“Le droit au retour n’est ni dangereux, ni irréaliste”, par Ahmed Abu Artema
CAPJPO-EuroPalestine 16 mai 2019 |
“La Nakba n’est pas une simple commémoration. C’est une réalité de tous les jours. Nous pouvons accepter l’idée de devoir mourir un jour, mais à Gaza, la tragédie, c’est qu’on n’a pas la possibilité de vivre”, a écrit le journaliste et militant palestinien Ahmed Abu Artema, à propos des manifestations pour la levée du blocus et le droit au retour ce mercredi.
L’armée israélienne a blessé 47 Palestiniens par balles, à Gaza, à l’occasion de la journée du 15 mai, qui rappelle chaque année la Nakba, c’est à dire l’expulsion par Israël de 800.000 Palestiniens, le massacre de quelque 10.000 d’entre eux et la destruction de 531 villages, il y a 71 ans, pendant que le nouvel Etat répandait le mythe que la Palestine était “une terre dans peuple pour un peuple sans terre”..
Le droit au retour a été plus que jamais revendiqué à l’occasion de cette manifestation.
Droit au retour, qui est non seulement inscrit dans le droit international (résolution 194 de l’ONU), mais qui est parfaitement réalisable sans avoir à chasser qui que ce soit, malgré ce que prétend Israel, souligne Ahmed Abu Artema dans une interview à Al-Jazeera.
“Israel proclame qu’il y a une nouvelle réalité aujourd’hui, et que les droits de propriété des réfugiés palestiniens sur leurs maisons et leurs terres ont disparu au bout de 70 ans.
Mais tout comme un crime contre l’humanité reste un crime contre l’humanité après 70 ans, et de même que l’Etat d’Israel est un fait accompli, le droit au retour de plus de 6 millions de réfugiées palestiniens est inaliénable.
On nous explique que l’Etat d’Israel a été créé pour fournir “un havre de sécurité” aux Juifs, et que le retour de réfugiés palestiniens les mettrait en danger.
Mais voilà 7 décennies que le nettoyage ethnique se poursuit pour les Palestiniens, et qu’ils ne disposent quant à eux d’aucun “havre de sécurité”, mais seulement de massacres en série.
Et avec tous les Palestiniens tués, toutes les armes accumulées, tous les murs construits et toutes mes mesures de répression adoptées, l’Etat d’Israel connait-il pour autant la paix et la sécurité ?
La sécurité basée sur l’assassinat et l’oppression est une illusion. Les Juifs israéliens ne pourront pas vivre en sécurité tant que les Palestiniens seront privés de justice.
Nous luttons contre l’occupation et l’apartheid, et non pour l’oppression et le nettoyage ethnique des Juifs israéliens. Nous résistons aux tentatives d’Israël de nous chasser de nos terres, mais nous ne souhaitons pas chasser les Juifs.
Israël ose dire que ce sont les Palestiniens qui ne veulent pas la paix. Mais qui a déclaré officiellement son intention de s’emparer de toutes les terres palestiniennes à l’ouest du Jourdain, et qui a systématiquement utilisé les négociations de paix pour renforcer l’occupation et rendre impossible le retour des Palestiniens ?
Il ne s’agit pas là d’une politique de la seule droite israélienne, mais de la continuation de la politique du mouvement sioniste depuis ses débuts. C’est la stratégie du nettoyage ethnique de la population autochtone et de la colonisation à outrance.
A ce stade, la seule voie possible qui n’implique pas de part et d’autre davantage de violence et de nettoyage ethnique, c’est de revoir les relations entres Palestiniens et Juifs israéliens sur la base de la justice et de l’égalité, au lieu de la discrimination et de la dépossession.
Et le droit au retour fait partie de la solution. Il n’est ni dangereux ni irréaliste. Les études démographiques montrent que plus de 80 % des terres dont les réfugiés palestiniens ont été chassés sont soit vides soit très faiblement peuplées, dans la mesure ou la vaste majorité de la population israélienne est concentrée dans les grandes villes.
Il y a assez de terre pour tous, et sans la politique de discrimination en faveur des colons, une distribution égalitaire des ressources peut être effectuée.
Il a tellement de place qu’Israel a fait une loi qui autorise tout Juif à immigrer et à s’installer en Israel. On ne voit donc pas ce qui empêcherait les réfugiés Palestiniens de revenir dans leurs foyers.
C’est pourquoi nous continuerons à lutter pour ce droit. Et nous ne sommes pas seuls dans cette lutte. Nous sommes soutenus par tous ceux qui, à travers le monde, veulent la justice et les droits humains.”
(Traduit par CAPJPO-EuroPalestine)
Source Al Jazeera
CAPJPO-EuroPalestine