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Le premier film kényan sélectionné à Cannes est censuré dans son pays

Courrier International, 28/04/2018

Les
autorités kényanes ont décidé vendredi 27 avril d’interdire “Rafiki”
sélectionné pour le Festival de Cannes (8-19 mai). Ce long-métrage de la
réalisatrice Wanuri Kahiu est accusé de promouvoir l’homosexualité.
Des
militants pour les droits des personnes homosexuelles, le 23 janvier 2007, à
Nairobi, au Kenya. PHOTO / ANTONY NJUGUNA / REUTERS

C’est
seulement quelques jours après une interview à
la chaîne américaine CNN donnée par le président kényan, Uhuru Kenyatta
,
dans laquelle “il dénonce l’homosexualité comme étant contraire aux croyances
culturelles de la majorité des Kényans” que “Rafiki” a été interdit, note The Star.
Cependant,
le film présente comment la minorité silencieuse est en train de souffrir dans
la société par crainte d’exprimer sa préférence sexuelle”, rappelle le
quotidien kényan.
“Rafiki”
– qui veut dire “ami” en langue locale swahili – raconte l’histoire d’amour de
deux adolescentes. Une relation difficile à vivre dans un
environnement hostile.
Le
long-métrage doit être projeté à Cannes dans la sélection “Un certain regard”.
Mais le Comité national kényan de classification des films (KFCB) a jugé que
“Rafiki” avait la “claire intention de promouvoir le lesbianisme au Kenya ce
qui est contraire à la loi”.
14 ans
de prison
Comme
dans de nombreux pays en Afrique, l’homosexualité est illégale au Kenya. Elle
est punie de 14 ans de prison. L’interdiction du film sur les grands
écrans survient alors qu’une association luttant pour les droits des personnes
homosexuelles a déposé une demande devant la justice kényane pour abolir ces
lois anti-gay, imposées sous la colonisation anglaise et
jugées discriminante.
“Nous
pensons que les adultes kényans sont suffisamment mûrs et perspicaces pour
regarder [ce film] mais on leur en a retiré le droit”, a réagi sur Twitter
la réalisatrice.