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Aziza Brahim, la chanteuse sahraouie dont un concert à l’Institut du Monde Arabe a été annulé sur ordre de Rabat

Nadia Jiménez Castro 06/08/2019
L’artiste vit à Barcelone depuis 10 ans et sortira son cinquième album en 2019. Rabat a fait pression sur l’Institut du monde arabe pour empêcher le concert. Trois mois plus tard, la France reste silencieuse.

Tradotto da Fausto Giudice
Aziza Brahim est l’une des artistes les plus importants de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
En avril 2019, Aziza Brahim a fait l’objet d’une action de censure politique dans la capitale européenne des libertés, Paris, qui a permis à l’Institut du monde arabe, institution publique française, d’annuler sans préavis son concert dans la capitale française.
Les événements se sont produits il y a trois mois et il n’y a pas encore eu de réponse officielle. La France est silencieuse.
En avril, Aziza Brahim a accordé une interview au journal français Le Monde après le scandale de l’administration de l’Institut du monde arabe, pour la suspension du concert dans le cadre du festival Arabofoli, commercialisé sous le titre “Résistance”.
La chanteuse sahraouie, qui vit à Barcelone depuis 10 ans et qui présentera son cinquième album à l’automne 2019, a vu comment sa prestation devant le public français a été suspendue sous la pression des autorités marocaines.
L’Institut du Monde Arabe à Paris est financé par l’Etat français et plusieurs pays arabes, et avait officiellement invité l’artiste et militante sahraouie, afin que le Front Polisario soit également représenté au Festival.
Le Maroc a protesté de manière informelle et la performance a été annulée. Selon Le Monde, Aziza a déclaré : « Ce n’est un secret pour personne. Le concert a été annulé sous la pression de l’Ambassade du Maroc et des sponsors marocains. Je ne comprends pas pourquoi une institution publique en France, qui sait combien la liberté d’expression n’est pas respectée au Maroc, devrait céder à ce chantage ».
Selon Greg Connan (Dérapage Productions), l’agent de l’artiste en France, un portail d’information marocain, Le360, a alerté l’ambassade, qui à son tour a contacté Jack Lang, président de l’IMA. « Le programmeur m’a informé qu’ils avaient reçu un appel téléphonique insistant sur le fait qu’Aziza Brahim était un activiste du Front Polisario[mouvement pour la libération de la population sahraouie], ce qui est totalement faux », précise Connan. « Je leur ai parlé de sa carrière, de ses idées. Les programmeurs ont alors tenté en vain de sauver ce concert ».
Ainsi, tranquillement, alors que le pays de la Liberté, de l’Égalité, de la Fraternité s’apprêtait à célébrer la fête de la libération de toute l’Europe aux yeux du monde, la commémoration du 75e anniversaire du jour J, dans les jours suivants… faisait taire la voix d’un artiste (et avec elle, celle de tout un peuple).
Aziza se définit comme une “activiste sociale” par son art et sa musique.