L’UE espère toujours un accord sur les réfugiés en juin
Par Benjamin
Fox, EURACTIV, 17 mag 2018
Bruxelles
espère toujours convaincre la Hongrie et la Pologne de signer un hypothétique
accord sur l’immigration et la répartition des réfugiés.
Soulagement
à l'arrivée sur les côtes européennes. [Freedom House]
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Le 16
mai, Dimitris Avramopoulos, le commissaire à la migration, a indiqué que la
Commission tenterait encore de faire parvenir les dirigeants européens à un
accord sur la révision des règles communes sur l’immigration et l’asile, lors
du sommet des 28 et 29 juin.
La
dernière proposition de la Bulgarie, actuellement à la présidence tournante de
l’UE, permettrait aux pays réticents de choisir les réfugiés qu’ils acceptent
ou de payer un autre pays pour accueillir les réfugiés qui leur reviennent, à
raison de 30 000 euros par personne.
La
Hongrie a refusé de ratifier une déclaration reconnaissant « les avantages
des migrations en termes de développement » adoptée lors d’une conférence
ministérielle au Maroc réunissant une soixantaine de pays d’Europe et
d’Afrique.
La crise
migratoire a exposé une profonde incompréhension entre les pays où arrivent les
migrants, comme la Grèce ou l’Italie, et les pays d’Europe de l’Est, qui
refusent la relocalisation équitable. À l’automne dernier, l’UE a été
contrainte d’abandonner son projet de quotas de réfugiés, les États n’ayant
réinstallé que 28 000 réfugiés, contre un objectif de 160 000.
Un accord
satisfaisant reste peu probable. Varsovie et Budapest sont toujours très
opposées à tout quota européen sur l’accueil, alors que cinq pays
méditerranéens, Chypre, l’Espagne, l’Italie, la Grèce et Malte, dénoncent la
dernière proposition, qui les laisse encore confrontés à un fardeau
disproportionné.
Dimitris
Avramopoulos a assuré « encore essayer de convaincre les derniers [pays
réticents] à rejoindre notre politique migratoire complète », qu’il décrit
comme « la seule réponse pragmatique à un problème réel auquel nous sommes
confrontés ». « Il y a trois ou quatre pays qui ont des idées
différentes », explique-t-il.
Dans son
cadre budgétaire pour 2021-2027, la Commission a prévu 35 milliards
d’euros pour le contrôle des frontières et de l’immigration, soit trois fois
plus que les sommes allouées actuellement.
Les
détails suivront, a assuré le commissaire, qui a ajouté que la Commission
voulait « étendre, intensifier et renforcer le corps de garde-côte et
garde-frontière européen, ainsi qu’instaurer un système de gestion des
frontières intégré, soutenu par une force de
10 000 gardes-frontières ».
Le nombre
de migrants tentant d’atteindre l’Europe semble avoir fléchi depuis le début de
l’année, ce qui pourrait participer à l’échec des tentatives d’accord
paneuropéen.
Selon les
données de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), près de 19
000 personnes sont arrivées en Europe entre janvier et avril de cette année,
contre 44 600 environ en 2017. Ces chiffres se comparent à plus de 870 000
arrivées en 2015, au plus fort de la crise.
Près de 3
000 personnes sont toutefois entrées en Grèce par la frontière turque le mois
dernier, pour la plupart originaires des régions syriennes et irakiennes
ravagées par la guerre, marquant une légère augmentation mensuelle.
Le
Premier ministre grec, Alexis Tsipras, et le président du conseil italien,
Paolo Gentiloni, ont rappelé aux chefs d’entreprise à Davos que la crise
migratoire ne pouvait pas être résolue individuellement par les États.
« Nous
avons vu une petite augmentation à la frontière terrestre gréco-turque »,
a reconnu Dimitris Avramopoulos, tout en ajoutant :« j’ai un contact
direct avec les ministres en Grèce et en Turquie […] la situation est sous
contrôle ».
Le
versement des 3 milliards d’euros actuellement en retard de paiement à Ankara
dans le cadre de l’accord UE-Turquie devrait être fait
« rapidement », a-t-il ajouté.
L’accord
UE-Turquie « fonctionne », a-t-il insisté. « Les résultats sont
là. Il est bénéfique à la fois à l’Union et à la Turquie. »
L’UE
continuera à négocier des accords et des alliances similaires avec d’autres
régions, a-t-il précisé, rejetant l’idée d’utiliser des barrières physiques aux
frontières.
« Nous
sommes contre la construction de clôtures, au contraire, nous sommes favorables
à la construction de ponts avec les pays voisins », a-t-il affirmé.
« L’UE ne sera jamais une forteresse. La migration ne concernera pas
seulement l’Europe dans les décennies à venir, et nous devons être bien
préparés. Aucun pays ne peut gérer cette situation seul. »