Ne soyons pas complices de la prétendue « solidarité » des Nations Unies
Ramona Wadi 9/Décembre/2018 |
La déclaration du Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien ne pouvait tomber plus bas.
António Guterres exhorte « tous les acteurs… à prendre des mesures audacieuses et à rétablir la confiance dans la promesse faite par la résolution 181 de l’Assemblée générale des Nations Unies », également connue sous le nom de Plan de partage de la Palestine de l’ONU. En d’autres termes, il appelle à la solidarité internationale avec le rôle tenu par l’ONU dans la création de la présence coloniale d’Israël en Palestine.
Selon António Guterres, cette journée annuelle de solidarité « nous rappelle notre tâche collective et inachevée de résoudre la question de Palestine ». En ce jour qui marque prétendument la solidarité avec le peuple palestinien, on n’accorde pas aux Palestiniens l’espace nécessaire pour le définir comme une journée internationale d’hypocrisie. L’ONU a accepté en 1947 de fragmenter la Palestine et appelle maintenant à un soutien mondial pour achever la tâche coloniale, ce qu’en fait, Israël s’évertue à faire en toute impunité et avec une intention génocidaire.
Le chef de l’ONU a également appelé à acquiescer à l’imposition de deux États : « Seules des négociations constructives, menées de bonne foi et dans le respect des paramètres établis de longue date et convenus d’une solution à deux États, permettront d’aboutir à la solution souhaitée et durable. » Il ne s’agit pas d’un plan de libération ni d’indépendance du peuple palestinien, mais d’une exigence odieuse pour amener les Palestiniens à oublier leur droit à la Palestine historique et à se soumettre à l’idée que l’état colonial d’Israël soit sous protection de l’ONU.
Commémorer cette journée c’est faire acte de complicité. Elle normalise le rôle de l’ONU dans la création d’Israël et absout l’organisation de toute responsabilité en médiatisant ses « efforts » pour amener la paix. Pourquoi devrions-nous nous tourner vers l’ONU alors que les Palestiniens, eux-mêmes, sont en train de mener leur lutte de libération anti-coloniale ?
La lutte palestinienne n’appelle pas à un jour du souvenir, décrété et imposé de l’extérieur, qui cherche à modifier nos trajectoires de pensée. Au lieu de se tourner vers les Palestiniens et leurs stratégies, une grande partie du soutien collectif est en quête des paramètres de l’ONU pour définir les limites d’un tel soutien.
Inutile de dire que cela ne répondra jamais à ce qui est vraiment nécessaire. D’autre part, la prise de conscience d’une telle dépendance pour déterminer ce qui constitue un soutien légitime devrait conduire à une remise en question approfondie de la dépendance aveugle à l’égard des institutions internationales et autres.
L’existence de l’ONU résulte des violations des droits de l’homme et de son acceptation tacite de ces violations. Elle sait que le compromis à deux États ne mènera pas à une paix durable et que ce n’est pas la seule solution ; qu’il s’agit, en réalité, d’un cadre inexistant. C’est pourtant l’un des principaux moyens par lesquels l’organisation peut assurer la poursuite des violations contre la population palestinienne à tous les niveaux.La violence politique résultant de l’imposition de deux États ne doit pas être ignorée. Elle détermine non seulement l’incarcération politique des Palestiniens, mais aussi la liberté pour les partisans de la Palestine de défendre le droit légitime de s’engager dans une lutte anti-coloniale.
Nous n’avons pas d’obligations envers l’ONU et ses institutions qui ont créé la nécessité pour les Palestiniens de résister à l’occupation afin de récupérer leurs droits et leur territoire. Il y a toujours une autre solution, quoi que dicte l’ONU. Nous devons boycotter la commémoration annuelle de la complicité internationale dans l’humiliation des Palestiniens et de leur lutte, rejeter les récits de l’ONU sur le prétendu devoir collectif et défendre sans équivoque les Palestiniens et la Palestine historique.
* Ramona Wadi est rédactrice au Middle East Monitor où cet article a été publié en premier. Elle contribue régulièrement au PalestineChronicle.com.
4 décembre 2018- The Palestine Chronicle – Traduction: Chronique de Palestine – MJB