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« L’acier ne vaut pas la vie d’un enfant » : des milliers de personnes marchent à Tarente en souvenir des victimes de la pollution industrielle

Gino Martina 28/02/2020
La manifestation a été ouverte par une forêt de croix. L’initiative organisée par les parents de Tarente a été rejointe par des associations, des ordres professionnels et des clubs sportifs.

Tradotto da Fausto Giudice
« Tout l’acier du monde ne vaut pas la vie d’un seul enfant » : écrite en rouge et bleu sur un tissu blanc, la banderole tenue par les plus jeunes membres des clubs sportifs de basket et de baskin (le basket inclusif joué ensemble par des personnes valides et handicapées), a ouvert la marche aux flambeaux pour les victimes de la pollution de Tarente. Derrière des dizaines de croix, des affiches, des photos de ceux qui ne sont plus là avec la phrase « Je devais vivre », et des milliers de personnes défilant en silence. Des pères et des mères qui ont perdu leurs enfants, des garçons qui ont vu leurs amis ou leurs proches tomber malades, des enseignants ou des entraîneurs de clubs sportifs, en mémoire d’élèves et d’étudiants disparus. Et de nombreux citoyens, appelés à la participation civique pour revendiquer le droit à la santé.
Devant la banderole des enfants, en tête de cortège, précisément ce droit inscrit dans la Constitution, représenté par une femme portant le grand livre de la loi et montrant le texte de l’article 32 à bras ouverts. Une Constitution avec un bâillon sur la bouche, pour signifier le déni de ce droit dans la ville de la grande industrie polluante.
Commémoration, dénonciation et espoir sont les mots avec lesquels la ville est à nouveau descendue dans la rue. L’événement lancé par Parents de Tarente a vu la participation de plus de 30 associations, associations professionnelles, dont l’association nationale des biologistes, et clubs sportifs, également du reste de la région et de la Basilicate. Une initiative qui, ces derniers jours, a permis de recueillir des messages de solidarité de toute l’Italie, y compris de personnalités du sport, de la culture et du divertissement. Il y avait aussi celles des Tarentines célèbres, comme Benedetta Pilato, la jeune championne de natation, et les chanteuses Mietta et Mariella Nava.
Le cortège est parti de la Piazza Immacolata, au cœur de la ville, et a traversé toute la Via D’Aquino jusqu’à la Piazza Garibaldi, où trois moments se sont alternés. L’histoire, comme celles d’Antonella Massaro, la mère de Myriam, une petite fille qui est morte il y a douze ans alors qu’elle n’avait que cinq ans. Et de Valerio Cecinati, chef du service de pédiatrie de l’hôpital Santissima Annunziata, où se trouve le service d’oncohématologie, ouvert grâce à la campagne de collecte de fonds des citoyens promue par la journaliste de Le Iene, Nadia Toffa.
Cecinati a souligné le sérieux des données de l’Institut supérieur de la santé qui marquent l’augmentation des maladies infantiles et la solidarité de ceux qui ont contribué à l’ouverture du département dans lequel il opère. « Je suis ici au nom de mes petits patients et de leurs parents, qui ne peuvent pas participer, et parce que la santé passe avant tout », a rappelé le médecin. Puis le moment de la dénonciation, avec l’intervention entre autres d’Alessandro Marescotti, président de Peacelink : « Chaque jour à Tarente, trois personnes découvrent qu’elles ont un cancer ». Et de Giuseppe Di Bello, lieutenant de la police provinciale de Potenza, qui en 2010 a signalé aux autorités les anomalies à l’intérieur du réservoir lucanien de Pertusillo, d’où l’eau est fournie aux Pouilles et à la Basilicate. Anomalies qu’il lie à l’extraction et à la fuite de pétrole du Val d’Agri.
Enfin, le moment d’espoir, avec les écoliers, qui se sont souvenus des raisons pour lesquelles ils veulent rester et vivre à Tarente pour incarner son avenir. Alternant avec les témoignages, des artistes, la musique du groupe d’auteurs-compositeurs Le3corde, qui a également chanté la chanson Di sana e robusta Costituzione, et le violoniste Francesco Greco, ainsi que l’intervention de l’actrice Giulia Gallo. Étaient également présents, entre autres, des représentants de La Case delle donne del Mediterraneo (Maison des femmes de la Méditerranée) et du comité citoyen Fibronit de Bari. Depuis la Piazza della Repubblica, à Florence, un groupe de citoyens toscans a exprimé sa « solidarité globale » et s’est connecté en direct par vidéo avec la place de Tarente.
Le proverbial « Vous pensiez nous avoir enterrés mais ne saviez pas que nous étions des graines » se lit sur une autre banderole énorme, vert sur blanc, au milieu du cortège. « Rien à cirer du coronavirus – c’est écrit sur une pancarte rose – c’est l’ILVA qui écrit nos épitaphes ». Il y a aussi beaucoup de pancartes d’ écoliers, invoquant une ville belle et meilleure. « Une ville à indemniser », comme le réclame une autre pancarte en tête de la marche aux flambeaux.
NdT
L’ILVA, énorme aciérie de Tarente, récemment rachetée par MITTAL, qui a annoncé qu’il se retirait, avait été fermée sur ordre de la justice pour la pollution provoquée pendant des décennies, source de nombreux cancers et leucémies.
La FRIBRONIT était une produisant du ciment à l’amiante de Bari, fermée en 1985 après 50 ans de fonctionnement, et dont le site, non encore entièrement dépollué, continue de provoquer une pollution grave. Elle a provoqué la mort de 700 personnes, dont 180 travailleurs, de mésothéliome