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Une nouvelle étape de lutte pour éveiller les consciences Manifeste des nouvelles FARC-EP

FARC-EP 30/08/2019
Ce manifeste annonçant le retour au maquis de combattants des FARC-EP colombiennes, a été lu le 29 août par Iván Márquez, qui était entouré par Jesús Santrich et El Paisa, depuis les montagnes de Colombie.

Tradotto da Fausto Giudice
Tant qu’il y aura une volonté de se battre
il y aura un espoir de vaincre
Depuis l’Inírida qui caresse avec la tendresse de ses eaux fraîches la jungle amazonienne et de l’Orénoque, immergés dans le parfum du Vaupés, qui est un ananas mûr, nous annonçons au monde que le Second Marquetalia a commencé sous la protection du droit universel qui autorise tous les peuples du monde à se lever en armes contre l’oppression. C’est la poursuite de la lutte de guérilla en réponse à la trahison par l’État de l’Accord de paix de La Havane. C’est la marche de la Colombie humble, ignorée et méprisée vers la justice qui déferle sur les collines du futur. Ce sera la marche de la paix véritable, non trahie, déployant ses ailes d’aspirations populaires au-dessus de la perfidie de l’establishment. La rébellion n’est pas un drapeau défait ou vaincu ; c’est pourquoi nous poursuivons l’héritage de Manuel et Bolívar, en travaillant d’en bas et avec ceux d’en bas pour le changement politique et social.
Nous nous efforcerons de coordonner nos efforts avec la guérilla de l’ELN et avec les compañeros et les compañeras qui n’ont pas plié leur drapeau, qui veulent une patrie pour tous.
Cette insurrection ne renaît pas de ses cendres comme le phénix pour continuer à opérer dans les profondeurs de la jungle lointaine. Non. Elle volera à travers le cristal de ces distances brumeuses pour embrasser avec la force de l’amour, les rêves d’une vie digne et d’un bon gouvernement que les gens du commun désirent ardemment.
L’objectif n’est pas le soldat ou le policier, l’officier ou le sous-officier respectueux des intérêts populaires ; ce sera l’oligarchie, cette oligarchie qui exclut et corrompt, la mafieuse et violente qui croit pouvoir continuer à bloquer la porte de l’avenir du pays. 
L’État connaîtra une nouvelle modalité opérationnelle . Nous ne répondrons qu’à l’offensive. Nous ne continuerons pas à nous entretuer entre frères de classe pour qu’une oligarchie éhontée continue à manipuler notre destin et à s’enrichir, de plus en plus, au prix de la pauvreté publique et des dividendes de la guerre.
Au cours de la dernière étape du processus de paix qui s’est déroulé à La Havane, et dans le bref laps de temps d’un an qui a suivi l’accord, nous avons pu vérifier qu’il existe des militaires et des policiers qui aspirent à la paix en Colombie, autant que les gens du commun. Eux – qui sont des gens du peuple en uniforme – ont été touchés par les avantages de l’Accord et ils auraient aimé maintenant consacrer plus de temps à leur famille, étudier pour une carrière, mieux se préparer à la défense de la souveraineté et consacrer leurs armes au service du peuple. Nous savons qu’ils voudraient avoir assez de pouvoir pour arracher leurs épaulettes aux hauts gradés corrompus de l’institution. Ils ne veulent pas continuer à être utilisés par des politiciens fous pour déclencher de faux positifs, pour assassiner des leaders sociaux et des ex-combattants. Ils ne veulent plus être complices du paramilitarisme, des déplacements forcés, de la spoliation inhumaine de terres et d’une politique économique qui a fait des millions de victimes en Colombie. Ils sont révoltés d’être les seuls à devoir s’asseoir sur le banc des accusés alors que les dirigeants politiques qui ont donné les ordres contemplent avec indifférence le spectacle en toute impunité. Après l’Accord de paix de La Havane, la grande majorité se distancie de l’idée absurde d’être des spahis de Washington dans une guerre injuste contre le Venezuela.
Compatriotes et citoyens du monde, notre devise est : paix aux Colombiens, paix aux pays voisins, paix aux casernes qui ne dirigent pas leurs viseurs et leurs canons contre les communautés. Unité, unité, unité, unité… Mobilisation du mécontentement contre les mauvais gouvernants, et pour la construction d’un nouvel ordre social juste.
Nous annonçons notre renoncement total aux prélèvements financiers. Nous privilégierons le dialogue avec les hommes d’affaires, les éleveurs, les commerçants et les riches du pays, afin de rechercher ainsi comment ils pourront contribuer au progrès des communautés rurales et urbaines. La seule forme d’imposition valable sera – toujours pour le financement de la rébellion – celle appliquée aux activités économiques illégales et aux multinationales qui pillent nos richesses.
Nous allons entrer avec vous dans une lutte dure contre la corruption, l’impunité, contre les voleurs de l’État qui, comme des sangsues, sucent le sang et même l’âme du peuple.
Nous continuerons d’être les mêmes guérilleros qui protègent l’environnement, la jungle, les rivières, la faune que les Colombiens connaissent, et nous ne cesserons pas d’encourager l’effort mondial de la raison pour arrêter le changement climatique. Comptez sur notre farouche opposition à la fracturation hydraulique qui pollue nos eaux souterraines.
Nous voulons travailler avec tous les courants de la pensée humaniste pour construire la patrie de l’avenir. Nous autres Colombiens disposons de la carte de navigation du Libérateur (Simon Bolivar) pour marcher vers « … un gouvernement éminemment populaire, éminemment juste, éminemment moral, qui enchaîne l’oppression, l’anarchie et la culpabilité. Un gouvernement qui fasse régner l’innocence, l’humanité et la paix ». Pour cela, nous nous engagerons du fond du cœur et sans repos – comme le dit Marulanda – dans une lutte constante pour le changement, motivés par la grande cause de la paix avec justice sociale et souveraineté, pour un nouveau gouvernement alternatif qui sauve le pays de la crise générale.
Oui, notre objectif stratégique est la paix en Colombie avec justice sociale, démocratie, souveraineté et dignité. C’est notre drapeau, le drapeau du droit à la paix qui garantit la vie. La vie est le droit suprême. Aucun des droits fondamentaux n’est applicable s’il n’y a pas de vie. C’est pourquoi nous voulons la paix pour tous avec la nourriture, l’emploi, l’eau, le logement, la santé, l’éducation, les routes, le commerce, la connectivité, les loisirs et la démocratie la plus large. Ce n’est qu’ainsi que nous donnerons un sens à la vie. Unis, nous serons le flambeau de l’espoir, le pouvoir social transformateur qui peut rendre réel le sentiment le plus profond qui se niche dans le cœur humain.
La paix trahie
L’histoire de la Colombie est une histoire parsemée de trahisons d’accords et d’espoirs de paix.
En 1782, après avoir signé un accord avec la couronne espagnole qui promettait la fin de l’oppression, le guérillero comunero José Antonio Galán finit par être trahi, arrêté et démembré vivant. Les parties de son corps démembré ont été exposées à l’entrée de certains villages pour l’exemple, un moyen brutal de dissuader la rébellion.
Après la bataille de Boyacá – l’aurore de l’indépendance de Notre Amérique – la trahison s’est répandue comme un feu de paille, alimenté par une ambition débridée de richesse et de pouvoir. Et Santander était le chef de la trahison. Il a essayé par tous les moyens, de concert avec le gouvernement de Washington, d’assassiner le libérateur Simón Bolívar et de détruire son héritage ; il a décoré de la Croix du Boyacá les assassins du maréchal Antonio José de Sucre, qui avait vaincu avec ses soldats internationalistes l’oppression coloniale dans la pampa d’Ayacucho. Santander est le héros de l’oligarchie colombienne et il est son paradigme ; il n’est pas le héros du peuple.
Cette oligarchie de Santander a écourté la vie de Jorge Eliécer Gaitán, le caudillo aimé du peuple et qui était, pour le peuple, son espoir de rédemption. Son intransigeance n’a pas pardonné à Guadalupe Salcedo, chef de la guérilla libérale du Llano, qui s’est retrouvé criblé de balles dans la pacification des années 50, ni à Jacobo Prías Alape, porte-parole de la guérilla communiste dans les négociations de paix avec le gouvernement du Front National. En 1960, il a été assassiné par derrière dans la ville de Gaitania.
Le mouvement politique Union patriotique, issu du premier dialogue de paix entre le gouvernement et les FARC, a été exterminé par les balles. Plus de 5 000 militants et dirigeants de l’UP ont été tués. Toute une génération de révolutionnaires a été massacrée.
Après avoir signé l’accord de paix avec la guérilla du M-19 dans les années 1980, l’État a tué, un par un, ses principaux commandants, les camarades Iván Marino Ospina, Álvaro Fayad et Carlos Pizarro Leongómez.
Et déjà en 2011, un président de la République avait ordonné avec préméditation et trahison d’assassiner le commandant des FARC-EP Alfonso Cano avec lequel il avait depuis des mois des contacts exploratoires pour ouvrir des pourparlers de paix. Cette trahison a eu lieu après un bombardement de l’armée de l’air, avec la circonstance aggravante que le commandant insurgé avait été capturé et était sans aucune défense.
Depuis la signature de l’Accord de paix à La Havane et le désarmement naïf des guérilleros en échange de rien, le massacre n’a cessé. En deux ans, plus de 500 dirigeants du mouvement social ont été assassinés, et déjà 150 guérilleros ont été tués dans l’indifférence et l’indolence de l’ État.
Lorsque nous avons signé l’Accord de La Havane, nous l’avons fait avec la conviction qu’il était possible de changer la vie des humbles et des démunis. Mais l’État n’a même pas rempli la plus importante de ses obligations, qui est de garantir la vie de ses citoyens, et en particulier de prévenir les assassinats pour des raisons politiques. Tout cela : le piège, la trahison et la perfidie, la modification unilatérale du texte de l’Accord, le non-respect par l’État de ses engagements, les montages judiciaires et l’insécurité juridique nous ont contraints à retourner dans la montagne. Nous n’avons jamais été vaincus ou défaits idéologiquement. C’est pourquoi la lutte continue. L’histoire écrira dans ses pages que nous avons été contraints de reprendre les armes. Nous prétendons être les héritiers du legs de Manuel Marulanda Vélez. Nous sommes la continuation de cette épopée qui a commencé à Marquetalia en 1964.
L’ancien président Santos a juré avec la voix d’imposteur du prix Nobel de la paix qu’il ne changerait pas une seule virgule de ce qui avait été convenu, qu’il respecterait ce qui avait été signé de bonne foi et qu’il n’essaierait pas de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Mais il n’a même pas osé donner des titres de propriété sur les terres aux paysans qui y vivent depuis des décennies, ce qui était aussi simple que boire de l’eau. Tant le fonds foncier que la substitution volontaire des cultures illicites accompagnée de projets alternatifs et l’amélioration des conditions de vie dans les campagnes se sont perdus pour l’instant dans les oubliettes. Santos n’a rien fait pour empêcher l’enterrement au Congrès de la Réforme politique, sachant bien, comme tous les Colombiens, qu’aucune guérilla ne peut se désarmer si la participation politique de tous n’est pas pleinement garantie. Et pour couronner le tout, ils ont saboté les Circonscriptions électorales spéciales de paix conçues pour que les victimes des régions les plus touchées par le conflit puissent s’exprimer au Congrès de la République.
Ce sont là des questions clés de la paix. Aujourd’hui, son successeur à la Présidence de la République, Iván Duque, assure sans hésitation qu’il n’est pas contraint par ce qu’il n’a pas signé, ignorant ainsi que l’accord a été signé avec l’État et non avec un gouvernement.
Qui sont Duque et le Centre démocratique pour ignorer une obligation de l’État élevée au rang de norme constitutionnelle, qui est aujourd’hui Document officiel du Conseil de sécurité des Nations Unies et Accord spécial de l’article 3 des Conventions de Genève ? L’État qui ne respecte pas ses engagements ne mérite pas le respect de la communauté internationale, ni de son propre peuple.
Nous avons failli mettre fin par le dialogue au plus long conflit de l’hémisphère, mais nous avons échoué parce que l’establishment ne voulait pas respecter les principes qui régissent les négociations, le pacta sunt servanda (les conventions doivent être respectées) et la bonne foi. Ayant obtenu ce qu’ils voulaient, à savoir la remise des armes, ils ont sciemment brisé l’Accord de paix, déchirant – comme disent les uribistes – “ce maudit papier”.
Rétrospectivement, la première étape de la trahison a été la convocation d’un plébiscite inapproprié, car la paix étant un droit contre-majoritaire, il ne peut y avoir de consultation. Il semble que, plus que renforcer la paix, Santos voulait vaincre Uribe, exposant ainsi la réalisation la plus importante de la Colombie au cours des dernières décennies aux caprices du mensonge, de la politique et de la manipulation médiatique de l’uribisme.
L’Acte législatif 002 de 2017, qui oblige les institutions de l’État à respecter l’accord de paix, a été affaibli de manière incohérente même par la Cour constitutionnelle qui l’a approuvé. Si une partie du contenu de l’Accord n’était pas conforme aux normes constitutionnelles, il fallait le modifier pour qu’il n’entre pas en conflit avec les dispositions de l’Accord définitif, en respectant toujours les conventions internationales relatives aux droits humains et au droit international humanitaire.
Les modifications de cette Cour ont porté atteinte à l’Accord sur les victimes et la justice pour la paix, mis fin à l’autonomie de la JEP (juridiction spéciale pour la paix) en tant que juridiction suprême, modifié le régime de conditionnalité uniquement pour piéger les guérilleros, exclu les tiers impliqués dans le conflit et leur a accordé l’ impunité et étendu la compétence spéciale sur les présidents de la République à tous les juges constitutionnels. La Cour a également modifié la loi d’amnistie, ignorant les dispositions claires du Statut de Rome (de la CPI) concernant le recrutement des mineurs.
Cette Cour, qui avait jugé que l’Accord ne pouvait pas être modifié sous les trois gouvernements suivants, a fini par laisser les rênes aux législateurs de droite qui, par la procédure du fast track (ultrarapide), l’ont détruit sous prétexte de sa mise en œuvre normative. Nous nous demandons : où sur la planète un accord de paix solennellement signé par une guérilla et un État, applaudi par le monde entier, a-t-il été détruit unilatéralement de manière aussi infâme par des gens qui n’ont jamais été plénipotentiaires des parties ? Le procureur général, des membres du Congrès de droite de la faction politique d’Uribe et Duque et l’ambassade des USA ont ordonné la défaite inexcusable de la paix.
La prière de Jorge Eliécer Gaitán, dont nous nous souvenons lors de l’installation des dialogues de paix à Oslo, retrouve aujourd’hui, devant cette réalité, la plus écrasante validité : “Heureux ceux qui comprennent que les paroles de concorde et de paix ne doivent pas servir à cacher des sentiments de ressentiment et d’extermination ; malheureux ceux qui dans le gouvernement cachent derrière la bonté des paroles l’impiété vis-à-vis des hommes du peuple, car ils seront montrées du doigt de l’ignominie dans les pages de l’histoire”.
Pour les fils de Santander, c’est “d’abord la loi – en l’occurrence le droit pénal de l’ennemi – et que la République aille au diable” qui continue de valoir. C’est cette vision fondamentaliste qui a tué la paix.
Comment construire la paix sur ces ruines silencieuses ? Il faut commencer par quelque chose. Et ce doit être avec l’installation au Palais de Nariño d’un nouveau gouvernement placé là par une grande coalition de forces de vie, de justice sociale et de démocratie, qui appelle à un nouveau dialogue de paix. Un nouveau dialogue qui corrige et enchaîne la perfidie et la mauvaise foi, qui implique les forces de guérilla et tous les acteurs armés pour que nous puissions trouver une paix définitive, stable et durable, scellée par l’engagement collectif du Plus jamais ça. Un nouvel accord de paix sans autre assassinat de dirigeants sociaux et d’anciens guérilleros, dans lequel les armes sont véritablement retirées de la politique et placées loin de leur usage, et non rendues.
Plus de santandérisme
Si nous ne nous libérons pas de la malédiction de Santander, nous autres Colombiens n’aurons jamais la paix ni une patrie digne. Avec ce poids, il sera impossible de prendre son envol. Santander était un faux héros national et “l’archétype de la simulation : il n’avait pas de visage mais un masque”. “Ce n’était pas le paradigme de la Colombie, mais de sa destruction. Le santandérisme est “le triomphe du voyou sur l’honnête homme”. Un “sordido avocaillon qui aiguisait ses griffes au dos des traités de droit”, voilà ce qu’était Francisco de Paula Santander. Il a volé l’emprunt de 1824. Il était imbattable dans le domaine de la mesquinerie, c’est-à-dire, dans les élections, les copinages et coquinages, les calomnies, les suspicions, les intrigues, l’organisation de majorités au Congrès… ; il contrôlait le judiciaire et le législatif ; il manipulait la presse de Bogotá. Il avait prévu avec les USA de diviser et de démoraliser l’armée de libération, de saboter le Congrès amphictyonique du Panama (1826), de démembrer la Colombie, d’imposer son racisme, de tuer Bolívar et Sucre et d’abolir l’œuvre politique et législative bolivarienne. Et il a favorisé l’invasion de la Grande Colombie par le Pérou. Le Libérateur a dit à juste titre : “Quant à Santander, cet homme pervers n’a plus rien à faire, il touche tous les ressorts de l’intrigue, de la vilenie, et cette vilenie vise à me nuire et à former son parti… L’existence de ce monstre d’iniquité et de perfidie est un coup bas permanent contre le gouvernement, contre moi-même et contre la Colombie”.
Une nouvelle façon de faire de la politique
Du point de vue du devoir et de l’innocence, la politique est une manifestation élevée d’altruisme, qui pousse – loin de tout intérêt matériel individualiste – à servir les citoyens et la patrie, non pour l’or, la gloire ou la prédominance, mais pour l’amour pur et les sentiments humains, pour la dignité de la vie et pour la grandeur de la patrie.
Mais la politique en Colombie – à quelques exceptions honorables près – a cessé d’être une pratique louable pour devenir l’art du vol et de la tromperie accompagné d’une éloquence sonore et démagogique. La plupart des politiciens et de leurs pions incrustés dans les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ne pensent pas à servir, mais à s’enrichir. Chaque jour, ils inventent toujours plus de lois au profit des grandes entreprises, du capital et d’eux-mêmes, tout en gardant les gens loin, très loin de leur cœur. Les magistrats vénaux interprètent la loi qui est la loi de l’entonnoir : « le côté large pour eux et le côté étroit pour les autres ». La grande majorité de nos maux viennent de leurs lois absurdes. Le contrôle du Trésor public, la signature des contrats, les pots-de-vin juteux, sont les seuls objets de leurs ambitions. Et pour y parvenir, ils achètent tout : sièges, mairies, gouvernorats, présidences de la république, mais aussi des consciences affamées et sans lumière pour voter pour eux.
L’État a été pris en otage par des hors-la-loi et la mafia de la corruption et de l’impunité. Le sauver et le libérer est entre les mains de la mobilisation des consciences, de la nation en masse, du peuple uni. C’est la force qui peut le faire.
Le souverain a la parole
Oui. Nous devons relever cette république des décombres. Et cela ne peut être fait que par le peuple, qui est le véritable souverain. Au-dessus de lui, il n’y a que le ciel. Le mouvement social et politique colombien a la parole. Dans l’introduction de l’Accord définitif de La Havane, il y a un engagement qui a été suspendu dans le firmament gelé des violations et qu’il faut relancer : il s’agit de l’appel à toutes les parties, mouvements politiques et sociaux, et toutes les forces vives du pays à conclure un grand Accord Politique National visant à définir les réformes et ajustements institutionnels nécessaires pour relever les défis que la paix exige, mettant en mouvement un nouveau cadre de coexistence politique et sociale.
Le régime dominant, de politique néolibérale, de corruption et de guerre du pouvoir de classe actuel, nous a placés à une croisée de chemins : soit une recomposition s’ouvre à la suite d’un dialogue politique et de l’institutionnalisation des changements résultant d’un processus constituant ouvert, soit ces changements, tôt ou tard, seront conquis par le déclenchement du mécontentement d’un peuple entier en révolte.
Continuons à rechercher l’issue voie la plus concertée ; ouvrons toutes les voies d’approche ; analysons et rassemblons les multiples propositions et plates-formes élaborées à partir du camp populaire et des intellectuels critiques du pays et brodons avec eux un drapeau unique, pour marcher comme un processus constituant ouvert vers le dépassement de l’exclusion, de la misère et des énormes inégalités ; vers une démocratisation profonde de l’État, de la vie sociale, le rétablissement de la souveraineté, la recherche de l’influence sur les changements dans Notre Amérique et pour garantir le bien-être et le bien-être des citoyens. Il s’agit aussi de renforcer nos aspirations et de les porter à un nouveau niveau dans lequel une Assemblée constituante, suffisamment représentative et dotée de toutes les garanties d’action, donnera une impulsion définitive aux transformations structurelles que la Colombie exige.
Les jeunes, les femmes, les paysans, les paysans, les Noirs et les Indiens, les transporteurs, les syndicats, les partis politiques, les centrales syndicales, les chômeurs, les chrétiens et les croyants d’autres confessions, les écologistes, les sportifs, le mouvement communautaire, l’arc-en-ciel LGTBI, ceux qui rêvent de paix, nous tous et toutes devons unir nos forces pour atteindre l’objectif d’un pays nouveau, d’un ordre social nouveau, avec une économie au service de la nation, régie par les principes humanitaires qui stimulent la production intérieure et l’emploi. Ce quil suppose une éducation gratuite et de qualité à tous les niveaux, comme premier besoin de la République. Une politique de paix internationale qui reprenne l’idée de Bolívar de former dans cet hémisphère une Grande Nation de républiques sœurs qui garantisse notre indépendance et notre liberté. Un nouvel ordre qui, en proclamant la souveraineté nationale, interdit l’extradition des nationaux, le libre arbitre des multinationales et la présence de bases militaires étrangères sur le territoire.
Le pouvoir de transformation
L’unité du mouvement social et politique du pays avec ses drapeaux de vie digne exposés au vent est le pouvoir transformateur, le pouvoir du changement social dans la construction duquel nous devons nous engager.
La force du peuple réside dans l’UNITÉ, dans la minga nationale pour la dignité de la Colombie et de son peuple. Le pouvoir transformateur se nourrit de l’unité et de la force de toutes les consciences qui convergent de tous les points cardinaux où palpite l’aspiration à une nouvelle patrie. Nous ne devons pas nous laisser prendre au piège par les va-t-en-guerre et les tyrans.
Soyons un seul poing levé, pour un nouveau gouvernement, un gouvernement de transition. Assez de pareil au même. Prenons la barre de la Colombie et dirigeons-la sans perdre de temps vers les rivages de la dignité humaine. Nous sommes les plus nombreux. Appliquons la force de l’unité et de la raison pour amener au Palais de Nariño, un gouvernement aimant ses citoyens, respectueux de ses voisins, ennemi de la guerre, souverain et solidaire avec le peuple ; avec de nouvelles institutions intégrées par des personnes vertueuses, honnêtee, de mérite et de sentiments humains. Un gouvernement qui fasse le bonheur du peuple.
La lutte continue.
Avec Bolívar, avec Manuel, avec le peuple au pouvoir !
FARC, Armée populaire