Israël cherche à profiter de la pandémie de coronavirus pour étendre l’exportation de ses systèmes de surveillance
Yaniv Kubovich 14/05/2020 |
Un appel d’offres du ministère de la Défense israélien demande aux entreprises civiles de fournir des informations sur les besoins de sécurité – dont les systèmes de suivi des civils – de « tous les pays du monde », à l’exception de l’Iran, de la Syrie et du Liban.
Tradotto da Fausto Giudice
Le ministère de la Défense israélien cherche à développer ses exportations de matériel dit « de défense » à la suite de la crise du coronavirus, notamment les systèmes permettant de suivre les civils. La Direction de la coopération internationale en matière de défense (SIBAT) du ministère a publié un appel à propositions auprès d’entreprises civiles afin de fournir des renseignements commerciaux concernant l’exportation vers « tous les pays du monde, à l’exception des États avec lesquels le commerce est interdit (Iran, Liban, Syrie) ».
Une partie importante des demandes de l’appel à propositions concerne les besoins de sécurité publique de divers pays. Des sources du secteur de la défense estiment que les exportations destinées aux besoins de sécurité intérieure occuperont une part plus importante du commerce de défense à l’avenir, car la crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus dans de nombreux pays pourrait entraîner des protestations généralisées, ce qui pourrait déstabiliser certains régimes.
Les entreprises qui feront des offres devront fournir des informations sur les besoins des pays cibles en matière de mesures biométriques, de systèmes de suivi des personnes et des véhicules et de systèmes de reconnaissance faciale, ainsi que de systèmes de reconnaissance des voix, des images, des plaques d’immatriculation, de mesures de géolocalisation cellulaire, de systèmes de renseignement cybersécuritaires et de logiciels de blocage ou d’interception des informations en ligne.
Outre les marchés de sécurité intérieure, le ministère de la Défense recherche également des informations sur l’utilisation et les besoins des pays en matière de chars, de missiles antichars, d’artillerie et de systèmes de défense aérienne, d’avions, d’hélicoptères et de navires de guerre ainsi que de systèmes de missiles, de simulateurs et de dispositifs de guerre électronique pour les véhicules aériens et les navires de guerre.
Les entreprises qui soumissionnent pour le projet doivent également fournir des informations qui seront utilisées par les industries de défense israéliennes pour promouvoir les exportations. En plus d’analyser les besoins de sécurité des pays cibles, elles sont chargées de créer des « fiches pays » qui seront mises à jour plusieurs fois par an. Ces dossiers contiendront des informations générales sur chaque État, les personnalités qui y sont présentes, son système politique et ses relations étrangères, ainsi qu’un aperçu des menaces externes et internes et des données économiques, notamment des informations sur son budget de défense et sa politique d’acquisition de matériel de défense.
Le projet demande des informations sur tous les pays sauf ceux qu’Israël désigne comme des États ennemis, et il semble que le ministère de la défense vise les États asiatiques comme principal canal d’expansion des exportations israéliennes. Les entreprises qui font des offres sont invitées à donner un aperçu de la demande de ces pays en « drones tactiques » et « systèmes navals ». Hormis l’exclusion de l’Iran, du Liban et de la Syrie, avec lesquels la loi israélienne interdit le commerce, l’appel d’offres ne fait aucune référence à d’autres pays qui pourraient poser des problèmes en termes de commerce d’équipements de défense ou du fait de la manière dont ces équipements peuvent être utilisés.
Le ministère de la Défense a répondu qu’il « considère les industries de défense et les exportations de sécurité comme l’un des principaux leviers de croissance du marché israélien. La Direction de la coopération internationale en matière de défense soutient et assiste les exportateurs de matériel de défense … tout au long de l’année, et aussi maintenant, suite à la crise du coronavirus. Cela est conditionné à leur respect de la politique de contrôle des exportations de défense ». Elle a ajouté qu’elle fournit « des informations et des renseignements commerciaux dans les domaines liés aux exportations de défense » depuis de nombreuses années.
Le ministère a déclaré que l’appel d’offres est publié maintenant parce que le contrat de son fournisseur actuel va bientôt se terminer, et a souligné que « cette procédure n’a rien à voir avec la crise du coronavirus » [ben voyons].