General

Birmanie: sortie de prison pour un moine ultra-nationaliste

Rangoun
(AFP), Courrier International, 09.03.2018  

Le moine birman ultra-nationaliste
Parmaukkha fait une déclaration à la presse à sa sortie de prison, le 9 mars
2018 à Rangoun – AFP

Un des
moines bouddhistes ultra-nationalistes les plus influents de Birmanie est sorti
de prison vendredi après avoir purgé une rare peine prononcée contre un moine,
pour l’organisation d’une manifestation anti-rohingya à Rangoun en 2016.
“Il
a du travail à accomplir… J’aime tout ce qu’il fait pour la religion et la
Nation”, a confié à l’AFP Aye Lay, 32 ans, parmi les dizaines de fidèles
venus attendre le moine Parmaukkha à sa sortie de prison.
Celui-ci
s’est abstenu de tout commentaire politique et s’est ensuite rendu, avec ses partisans,
à la célèbre pagode bouddhiste Shwedagon pour prier.
Il avait
été condamné en novembre 2017 à trois mois de prison. Je “n’ai fait que
protéger la souveraineté de l’Etat”, avait alors déclaré le moine.
Celui
qui, à 54 ans, est un des fondateurs du mouvement extrémiste bouddhiste Mabatha
répondait des chefs d’accusation d'”incitation à la violence” et
“trouble à l’ordre public” pour une manifestation organisée en avril
2016 devant l’ambassade des Etats-Unis.
Les
nationalistes bouddhistes reprochent à Washington l’usage du mot
“Rohingya”, les membres de cette minorité musulmane apatride étant
qualifiés de “Bangladais” en Birmanie, pour souligner le fait qu’ils
sont vus comme des immigrés illégaux du Bangladesh.
Des
civils bouddhistes nationalistes sont accusés d’avoir participé à ce que l’ONU
qualifie d'”épuration ethnique” par l’armée contre la minorité
rohingya. Près de 700.000 d’entre eux ont fui au Bangladesh voisin depuis fin
août 2017.
La haine
des musulmans est notamment attisée par le moine Wirathu, figure la plus connue
du mouvement MaBatha, qui se voit comme une vigie contre la menace d’une
islamisation de la Birmanie, pays qui compte moins de 5% de musulmans.
Facebook
a fermé le compte de Wirathu, artisan avec Parmaukkha de la montée de
l’islamophobie dans ce pays d’Asie du Sud-Est. Wirathu est interdit de sermons
depuis l’an dernier, en raison de sa propension aux discours haineux.
En mai
dernier, Facebook avait banni des dizaines d’internautes qui avaient utilisé le
mot “kalar”, terme utilisé notamment par les nationalistes
bouddhistes extrémistes pour désigner la minorité musulmane.