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Près de Lille, Florine l’infirmière héberge deux mineurs étrangers et «ça se passe très bien»

Mikael Libert 05/12/17
Elle a ouvert davantage que les portes de sa maison. Utopia 56, association venant en aide aux réfugiés, a lancé l’opération « Au chaud les ados » dans le but de sortir de la rue les mineurs étrangers isolés en développant un réseau d’hébergement citoyen. Rencontre avec Florine, une jeune nordiste, qui accueille chez elle deux adolescents guinéens.

Ils dormaient dans un camp faute de place en foyer.
En rase campagne, entre Lille et Orchies, Florine habite une jolie maison fraîchement rénovée. Il y a quelques semaines encore, cette infirmière libérale de 25 ans ne partageait son espace qu’avec Nesquik, son chien. Mais l’évacuation du camp de Saint-Sauveur, à Lille, a bouleversé son quotidien : « Après leur arrivée de Guinée, Bangaly et Ibrahima ont été reconnus mineurs par l’ Aide sociale à l’enfance (ASE). Mais, faute de place en foyer, ils dormaient dans le camp, explique Florine. Quand il a été démantelé, je les ai emmenés chez moi en attendant que l’ASE leur trouve une solution. »
La jeune femme avait déjà hébergé des demandeurs d’asile, mais pas dans la durée. « Au début, mes proches avaient un peu peur pour moi parce que je vis seule mais ils étaient contents que je le fasse », poursuit-elle. Aujourd’hui, les deux ados partagent la vie de Florine depuis plusieurs semaines et « ça se passe bien, elle est très gentille », glisse Bangaly, 14 ans.


« Je me vois comme une grande sœur »
Leur bonne fée les a inscrits au club de football d’un village près de chez elle où ils « ont été accueillis à bras ouverts », se réjouit-elle, ajoutant que les mamans des autres jeunes leur donnaient même des vêtements. Florine a aussi mis en place des cours de français et de maths chaque jour avant de pouvoir les inscrire au collège. « Je ne me vois pas comme une maman, plutôt comme une grande sœur », sourit-elle.
Leur quotidien est rythmé par les cours, les devoirs, le sport, les balades à vélo, la télé et quelques tâches ménagères. « J’appelle aussi ma maman tous les jours », confie Bangaly. Les deux ados espèrent pouvoir rester en France, pour y faire des études. Bangaly rêvait de devenir joueur de foot professionnel et Ibrahima, plus pragmatique malgré ses 15 ans, se voit bien ingénieur dans l’informatique.
Utopia 56 souhaite étoffer son réseau d’hébergement citoyen qui ne compte, pour l’instant, que six familles dans le Nord. Les volontaires signent une convention qui encadre l’accueil des mineurs. Tous les renseignements sont disponibles sur le site internet de d’Utopia 56.