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Marine Le Pen et sa ligne anti-Macron et anti-immigration sans surprise pour les européennes

Alexandre Boudet 16/09/2018
On aurait dit le discours de la présidente du Front national.

Pour lancer l’année du Rassemblement national (nouveau nom que le parti d’extrême droite s’est donné avant l’été), Marine Le Pen n’a réservé aucune surprise aux militants qui l’ont écouté prononcer son discours de rentrée à Fréjus. C’est un retour aux fondamentaux que la députée du Pas-de-Calais a observé avec en point de mire les européennes de mai 2019.

Elle a d’ailleurs rappelé le double objectif de son mouvement qui s’est encore refusé à officialiser tout ralliement sur sa liste: “Devancer la liste mondialiste d’Emmanuel Macron et sortir en tête”. Après l’avoir emporté en totalisant 25% des voix il y a cinq ans, le RN est aujourd’hui crédité de 21% selon le dernier sondage Odoxa, à égalité ou presque avec LREM donnée à 21,5%.
Pour “aller chercher” le président de la République (en référence à la déclaration du chef de l’Etat devant les députés de la majorité dans l’affaire Benalla), Marine Le Pen ne compte pas changer de ligne. Celle-ci est faite de beaucoup de dénigrement du président de la République (qui a “transformé l’Elysée en boite de nuit transformiste” et qui a lancé une boutique “nombriliste”) et de sa politique. “À l’heure où tout le monde fait sa rentrée, Emmanuel Macron fait sa sortie. Il rame”, a-t-elle souri.
Mais la ligne du Rassemblement national pour les européennes est surtout faite d’un discours anti-immigration très fort qui lui a servi de fil conducteur. “Il n’y a plus d’argent pour les Français mais il y en a pour l’immigration”, a-t-elle par exemple déclaré avant de se faire encore plus claire. “Ce que nous vivons, c’est la submersion de l’Europe et la submersion silencieuse de la France”, a-t-elle poursuivi en évoquant notamment l’exemple de Châteaudouble, petit village du sud de la France où elle a été chahutée en milieu de semaine.
Et de citer un exemple piqué à son allié Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur italien: “Avec nous, l’Aquarius n’accostera plus sur les côtes françaises”, a assuré Marine Le Pen à propos du bateau de SOS Méditerranée que l’Italie a refusé d’accueillir dans ses ports (comme Emmanuel Macron d’ailleurs) provoquant une crise en Europe.
De l’immigration, le propos a facilement viré à l’insécurité qu’elle a lié dans un raccourci qui n’a rien de nouveau. “Cette déferlante migratoire aggrave l’insécurité en France, où l’on peut être agressé pour une cigarette ou un mauvais regard”, a osé la présidente du RN.
La différence de taille par rapport à 2014 est le changement du contexte en Europe. Les populistes souverainistes rêvent désormais d’être majoritaires en Europe. “En Pologne, en Autriche, en Hongrie, nos idées sont au pouvoir”, a salué Marine Le Pen qui a également fait distribuer à Fréjus des tracts où elle partage l’affiche avec Matteo Salvini. Elle compte sur cette vague pour surmonter les difficultés financières que son parti traverse; une crise qu’elle a pris le soin de taire tout comme la question de la sortie de l’euro qui semble bel et bien laissée de côté.