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Pauvreté en Tunisie : grève générale à Sejnane, où une mère a tenté de s’immoler

Jeune Afrique 22 novembre 2017
Une mère de cinq enfants a tenté de s’immoler pour protester contre l’arrêt d’une aide sociale, la semaine dernière à Sejnane, dans le nord de la Tunisie. Un acte de désespoir qui a mis les habitants de la ville dans la rue ce mercredi.

Une grève générale pour protester contre la pauvreté a été observée, mercredi 22 novembre, à Sejnane, dans le nord de la Tunisie, où une femme a tenté de s’immoler par le feu après la suppression d’une aide sociale. Écoles, commerces et administrations étaient fermés dans la journée, à l’exception des pharmacies, des urgences de l’hôpital et des boulangeries, ont indiqué à l’AFP un responsable syndical et un militant associatif.
Dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on peut voir une large foule défiler. « Travail, liberté, dignité nationale », « Nous sommes tous Radhia Mechergui », ont scandé les manifestants. La rue est en train de bouillir
Radhia Mechergui est une mère de cinq enfants habitant à Sejnane, dont le mari est malade et qui recevait une aide sociale de 150 dinars (51 euros). Le versement ayant été annulé, elle a fait plusieurs réclamations restées sans réponse. Elle s’est immolée par le feu la semaine dernière dans l’enceinte de la sous-préfecture, et est depuis hospitalisée.
Le sous-préfet de Sejnane a reconnu « qu’il n’y avait aucune raison à l’arrêt de cette subvention ». « Elle bénéficiait de cette prime jusqu’en 2016, date à laquelle l’assistance sociale de la région a décidé de l’arrêter (…). Il n’y avait vraiment aucune raison de priver cette femme aux conditions sociales difficiles de cette subvention« , a dit à l’AFP le sous-préfet, Ali Hamdouni. « L’assistance sociale doit assumer les conséquences de ce qu’elle a fait ».
Une pauvreté en hausse
Selon Amor Barhoumi, le secrétaire général du syndicat UGTT à Sejnane, « l’acte de désespoir et de colère de Radhia Mechergui est l’étincelle qui a déclenché la colère des habitants de Sejnane ». Car « la rue est en train de bouillir ». 
Dans un rapport, le FTDES, une ONG tunisienne, a jugé qu’un réel changement se faisait toujours attendre en termes de droits économiques et sociaux en Tunisie,sept ans après la révolution qui a renversé la dictature.
En dépit d’avancées démocratiques, « le chômage, la misère et les inégalités sociales et régionales se sont aggravés », a averti le FTDES, en soulignant le risque d’instabilité que cela entraîne.