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Les Palestiniennes en première ligne de la Grande Marche du Retour

Chroniquede Palestine, 16 avril 2018

Hana
Salah – Les femmes palestiniennes dans la bande de Gaza assurent une présence
notable en première ligne des manifestations qui ont commencé à la clôture de
séparation de Gaza avec Israël [Palestine de 48] le 30 mars.
Um
Youssef Lubbad, au centre de la photo, pose au camp de protestation à Gaza,
à
l’est de Shajaiya – Photo: Mohammed Zaanoun/Activestills.org
Les
manifestations – nommées la Grande Marche du Retour et qui devraient se
poursuivre jusqu’au 15 mai – ont attiré des dizaines de milliers de Gazaouis,
et les violences de l’occupant israélien qui en ont résulté ont fait des
dizaines de morts.
La Commission
Nationale Supérieure
pour la grande marche du retour a déclaré que
jusqu’à la Journée de la Nakba,
commémorée le 15 mai, tous les mardis seront consacrés aux activités des femmes
qui se dérouleront dans cinq camps et seront étendues dans la partie orientale
des gouvernorats de Gaza.
Ektemal Hamad, responsable
du Comité des femmes de la Commission nationale pour la Grande Marche du
Retour, qui comprend des femmes de toutes les factions nationales et islamiques
de la bande de Gaza, a déclaré à Al-Monitor : « Parce que les femmes
participent avec les hommes à la lutte palestinienne, la commission a créé cinq
sous-commissions féminines de cinq à 11 membres chacune. Ces sous-comités sont
chargés d’organiser des activités dédiées aux femmes lors de la Grande Marche
du Retour dans le nord de la bande de Gaza, dans la ville de Gaza, dans le
centre de la bande de Gaza, à Khan Yunis et dans le gouvernorat de Rafah. »
Le 10
avril, le deuxième mardi de la Marche du Retour, le Comité des Femmes de la
Commission Nationale Supérieure pour la Marche a organisé près de la clôture de
séparation avec Israël [Palestine de 48] la campagne « Rajin Ala
Baladi » (en arabe pour « Nous retournerons dans la patrie » ),
dans laquelle des femmes ont lâché des ballons portant les noms de villages
palestiniens dont elles ont été chassées pendant la Nakba de 1948.
M. Hamad
a indiqué que tous les mardis, le Comité des femmes unifie les activités des
cinq sous-commissions, mais leur laisse la liberté de coordonner leurs
activités pendant le reste de la semaine. Le Comité des femmes visite les cinq
sous-comités répartis dans les gouvernorats pour coordonner leurs initiatives,
qui comprennent le divertissement ainsi que l’histoire, l’art et même les
activités de préparation culinaire traditionnelle.
Dans le
camp de Malika, mis en place par la Commission Nationale pour la Grande marche
dans l’est de Gaza, à 700 mètres de la barrière de séparation avec Israël, un
groupe de femmes s’est assis en cercle et a chanté des chansons folkloriques,
pour les Palestiniens qui marchaient vers la clôture de séparation, parmi les
pneus qui flambaient et les sirènes des ambulances qui hurlaient.
Alors que
le haut responsable du Hamas, Khalil al-Hayya, marchait avec les manifestants,
il a vu le groupe de femmes assises en cercle. « Les femmes palestiniennes
accompagnent les hommes dans la lutte palestinienne. Elles ont donné un bon
exemple lors de la Grande Marche du Retour. Elles ont brandi le drapeau
palestinien à la clôture et ont lancé des pierres sur les sionistes pendant les
manifestations », a-t-il déclaré à Al-Monitor.
Les
activités des femmes dans les camps sont caractérisées par le pacifisme, et
elles se concentrent sur les moyens de soutenir les hommes pendant les
manifestations. Dans le même camp, un autre groupe de femmes a préparé la sumaqiya – un plat à base
de viande, d’épices arabes, de bettes, de beaucoup sumac, de farine et de pois
chiches – et distribué des plats aux manifestants et aux familles du camp.
Un autre
groupe de femmes du camp a peint des kushuk (pneus de voiture d’occasion) en
rose, alors que les jeunes hommes cultivaient de petites plantes et les
décoraient à l’aide des pneus peints.
Dans le
camp de Khuzaa, situé à l’est du gouvernorat de Khan Yunis, les femmes étaient
également actives.
« Les
femmes du camp de Khuzaa jouent un grand rôle dans les marches. Elles
brandissent des drapeaux devant la clôture, apportent des kushuk pour que que
les hommes mettent le feu, et préparent aussi la nourriture. Elles récitent
aussi des poèmes et chantent des chansons folkloriques dans le camp », a
déclaré à Al-Monitor Manal al-Tabash, responsable du sous-comité des femmes.
Elle a
déclaré que les femmes du camp de Khuzaa sont plus actives que dans d’autres
régions en raison du caractère rural de la région et de sa proximité avec la
barrière de séparation.
« Les
femmes se sont habituées à l’agriculture, qui est la principale source de
revenus dans la région. Les paysans y ont installé leurs maisons malgré le
danger qui menace près de la clôture, et ils se sont habitués à la fois à la
présence de l’armée israélienne et au tirs », a-t-elle ajouté.
Le Comité
des femmes a honoré la jeune Palestinienne Hind Abu Ola, 16 ans, qui est
devenue un symbole de la lutte des femmes dans la région de Khuzaa après avoir
secouru quatre jeunes qui étouffaient à cause des bombes lacrymogènes larguées
sur les lignes de confrontation, à la clôture de séparation.
« J’ai
vu les jeunes hommes s’évanouir. J’ai pris mon sac, qui contenait des oignons
et un parfum que j’avais apporté de la maison, et je suis venue à leur aide.
Puis les snipers israéliens ont commencé à tirer sur nous », a raconté Abu
Ola.
Dès que
les quatre jeunes ont repris leurs esprits, ils ont formé un bouclier humain
pour protéger Abu Ola des balles et ont commencé à courir. Leur photo
s’est répandue dans toute la région et est devenue un symbole de la
participation des femmes aux manifestations.
Le
journaliste palestinien Ashraf Umra a documenté cette scène, et la photo est
devenue virale sur les réseaux sociaux. « J’étais inquiète des réactions
[à la photo] de ma famille et des gens … mais ma famille était si heureuse et
fière de cela », a poursuivi Abu Ola.
Ashraf
al-Qadra, porte-parole du ministère de la Santé à Gaza, a déclaré à Al-Monitor
que jusqu’au 10 avril, le nombre total de femmes blessées était d’environ 84,
contre 2850 hommes et 278 enfants.
Lors de
sa participation à la Grande Marche du Retour, Mariam Abu Daqqa, membre du
Comité central du Front populaire pour la Libération de la Palestine [FPLP], a déclaré à Al-Monitor: « La
participation active des femmes à la Grande marche du retour n’est pas une
surprise compte tenu de toutes les initiatives menées par les femmes dans notre
histoire. Les femmes saisissent toutes les occasions d’affirmer leur présence
dans ces événements et de changer la perception négative du rôle des femmes
dans la société palestinienne. »
À l’est
du camp de réfugiés de Bureij dans le centre de la bande de Gaza, Ibtisam
Nassar, âgée de 52 ans, était assise avec ses filles, ses fils et ses
petits-enfants dans la tente que sa famille a érigée sous le nom de « La
famille Nassar ».
Elle a
déclaré à Al-Monitor: « Nous participons pour augmenter le nombre de
manifestatnts et sensibiliser la nouvelle génération sur notre patrimoine et
l’histoire des villages abandonnés par nos ancêtres en 1948. Nous leur
enseignons que le droit au retour et à la vie dans la patrie est
irréversible. »