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En Tunisie, la hausse des prix est un coup dur pour le ramadan

RFI, 21-05-2018

Les
ménages redoublent de vigilance pour maintenir des repas de rupture de jeûne
festifs et abondants. Très vite, les budgets sont dépassés. Reportage sur un
marché en banlieue de Tunis.
Un
étalage de fruits et légumes dans un marché de Tunis, au premier jour du mois
de ramadan, le 17 mai 2018. © Fethi Belaid / AFP
Il y a
foule comme chaque jour au marché de la Goulette, en banlieue de Tunis.
Chacun s’active pour préparer « Iftar », repas pris au coucher de
soleil au moment de la rupture du jeûne.
Mais
cette année, les courses alimentaires viennent grever le budget de ramadan
comme l’a constaté Ahmed, la trentaine, qui prend le temps de comparer les prix
avant d’acheter : « L’inflation a dépassé 7% ces derniers mois. Et on
le sent sur notre panier quotidien. Mais bon, les Tunisiens, pendant le ramadan,
ils ne regardent plus les prix, ils pensent beaucoup plus à profiter de la vie. »
Une
tendance que confirme Fatène. Cette professeur à la retraite qui s’occupe de
ses deux filles fait le maximum pour que le repas d’Iftar soit à la hauteur du
mois saint : « On se casse la tête pour assurer un repas de la rupture du
jeûne. C’est un mois de l’exception en ce qui concerne les dépenses. La vie est
trop trop chère, les prix ont galopé. Beaucoup de gens, même de la classe
moyenne, s’abstiennent d’acheter de la viande parce qu’elle coûte très très
cher. Les légumes coûtent également très chers. Les fruits c’est une denrée
rare. »
La hausse
des prix de l’alimentation est sans appel : +9% sur un an. Installé derrière
son échoppe de fruits et légumes, à quelques mètres du boucher, Hassen
fataliste garde tout de même un brin d’optimisme : « La viande par
exemple, elle est à 24 dinars. Il y a des gens qui regardent avec leurs yeux,
mais ils ne peuvent pas l’acheter. Il y a un proverbe tunisien qui dit :
“le plus gros poisson mange le plus petit poisson et c’est le plus faible
qui meurt.” C’est les séquelles de la révolution. Mais c’est juste
temporaire, la Tunisie dans quelque temps va reprendre la place qu’elle mérite. »
Afin
d’éviter un mouvement social comme celui qui a secoué plusieurs villes en janvier,
le gouvernement a annoncé des mesures rassurantes comme la multiplication des contrôles
des prix et de la qualité sur les marchés.