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À vot’bon cœur, m’sieurs-dames : la famille impériale allemande réclame son “dû”

Ulrich Gellermann 30/07/2019
Pauvres Hohenzollern: d’abord leur plus célèbre ancêtre, l’empereur Guillaume II, a perdu la Première Guerre mondiale en tant que chef de guerre suprême, puis l’impériale famille a été forcée d’abdiquer par ses sujets, et voilà que maintenant la République fédérale et l’État du Brandebourg ne veulent même pas remettre sans tambours ni trompettes ses biens aux héritiers de l’Empereur: un scandale!

Tradotto da Fausto Giudice
On ne peut nier une certaine décence à la populace dirigeante : après tout, les représentants de la haute maison et du gouvernement avaient mené pendant des années des négociations secrètes sur la restitution des propriétés des Hohenzollern et avaient ainsi exclu d’un débat public une opinion plutôt indigne et sans qualifications pour cela. En fait, la roturière ministre d’État à la Culture, Grütters, a même annoncé que les négociations “sont menées dans le but de parvenir à une solution globale durable pour divers objets d’art et de collection”. Mais la valétudinaire famille impériale a-t-elle pu reprendre possession de son château du Cecilienhof ? Que nenni !
La famille impériale traîne encore, collée à ses basques, l’accusation de crimes de guerre que les puissances victorieuses de la Première Guerre mondiale avaient portée contre l’empereur presque innocent Wilhelm, uniquement parce que son armée avait utilisé des gaz toxiques et attaqué la Belgique neutre en 1914. Cette calomnie vindicative souille l’honneur de la famille impériale tant que sa fortune reste entre les mains des successeurs de la honteuse Révolution de novembre qui a conduit le brave Guillaume II à l’abdication. Bien que le brave ministre des Finances du Brandebourg, Christian Görke (Die Linke, Parti La Gauche), ait pu obtenir la reprise de la procédure immobilière devant le tribunal et même dire : « J’espère que cette situation malheureuse sera enfin définitivement clarifiée », la famille impériale a-t-elle déjà retrouvé ses terres et ses châteaux ? Non. La justice contemporaine ne veut pas non plus restituer le château de Rheinfels, près de St. Goar.
Georg Friedrich Ferdinand Prince de Prusse, le chef de la Maison Hohenzollern, doit gagner sa vie en vendant de la bière de la marque ” Preußens ” [de Prusse]. Il possède la paisible île des Princes à Plön et d’autres modestes samsuffit. Mais surtout, il fait partie du conseil d’administration du German-American Club, où il siège aux côtés de Richard Grenell, le Statthalter (gouverneur) de Trump à Berlin. Le journal BILD est aussi résolument du côté du pauvre héritier dans la bagarre sur la propriété : « Les nobles veulent récupérer des biens qui ont été construits par la noblesse… », écrit le journal. Construit de leurs mains ! C’est comme ça que ça se passe. Même la Fondation du patrimoine culturel prussien, qui a fait des bénéfices dans le sillage de la révolution de novembre (1918), est “tout à fait disposée à négocier”. Mais la Maison Hohenzollern n’ a pas pour autant récupéré ses biens, pour le moment.
Il faut enfin mettre un terme à la discrimination à l’encontre des héritiers de la fière histoire allemande. La première chose que l’Etat allemand devait faire serait de transférer les nombreux monuments du Kaiser Wilhelm et les terrains attenants aux Hohenzollern. Car là où est écrit Kaiser Wilhelm, c’est du Hohenzollern. L’ARD (télévision publique) devrait également payer aux acteurs aristocratiques du magnifique mariage de Georg Friedrich Prince de Prusse avec Sophie Princesse d’Isenburg, qui a été diffusé en direct pendant trois heures, des honoraires décents. Qu’est-ce qu’on n’a pas économisé là en frais de production ! Et comme de si belles photos ne sont sinon disponibles qu’en Angleterre, des frais de voyage considérables ont pu également être évités.
Comme toujours avec les questions fondamentales de la démocratie, le journal BILD a le dernier mot : « Le cri ‘Prenez les châteaux et les domaines de la noblesse’ résonne encore et encore. Ce cri doit finir de retentir : Il y a des milliers de familles, pas seulement des aristocrates, qui détiennent des fortunes à travers les des générations ». C’est exactement ça. D’abord ils volent les châteaux de la noblesse, puis les pavillons des ouvriers, et à la fin ils prennent les ponts au-dessus de la tête des SDF. On vous aura prévenus.