General

États-Unis. La Louisiane ne poursuivra pas deux policiers blancs responsables de la mort d’un Noir

Courrier International, 28/03/2018 – 06:58

À
l’été 2016, la mort d’Alton Sterling, un vendeur de CD abattu
par un policier, avait provoqué de fortes tensions en Louisiane. Le procureur
général de cet État a annoncé ce 27 mars qu’il ne poursuivrait pas les
agents concernés.
L’épicerie
devant laquelle Alton Sterling a été abattu par un policier blanc en juillet
2016 (archive). Jonathan Bachman (Reuters)
La
Louisiane ne poursuivra pas Blane Salamoni et Howie Lake II. Ces deux
policiers blancs sont responsables de la mort d’Alton Sterling, un homme
noir de 37 ans, à Bâton-Rouge à l’été 2016. “Nous avons conclu que les
agents en question ont agi raisonnablement dans le respect de la loi et que
l’usage de la force était justifié”, a déclaré Jeff Landry, le procureur
général de l’État du sud des États-Unis.
Le
5 juillet 2016, les deux agents interpellent M. Sterling devant
l’épicerie où il vend des CD à la sauvette. Son profil correspond au
signalement fait plus tôt d’un homme portant une arme. Il résiste à son
arrestation. Après avoir utilisé un pistolet à impulsion électrique
de type Taser, M. Salamoni lui tire dans le dos puis dans la poitrine à
plusieurs reprises. Le policier affirme que Sterling cherchait à
attraper son arme. L’interaction, filmée par des témoins avec un téléphone
portable, a duré à peine 1 minute et 30 secondes. “L’exact enchaînement
menant à sa mort reste flou”, commente Vice.
Comme le
rappelle le New York Times
, ce drame a eu des répercussions
nationales. Au-delà des manifestations massives dans la capitale de la
Louisiane, il a relancé le débat sur les méthodes policières et l’influence de
la question raciale dans le maintien de l’ordre.
Une
décision qui n’a surpris personne
Jeff
Landry avait annoncé sa décision quelques minutes plus tôt aux proches de
l’homme abattu. “Les membres de la famille de Sterling étaient visiblement
bouleversés”, décrit CNN,
citant la tante de la victime : “Ils ne vont poursuivre
personne. Mais pourquoi le feraient-ils
? C’est l’Amérique des Blancs.”
La
chroniqueuse politique de The Advocate, le quotidien de Baton Rouge,
souligne
que Landry “gère son ministère en se présentant ouvertement
comme un politicien conservateur et un homme qui fait respecter la loi et
l’ordre”. Sa décision n’a donc pas surpris dans la région.
Si, comme le fait
remarquer le Los Angeles Times
, il s’agit de la première affaire de
ce type “sous l’administration Trump et son ministre de la justice Jeff
Sessions”, sa conclusion a finalement de nombreux précédents.
“C’est le
dernier exemple en date de la rareté des condamnations des policiers pour des
violences commises sur des suspects”, signale le New York Times. Une étude
d’une université de l’Ohio a recensé 80 policiers arrêtés pour violences
entre 2005 et avril 2017. 35 % d’entre eux ont été condamnés.
Des
sanctions disciplinaires possibles
Salamoni
et Lake ont été mis à pied sans perte de salaire après la fusillade. Selon The
Advocate
, ils ont touché à eux deux 130.
000 dollars depuis juillet
2016. Mais la décision de Landry n’est pas “le dernier chapitre de
l’affaire”, insiste CNN. Les deux hommes pourraient faire face à des
sanctions disciplinaires. Le New York Times sous-entend que le chef de la
police locale et la maire de Baton Rouge y sont disposés.

Le climat
est d’autant plus tendu que la mort d’un jeune homme noir tué par la police
agite le pays. Le 18 mars, à Sacramento (Californie), les forces de
l’ordre ont tiré à 20 reprises sur Stephon Clark, un jeune homme de
22 ans. Il était dans son jardin. Son téléphone portable a été pris pour
une arme.