine,
8/2/2021, Amnesty International apporte les preuves que l’entreprise
israélienne, Verint Systems Ltd., a fourni au gouvernement soudanais des
moyens d’interception des communications, malgré le risque élevé que ces moyens
contribuent à des violations des droits humains.
« Le Service
national de la sûreté (NSS) du Soudan du Sud recourt à
une surveillance abusive pour terroriser les journalistes,
les militant.es et les personnes qui critiquent
les autorités, créant un climat de peur intense et d’autocensure, indique
Amnesty International dans un nouveau rapport. Intitulé « These Walls have
Ears – The Chilling Effect fo Surveillance in South Sudan » (Ces murs ont
des oreilles – L’effet glaçant de la surveillance au Soudan du Sud).
« La
surveillance incontrôlée et illégale exercée par le NSS a un effet dissuasif
sur la société civile et le militantisme pacifique. La menace de surveillance
est une arme en soi – des personnes critiques à l’égard du gouvernement et des
défenseur.es des droits humains nous ont dit vivre constamment dans la crainte
d’être espionnés », a déclaré Deprose Muchena, directeur du programme
Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnesty International.
« Pourtant,
nombre de militant.es sud-soudanais courageux continuent à défendre leurs
droits et ceux d’autrui, bravant la surveillance, les tentatives d’intimidation
et les actes de harcèlement. Il est temps que les autorités sud-soudanaises
mettent fin aux pratiques illégales du NSS et permettent aux gens d’exercer
leur droit à la liberté d’expression sans craindre des représailles. »
Depuis
juillet 2011, la liberté d’expression a été fortement restreinte, et le
pays est considéré par la Commission des Nations unies sur les droits de
l’homme au Soudan comme l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les
journalistes. Le gouvernement, essentiellement par le biais du NSS, recourt à
des actes d’intimidation et de harcèlement, des arrestations arbitraires, des
détentions prolongées, des actes de torture et d’autres mauvais traitements,
des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires pour réduire au
silence les personnes qui le critiquent, les défenseur.es des droits humains et
les journalistes.
Infiltration
Le NSS
déploie des agents un peu partout au Soudan du Sud et dans les pays voisins,
s’infiltrant à tous les niveaux de la société et dans la vie quotidienne. Il
est obligatoire d’obtenir l’autorisation du NSS pour organiser des événements
publics, ce qui étouffe la liberté de parole. Selon des informations crédibles
et cohérentes émanant de nombreuses sources, des agents de renseignement ont
infiltré les ONG, les médias, les sociétés de sécurité privée et les hôtels.
Des
agents du NSS ont également mentionné le contenu de conversations téléphoniques
lors d’interrogatoires, et des enregistrements semblent avoir servi de base à
des arrestations arbitraires.
Le NSS
ne peut probablement surveiller les communications qu’avec la collaboration des
prestataires de services de télécommunication. Un ancien employé de Vivacell,
une entreprise de télécommunications qui a exercé des activités au Soudan du
Sud jusqu’en mars 2018, a dit à Amnesty International que le NSS avait
directement accès à tous les fournisseurs de services de télécommunication du
pays par l’intermédiaire de moyens de surveillance provenant d’Israël et qui, à
leur avis, relevaient de la catégorie des technologies à double usage.
Un
ancien employé de l’entreprise de télécommunications MTN South Sudan a dit à
Amnesty International que le NSS, en 2013, via une société israélienne, avait
installé un « boîtier » dans son entreprise. L’installation de
« boîtiers » pourrait être le moyen utilisé par les autorités, y compris
par le NSS, pour obtenir un accès direct aux données des prestataires de
services.
L’ancien
employé de Vivacell explique que le gouvernement sud-soudanais demandait à
toutes les entreprises de télécommunication menant des activités au Soudan du
Sud de payer Verint Systems Ltd, la filiale israélienne de la société
américaine Verint Systems Inc., pour l’installation de cet équipement et une
prestation annuelle de services.
Amnesty
International a écrit à toutes les entreprises concernées au sujet de ces
conclusions et n’a reçu de réponse que de MTN Group, qui a indiqué que les
autorités et la législation sud-soudanaises exigeaient des entreprises de
télécommunications qu’elles « répondent aux besoins d’interception
légale » et a expliqué que MTN ne gérait pas ce système.
Amnesty
International appelle les autorités sud-soudanaises à mettre fin au recours à
la surveillance jusqu’à ce qu’un cadre réglementaire de protection des droits
humains adapté ait été mis en place, et à ordonner de toute urgence l’ouverture
d’enquêtes indépendantes sur les cas de surveillance illégale et autres
violations des droits humains afin que les responsables présumés de ces
agissements soient amenés à rendre des comptes.
Vive
les technologies d’espionnage israéliennes !