Trump cible les Palestiniens malades
Maureen Clare Murphy 15/Septembre/2018 |
L’administration Trump à Washington a coupé plus de 25 millions $ dans l’aide ratifiée pour six hôpitaux de Jérusalem Est qui prodiguent les soins de santé aux Palestiniens de Cisjordanie et de la Bande de Gaza occupées.
Les Etats Unis ont par ailleurs annoncé qu’ils ferment le bureau de l’Organisation de Libération de la Palestine à Washington.
Ces faits sont les derniers d’une série de mesures destinées à contraindre les Palestiniens à se soumettre au processus de « paix » de la Maison Blanche.
L’Autorité Palestinienne a gelé ses communications avec l’administration américaine en décembre, lorsque Trump a déclaré que les Etats Unis reconnaîtraient Jérusalem comme la capitale d’Israël.
Les Etats Unis ont annoncé qu’ils cesseraient de financer UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine, après avoir gelé 300 millions de dollars d’aide en janvier, précipitant cet organisme dans une crise financière sans précédent.
Les Etats Unis ont également décidé de couper 200 millions $ de plus dans l’aide bilatérale à la Cisjordanie et à Gaza.
L’administration Trump a paraît-il retardé les coupes dans le financement des hôpitaux de Jérusalem Est après que les très influents supporters chrétiens de ces structures aient fait pression pour en exclure trois de la législation qui impose de sévères restrictions sur l’aide aux Palestiniens approuvées par le Congrès plus tôt cette année.
Walid Nammour, directeur de l’Hôpital Augusta Victoria, a dit au correspondent à Jérusalem de la NPR que les hôpitaux de Jérusalem Est n’étaient pas notifiés dans les coupes.
Nammour a dit que l’aide américaine avait été suspendue pendant des mois avant d’être finalement coupée cette semaine, obligeant l’hôpital à contracter des emprunts.
Daniel Estrin
Plus de détails sur les nouvelles annonçant les coupures américaines dans l’aide médicale aux Palestiniens : le directeur de l’hôpital Augusta Victoria me dit que les Etats Unis n’ont pas mentionné les hôpitaux de Jérusalem Est. Ces hôpitaux fournissent des traitements contre le cancer et autres qui ne sont pas disponibles en Cisjordanie et à Gaza. Les Etats Unis payaient jusqu’alors 25 % des factures de l’hôpital.
Un journaliste du quotidien israélien Haaretz a fait remarquer que l’émissaire de Trump pour la paix au Moyen Orient avait fait l’éloge du travail accompli par l’hôpital St. John Eye vieux de 130 ans, autre institution affectée par les coupures de financement, dès le mois de mars :
Jason D. Greenblatt
Grâce à une mission médicale soutenue par @USAIDWBG, une équipe de chirurgiens de l’hôpital St. John Eye est allée à Gaza pour pratiquer des opérations délicates spécialisées rarement possibles là-bas. Grâce à leur intervention qualifiée, cette mère célibataire a récupéré la vue.
Reproduire la cruauté israélienne à Gaza
En coupant le financement des programmes d’aide alimentaire, de l’éducation et des soins de santé, les Etats Unis misent sur la même stratégie de punition collective que celle du siège d’Israël sur Gaza.
Le blocus, imposé en 2007, n’a pas réussi à atteindre l’objectif d’Israël de mettre fin au contrôle politique et militaire du Hamas sur l’intérieur du territoire, mais a plongé les deux millions de Palestiniens qui y vivent dans la pauvreté et le désespoir.
Daniel Seidemann
L’hôpital Augusta Victoria sur le Mont des Oliviers accomplit l’oeuvre de Dieu. Admiré dans le monde entier, reconnu par Israël, il apporte aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza les services vitaux qui ne sont disponibles nulle part ailleurs : l’oncologie, la dialyse pédiatrique, etc.
C’est un mal absolu, impardonnable.
Haaretz.com
Trump va couper des millions pour les hôpitaux de Jérusalem Est ; un expert annonce la menace d’un ‘effondrement’.
« L’Amérique doit savoir que ces actes ne changeront pas d’un pouce notre position concernant notre cause. Au contraire, cela renforce notre position sur chaque question, y compris Jérusalem Est », a dit à la NPR Adnan Husseini, ministre palestinien des Affaires de Jérusalem.
L’association des Médecins pour les Droits de l’Homme-Israël a averti que la décision d’arrêter le financement des hôpitaux de Jérusalem Est pouvait conduire à « l’effondrement » du système de santé palestinien.
« Israël – l’occupant – devra combler le vide dans la prise en charge des patients », a ajouté l’association.
Israël n’est guère susceptible de remplir ses obligations selon le droit international et de fournir les services essentiels aux millions de Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza qui vivent sous occupation militaire, et s’est satisfait de laisser des pays tiers remplir leur rôle à travers l’aide.
Mais le pouvoir militaire israélien pense que, sans alternative à l’UNRWA, les coupures de l’aide américaine conduiront à un désastre humanitaire encore pire à Gaza et à une escalade de la violence « à peu près inévitable », a écrit Haaretz.
« On s’attend à ce qu’une délégation israélienne à une conférence des donateurs à New York plus tard ce mois-ci encourage les pays donateurs à s’activer pour garantir la poursuite de fourniture alimentaire, des services éducatifs et des salaires des 30.000 employés de l’ONU dans la Bande », c’est ce que dit Haaretz.
Entre temps, dans une conversation téléphonique de la semaine dernière décrite par une transcription de la Maison Blanche comme incluant les chefs religieux et les rabbins avant le nouvel an juif, Trump s’est vanté d’avoir utilisé l’aide humanitaire pour exercer une pression politique.
« Les Etats Unis leur ont versé [aux Palestiniens] des sommes énormes. Et je dirais, vous aurez l’argent, mais nous ne vous le verserons pas avant d’avoir passé un accord. Si nous ne passons pas d’accord, nous ne payons pas. Et ça va avoir un peu de poids », a dit Trump.
Trump a récemment signé un projet de loi sur les dépenses militaires codifiant dans la loi un engagement de rupture de dossier pris par son prédécesseur de donner à Israël 38 milliards $ d’assistance militaire pendant 10 ans.
L’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, a dit cependant à un journal israélien que l’administration Trump n’a opposé aucune contestation à la construction de colonies israéliennes en Cisjordanie.
« Israël ne devrait pas avoir à demander la permission aux Etats Unis » pour construire des colonies, a dit Friedman la semaine dernière à Israel Hayom.
Il a aussi refusé une demande de Trump selon laquelle Israël devrait payer le prix du déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem.
« Il n’y a rien à attendre d’Israël pour le remboursement du déménagement de l’ambassade », a-t-il dit.
Friedman a dit par ailleurs que « il est possible » que les Etats Unis reconnaissent les prétentions israéliennes sur les Hauteurs du Golan, territoire syrien conquis et occupé pendant la Guerre de 1967.
« Personnellement, je ne peux imaginer de situation dans laquelle les Hauteurs du Golan reviendraient à la Syrie », a dit Friedman.
Bolton menace de la CPI
Friedman répondait aux commentaires faits par John Bolton, conseiller en sécurité nationale de Trump, qui déclarait le mois denier qu’il n’y avait eu ni discussion ni décision concernant les Hauteurs du Golan.
Bolton a dit clairement lundi que les Etats Unis imposeraient des sanctions ou chercheraient à poursuivre pénalement les responsables devant la Cour Pénale Internationale s’ils poursuivaient leurs enquêtes sur de supposés crimes de guerre américains en Afghanistan ou ceux commis par Israël.
La situation en Palestine a subi un examen préliminaire du bureau du procureur depuis 2015.
« Si le tribunal nous poursuit, Israël, ou d’autres alliés des USA, nous ne resterons pas tranquillement assis », a dit Bolton lors d’une allocution à la Société Fédéraliste de droite à Washington.
Pendant son discours, Bolton a ajouté que la fermeture du bureau de l’Organisation de Libération de la Palestine à Washington était due aux efforts des Palestiniens pour poursuivre les dirigeants Israéliens à La Haye.
Il a dit également que les Etats Unis négocieraient des accords bilatéraux pour empêcher d’autres Etats de livrer les Américains à la Cour.
En plus de rompre avec des décennies de politique américaine sur les colonies israéliennes et d’enchâsser l’aide américaine à Israël dans la loi, la Maison Blanche abandonne et renverse toute institution internationale qui pourrait défier l’impunité d’Israël.
Au cours d’un appel téléphonique de la semaine dernière avec les dirigeants juifs, Trump s’est félicité du retrait des Etats Unis en juin du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU.
Les Etats Unis « continueront à défendre les droits souverains d’Israël dans tous les forums internationaux », a déclaré Trump.