Guerre civile libanaise : les crimes d’Israël sont loin d’appartenir au passé
Belen
Fernandez, Chronique Palestine, 4 mai 2018
Alors
qu’Israël poursuit ses machinations meurtrières contre les Palestiniens tout en
menaçant régulièrement d’attaquer le Liban, les espoirs de paix dans la région
sont minces.
qu’Israël poursuit ses machinations meurtrières contre les Palestiniens tout en
menaçant régulièrement d’attaquer le Liban, les espoirs de paix dans la région
sont minces.
Environ 200 000 personnes ont été tuées pendant la guerre civile libanaise et 17 000 autres sont toujours portées disparues – Photo : Archives |
En mai,
les Israéliens célébreront le 70e anniversaire de leur « indépendance » – un
euphémisme grotesque pour désigner l’opération de nettoyage
ethnique et la création forcée de l’État d’Israël sur la terre
palestinienne. Le processus a entraîné le massacre
de quelque 10 000 Palestiniens, l’expulsion de 750 000 autres et la destruction
d’environ 500 villages.
En
attendant, en avril, on commémore également le 43e anniversaire d’un autre
épisode régional terrible dans lequel Israël n’a pas joué un rôle mineur.
Celui-ci porte le nom de « guerre civile libanaise », une affaire de quinze ans
aux causes complexes et multiformes, allant d’une injustice socio-économique
flagrante et d’une répartition disproportionnée du pouvoir politique et des
ressources à des efforts de plus en plus féconds visant à canaliser le
mécontentement populaire pour le transformer en un antagonisme sectaire.
attendant, en avril, on commémore également le 43e anniversaire d’un autre
épisode régional terrible dans lequel Israël n’a pas joué un rôle mineur.
Celui-ci porte le nom de « guerre civile libanaise », une affaire de quinze ans
aux causes complexes et multiformes, allant d’une injustice socio-économique
flagrante et d’une répartition disproportionnée du pouvoir politique et des
ressources à des efforts de plus en plus féconds visant à canaliser le
mécontentement populaire pour le transformer en un antagonisme sectaire.
Une
réticence à demander des comptes
réticence à demander des comptes
On
considère généralement que la guerre civile a commencé le 13 avril 1975 –
lorsque des phalangistes chrétiens de droite ont massacré 27 Palestiniens qui
traversaient en bus Aïn el-Rammaneh, une banlieue de Beyrouth. À la fin de la
guerre, environ 150 000
personnes avaient perdu la vie.
considère généralement que la guerre civile a commencé le 13 avril 1975 –
lorsque des phalangistes chrétiens de droite ont massacré 27 Palestiniens qui
traversaient en bus Aïn el-Rammaneh, une banlieue de Beyrouth. À la fin de la
guerre, environ 150 000
personnes avaient perdu la vie.
En outre,
17 000 personnes ont été portées
disparues, tandis que les survivants au sein de leur famille ont été
condamnés à une peine psychologique et à un chagrin continus en raison de la réticence de
l’État libanais – à ce jour – à exhumer les fosses communes ou à
demander aux responsables de répondre de leurs crimes. Après tout, une telle
résurgence du passé aurait des implications évidentes pour les seigneurs de guerre civils
qui restent au pouvoir.
17 000 personnes ont été portées
disparues, tandis que les survivants au sein de leur famille ont été
condamnés à une peine psychologique et à un chagrin continus en raison de la réticence de
l’État libanais – à ce jour – à exhumer les fosses communes ou à
demander aux responsables de répondre de leurs crimes. Après tout, une telle
résurgence du passé aurait des implications évidentes pour les seigneurs de guerre civils
qui restent au pouvoir.
Comme
dans le cas du conflit actuel en Syrie, cependant, le terme de « guerre civile
» peut presque être perçu comme un terme inapproprié dans le contexte libanais,
compte tenu de l’ampleur de la participation extérieure.
dans le cas du conflit actuel en Syrie, cependant, le terme de « guerre civile
» peut presque être perçu comme un terme inapproprié dans le contexte libanais,
compte tenu de l’ampleur de la participation extérieure.
De même,
alors que de nombreux acteurs – étrangers et nationaux – ont une mare de sang
sur les mains, il est utile de réfléchir au rôle d’Israël en particulier, ne
serait-ce que pour souligner le fait que le terrorisme auquel Israël se livre
habituellement au Moyen-Orient n’a absolument pas contribué à compromettre son rôle
de meilleur ami et de prétendu partenaire dans la lutte contre le terrorisme de
la superpuissance mondiale.
alors que de nombreux acteurs – étrangers et nationaux – ont une mare de sang
sur les mains, il est utile de réfléchir au rôle d’Israël en particulier, ne
serait-ce que pour souligner le fait que le terrorisme auquel Israël se livre
habituellement au Moyen-Orient n’a absolument pas contribué à compromettre son rôle
de meilleur ami et de prétendu partenaire dans la lutte contre le terrorisme de
la superpuissance mondiale.
Sans
l’ombre d’un doute, les contributions les plus notoires d’Israël en temps de
guerre comprennent son invasion du Liban en 1982 – à ne pas confondre avec son
invasion de 1978 ou d’autres folies meurtrières – au cours de laquelle l’armée
israélienne ôta la vie à quelque 20 000
personnes, dont une majorité de civils. Faisant montre d’une
générosité devenue une marque de fabrique, le secrétaire d’État américain
Alexander Haig donna son feu
vert à l’agression.
l’ombre d’un doute, les contributions les plus notoires d’Israël en temps de
guerre comprennent son invasion du Liban en 1982 – à ne pas confondre avec son
invasion de 1978 ou d’autres folies meurtrières – au cours de laquelle l’armée
israélienne ôta la vie à quelque 20 000
personnes, dont une majorité de civils. Faisant montre d’une
générosité devenue une marque de fabrique, le secrétaire d’État américain
Alexander Haig donna son feu
vert à l’agression.
« Ils se
sont consumés durant des heures »
sont consumés durant des heures »
Dans son
ouvrage plébiscité Pity the
Nation: Lebanon at War (Liban, nation martyre), le journaliste
chevronné Robert Fisk raconte les suites du largage par Israël d’obus au
phosphore sur Beyrouth-Ouest à l’été 1982, lorsque des patients « encore en feu
» ont commencé à arriver à l’hôpital Barbir. Il cite Amal Shamaa, médecin, au
sujet de jumeaux de cinq jours qui ont été amenés à l’hôpital : « J’ai dû
prendre les bébés et les mettre dans des seaux d’eau pour éteindre les flammes.
Lorsque je les ai sortis une demi-heure plus tard, ils brûlaient encore. Même à
la morgue, ils se sont consumés durant des heures. »
ouvrage plébiscité Pity the
Nation: Lebanon at War (Liban, nation martyre), le journaliste
chevronné Robert Fisk raconte les suites du largage par Israël d’obus au
phosphore sur Beyrouth-Ouest à l’été 1982, lorsque des patients « encore en feu
» ont commencé à arriver à l’hôpital Barbir. Il cite Amal Shamaa, médecin, au
sujet de jumeaux de cinq jours qui ont été amenés à l’hôpital : « J’ai dû
prendre les bébés et les mettre dans des seaux d’eau pour éteindre les flammes.
Lorsque je les ai sortis une demi-heure plus tard, ils brûlaient encore. Même à
la morgue, ils se sont consumés durant des heures. »
Voilà
pour la « pureté des armes ».
pour la « pureté des armes ».
Toujours
en 1982, des miliciens phalangistes soutenus par Israël ont massacré jusqu’à plusieurs
milliers de civils dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra
et Chatila,
à Beyrouth. Une commission d’enquête israélienne a déterminé que le ministre
israélien de la Défense de l’époque, Ariel Sharon,
était personnellement
responsable des atrocités commises.
en 1982, des miliciens phalangistes soutenus par Israël ont massacré jusqu’à plusieurs
milliers de civils dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra
et Chatila,
à Beyrouth. Une commission d’enquête israélienne a déterminé que le ministre
israélien de la Défense de l’époque, Ariel Sharon,
était personnellement
responsable des atrocités commises.
Dans un
article consacré au massacre et écrit pour le site web Refugees Deeply, Swee Chai Ang
– qui a été médecin bénévole à Sabra et Chatila et qui officie désormais en
tant que chirurgienne orthopédique consultante au St Bartholomew’s Hospital et
au Royal London Hospital, à Londres – nous rappelle certains de ces faits
tristement marquants : « Les visages terrifiés des familles rassemblées par des
hommes armés et attendant la mort, la jeune mère désespérée qui a essayé de me
donner son bébé pour que je le mette en sécurité, la puanteur des corps en
décomposition alors que l’on découvrait des fosses communes, les cris perçants
des femmes qui découvraient les restes de leurs proches à travers des morceaux
de vêtements et des cartes d’identité de réfugiés. »
article consacré au massacre et écrit pour le site web Refugees Deeply, Swee Chai Ang
– qui a été médecin bénévole à Sabra et Chatila et qui officie désormais en
tant que chirurgienne orthopédique consultante au St Bartholomew’s Hospital et
au Royal London Hospital, à Londres – nous rappelle certains de ces faits
tristement marquants : « Les visages terrifiés des familles rassemblées par des
hommes armés et attendant la mort, la jeune mère désespérée qui a essayé de me
donner son bébé pour que je le mette en sécurité, la puanteur des corps en
décomposition alors que l’on découvrait des fosses communes, les cris perçants
des femmes qui découvraient les restes de leurs proches à travers des morceaux
de vêtements et des cartes d’identité de réfugiés. »
Les
Israéliens, qui nourrissaient depuis longtemps le fantasme de voir un régime
chrétien ami s’installer au Liban voisin, étaient probablement aux anges
lorsqu’ils ont constaté que leur haine des Palestiniens était partagée par les
phalangistes libanais, entre autres. Peu importe que, comme l’a souligné Fisk,
le fondateur des Phalanges ait bel et bien eu l’idée de son parti en
s’inspirant des Nazis.
Israéliens, qui nourrissaient depuis longtemps le fantasme de voir un régime
chrétien ami s’installer au Liban voisin, étaient probablement aux anges
lorsqu’ils ont constaté que leur haine des Palestiniens était partagée par les
phalangistes libanais, entre autres. Peu importe que, comme l’a souligné Fisk,
le fondateur des Phalanges ait bel et bien eu l’idée de son parti en
s’inspirant des Nazis.
Le
Hezbollah : un bouc émissaire commode
Hezbollah : un bouc émissaire commode
L’invasion
de 1982 a également provoqué la formation du Hezbollah, qui a rapidement
remplacé les Palestiniens en tant que « terroristes » transfrontaliers
justifiant un terrorisme israélien de toute sorte, ce qui arrangeait bien les
partisans de la guerre perpétuelle.
de 1982 a également provoqué la formation du Hezbollah, qui a rapidement
remplacé les Palestiniens en tant que « terroristes » transfrontaliers
justifiant un terrorisme israélien de toute sorte, ce qui arrangeait bien les
partisans de la guerre perpétuelle.
Suite à
une offensive israélienne trop zélée sur le Liban en 1993, Noam Chomsky a écrit un long article dans
lequel il cite un haut responsable israélien affirmant que le but de cette
campagne était « d’effacer [certains] villages libanais de la surface de la
terre » – une approche qui rappelle remarquablement le modus operandi d’Israël
en Palestine.
une offensive israélienne trop zélée sur le Liban en 1993, Noam Chomsky a écrit un long article dans
lequel il cite un haut responsable israélien affirmant que le but de cette
campagne était « d’effacer [certains] villages libanais de la surface de la
terre » – une approche qui rappelle remarquablement le modus operandi d’Israël
en Palestine.
Chomsky a
profité de cette occasion pour évoquer l’occupation israélienne du sud du
Liban, laquelle s’est poursuivie après la fin officielle de la guerre civile en
1990 avec l’aide d’une « armée mercenaire terroriste » connue sous le nom
d’Armée du Liban Sud, un intermédiaire d’Israël qui supervisait la prison-centre de torture
d’Israël dans le village de Khiam.
profité de cette occasion pour évoquer l’occupation israélienne du sud du
Liban, laquelle s’est poursuivie après la fin officielle de la guerre civile en
1990 avec l’aide d’une « armée mercenaire terroriste » connue sous le nom
d’Armée du Liban Sud, un intermédiaire d’Israël qui supervisait la prison-centre de torture
d’Israël dans le village de Khiam.
Plus
significativement, cependant, Chomsky a souligné les
motifs de l’invasion israélienne de 1982, qui, selon lui, n’avaient
jamais été dissimulés en Israël, bien qu’ils soient classés “secrets” ici [aux
États-Unis] ».
significativement, cependant, Chomsky a souligné les
motifs de l’invasion israélienne de 1982, qui, selon lui, n’avaient
jamais été dissimulés en Israël, bien qu’ils soient classés “secrets” ici [aux
États-Unis] ».
Un avenir
sombre
sombre
D’après
les déclarations de responsables et d’universitaires israéliens, l’offensive
résultait essentiellement du fait que l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP), basée au Liban, « gagnait en respectabilité grâce à sa
préférence pour les négociations plutôt que pour le terrorisme », expliquait
Chomsky, et devait être contrainte à reprendre ses opérations terroristes pour
ne pas « mettre en danger… la politique [israélienne] consistant à éviter une
solution politique ».
les déclarations de responsables et d’universitaires israéliens, l’offensive
résultait essentiellement du fait que l’Organisation de libération de la
Palestine (OLP), basée au Liban, « gagnait en respectabilité grâce à sa
préférence pour les négociations plutôt que pour le terrorisme », expliquait
Chomsky, et devait être contrainte à reprendre ses opérations terroristes pour
ne pas « mettre en danger… la politique [israélienne] consistant à éviter une
solution politique ».
Prenez,
par exemple, l’affirmation subséquente du Premier ministre israélien Yitzhak
Shamir selon laquelle la guerre était rendue nécessaire par « un terrible
danger… pas tant militaire que politique ». Ou l’opinion de Yehoshafat Harkabi,
un ancien chef du renseignement militaire israélien, pour qui l’invasion aurait
dû être appelée « la guerre pour sauvegarder l’occupation [israélienne] de la
Cisjordanie ».
par exemple, l’affirmation subséquente du Premier ministre israélien Yitzhak
Shamir selon laquelle la guerre était rendue nécessaire par « un terrible
danger… pas tant militaire que politique ». Ou l’opinion de Yehoshafat Harkabi,
un ancien chef du renseignement militaire israélien, pour qui l’invasion aurait
dû être appelée « la guerre pour sauvegarder l’occupation [israélienne] de la
Cisjordanie ».
Quarante-trois
années se sont maintenant écoulées depuis le début de la guerre civile
libanaise. Mais alors qu’Israël poursuit ses machinations
meurtrières contre les Palestiniens – tout en menaçant régulièrement
d’infliger
l’apocalypse au Liban – il n’y a malheureusement pas de danger de
paix.
années se sont maintenant écoulées depuis le début de la guerre civile
libanaise. Mais alors qu’Israël poursuit ses machinations
meurtrières contre les Palestiniens – tout en menaçant régulièrement
d’infliger
l’apocalypse au Liban – il n’y a malheureusement pas de danger de
paix.