Les syndicalistes allemands contre le terrorisme néo-nazi : « Les médias bourgeois banalisent les meurtres »
Gitta Düperthal 22/02/2020 |
Il existe une scène de droite active à Hanau depuis des années – la confédération syndicale DGB a été la cible d’attaques à plusieurs reprises. Conversation avec Tobias Huth, secrétaire de la DGB Hesse du sud-est, Offenbach.
Tradotto da Fausto Giudice
Après le meurtre de dix personnes à Hanau dans la nuit de mercredi à jeudi, le Premier ministre de Hesse, Volker Bouffier, CDU, a déclaré dans une première réaction jeudi matin : « Que ce soit l’extrémisme de droite ou de gauche », tout cela est terrible. Comment évaluez-cela ?
Avec tout ce que l’on savait à ce moment-là sur l’auteur et son idéologie raciste, c’est absurde. L’équation absurde entre droite et gauche, que les partis bourgeois essaient toujours de réaliser, doit cesser. Surtout après les attentats d’extrême droite qui ont eu lieu en Hesse en 2019 : l’assassinat du président de région Walter Lübcke le 2 juin à Kassel et l’assassinat d’un Erythréen de 26 ans le 22 juillet à Wächtersbach. Le terrorisme de droite est un problème majeur en Hesse. Bouffier a déjà joué un rôle douteux dans le meurtre de Halit Yozgat par le NSU [groupe clandestin nazi] à Kassel au printemps 2006, en plaçant la protection des sources du Verfassungsschutz [Renseignements intérieurs] au-dessus de l’enquête sur le meurtre.
Après Hanau, les « experts » et des responsables politiques ont vite fait de répandrela fable de l’auteur solitaire, du criminel isolé [Einzeltäter]. Comme si la terreur brune venait de tomber du ciel…
Il y a un développement préoccupant et des parallèles avec la façon dont les actes du NSU ont été traités. Les médias bourgeois banalisent à nouveau. On parle actuellement de « meurtres de chicha », à l’époque on parlait de « meurtres de kebab ». Le discours dans notre société se déplace vers la droite. Ce qui était autrefois tabou est dit à nouveau dit : « Hitler et les nazis » ne sont qu’une fiente d’oiseau de l’histoire », comme l’a dit le président honoraire de l’AfD, Alexander Gauland. Les slogans des campagnes électorales de la CDU/CSU et de l’AfD convergent de plus en plus. Lorsque le ministre fédéral de l’intérieur Horst Seehofer, CSU, qualifie l’immigration de « mère de tous les problème », les gens peuvent se sentir appelés à s’exprimer de la même manière ou à passer des paroles aux actes.
Les syndicalistes de Hanau ont longtemps été menacés par les membres d’une scène de droite renforcée : courriels de menace, marches de la droite devant le siège du syndicat, et en juillet 2018, un syndicaliste a été étranglé et a perdu connaissance lors d’un rassemblement contre l’AfD. Comment cela affecte-t-il votre travail ?
Oui, il y a eu des attaques verbales et physiques contre les syndicalistes. L’attaque susmentionnée contre un membre du service d’ordre syndical a eu lieu Lors d’un rassemblement contre un show de la politicienne de l’AfD Beatrix von Storch,. Les autorités chargées de l’enquête ont abandonné l’affaire, et n’ont pas poursuivi l’enquête. Devant notre bâtiment syndical, il y a eu une « veillée » contre de prétendues « menées gauchistes ». L’objectif est apparemment de créer la peur chez les syndicalistes actifs qui luttent contre la droite et le racisme. On ne peut pas encore prévoir comment la terreur et les meurtres récents de l’extrême droite affecteront la société urbaine. Même s’il ne s’agissait que d’un criminel isolé, qui n’avait peut-être aucun réseau derrière lui, il faut s’interroger sur les pyromanes intellectuels.
Le chef de groupe de l’AfD en Hesse, Robert Lambrou, s’est dit « choqué » …
Il appartient à un parti dont la section de Hanau avait invité Andreas Kalbitz, l’un des principaux représentants de l’ « aile » völkisch. Kalbitz propage sans détours l’idée d’une insurrection violente. Alors, pourquoi ces larmes de crocodile ?
Que faut-il faire pour assécher le marais brun ?
Les grands problèmes sociopolitiques non résolus de notre pays riche créent un terreau propice à l’exclusion sociale et à d’autres solutions antidémocratiques proposées par les partis de droite et d’extrême droite. Nous devons lutter contre les bas salaires dans les entreprises, contre « Hartz IV » et les loyers excessivement élevés, et nous devons également travailler à une éducation politique démocratique.