General

En France, un million de personnes n’ont pas accès à l’eau

9 Juin 2017


Onze ans après la loi sur l’eau de 2006, il manque toujours les systèmes de solidarité qui aideront tous les ménages démunis à avoir de l’eau potable pour vivre dignement, expliquent les auteurs de cette tribune.

Henri Smets est membre de la Coalition eau et Emmanuel Poilane, de l’association France libertés.

En France, environ un million de citoyens ne bénéficient d’aucune mesure pour faciliter leur accès à l’eau potable ou pour en payer la facture s’ils sont démunis. Ce million de citoyens oubliés comporte en premier lieu les personnes sans logement, sans branchement à l’eau, vivant dans la rue ou dans des cabanes, sous la tente ou dans des véhicules. Ils ont plus que quiconque des besoins élémentaires à satisfaire : manger, boire, se laver. Afin de préserver leur dignité, toutes ces personnes démunies devraient avoir à leur disposition au moins un point d’eau dans chaque commune. Elles devraient aussi pouvoir accéder à des toilettes gratuites et, si possible, à des douches.

En second lieu, il faut prendre en compte tous les usagers des services de distribution d’eau qui sont tenus de consacrer une part excessive de leurs faibles ressources pour payer leurs factures d’eau. La loi sur l’eau de 2006 avait déjà prévu que chaque personne a le « droit » d’accéder à l’eau potable « dans des conditions économiquement acceptables », mais cette loi n’a pas précisé comment rendre le prix de l’eau abordable. Autrement dit, à ce jour, ce droit à l’eau est en vigueur pour tous… sauf pour les plus pauvres que la loi aurait pourtant dû protéger.

Avec l’augmentation progressive du prix de l’eau et la création de fortes disparités entre les tarifs des services de l’eau, plusieurs centaines de milliers de ménages ne sont plus en mesure de payer leur eau. Ils sont contraints de choisir entre se priver de nourriture, de soins de santé, tarder à payer l’eau, voire à ne pas la payer du tout. Dans certaines collectivités, la situation est dramatique, car l’eau y est vendue au double du prix moyen national.