Le piège de Thucydide
Jorge Majfud 03/01/2020 |
Au-delà des motivations électorales du président Trump, qui est impliqué dans un processus de destitution, avec le bombardement et l’assassinat inopiné de deux hauts fonctionnaires étrangers dans un pays étranger, les USA ont franchi une nouvelle étape dans leurs vieilles pratiques impérialistes mais se sont également rapprochés du « piège de Thucydide » sans que personne ne les y pousse.
Tradotto da Fausto Giudice
Ce qui est nouveau, c’est que ce schéma historique, découvert par l’historien grec il y a plus de 2 000 ans, exige qu’un empire en déclin croise un empire montant. Dans ce cas, la nouveauté est que le premier se met tout seul dans le piège, comme si l’empire montant n’était pas la Chine mais le reste du monde.
Bien sûr, la justification ne pouvait pas manquer, c’est un autre classique. Le secrétaire d’État Mike Pompeo a déclaré que l’assassinat avait empêché une attaque en cours. La crédibilité de ces porte-parole vaut autant que celle du président Trump ou de l’ancien président George Bush, lorsqu’il a tenté de justifier l’invasion de l’Irak.
Ou comme tant d’autres actions. Il suffit de mentionner la récente enquête de USA Today qui révèle les événements survenus en Afghanistan le 22 août 2008. Après l’attentat d’Azizabad, des responsables militaires usaméricains (dont Oliver North, condamné et gracié pour avoir menti dans le scandale Iran-Contra dans les années 1980) ont déclaré que tout s’était parfaitement déroulé, que le village les avait accueillis sous les applaudissements, qu’un dirigeant taliban avait été tué et que les dommages collatéraux avaient été minimes.
On n’informa pas que des dizaines de personnes, dont 60 enfants, avaient été tuées. Un détail.