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La centrale à biomasse de Gardanne est un contre-sens écologique, selon les opposants

4 Fevriér 2017


La centrale thermique de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, est adaptée pour fonctionner avec du bois, encouragée par les subventions. Pourtant, les opposants au projet n’y voient aucun caractère écologique : sa colossale consommation de bois va déstructurer les filières locales, multiplier les trajets en camion et les émissions de polluants dans l’atmosphère. Ils manifesteront leur désaccord sur place dimanche 5 février.
Gardanne (Bouches-du-Rhône), correspondance
Dimanche 5 février, les opposants à la centrale biomasse de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, convergeront des Hautes-Alpes, du Verdon, du Luberon, des Cévennes… comme ils l’avaient fait en octobre 2014, dans l’ancienne ville minière.
C’est une longue histoire. À la centrale thermique de Provence, jusque-là intégralement alimentée au charbon, la tranche 4 doit être transformée pour brûler du bois. En 2011, le Grenelle de l’environnement avait consacré le développement de la biomasse. L’État proposa de financer des centrales électriques dont le combustible se constitue de bois et de végétaux. E.ON, alors troisième acteur mondial de distribution d’énergie, saisit l’occasion pour proposer la mutation d’une unité de sa centrale située à proximité d’Aix-en-Provence. 1,5 milliard d’euros d’aides publiques sur 20 ans lui étaient promis au passage. La municipalité (PCF) de Gardanne et la section CGT de la centrale ont soutenu le projet, et continuent de le faire, au nom de la défense des emplois. Uniper, d’abord filiale d’E.ON avant d’être indépendante en 2016, a récupéré la gestion de l’opération. Celle-ci est présentée comme écologique au motif que le bois constitue une source d’énergie renouvelable. Une affirmation qualifiée de « biomascarade » par les opposants, qui dénoncent l’origine et les volumes des approvisionnements comme véritables menaces pour la forêt, mais aussi les pollutions du transport et de l’incinération.
De gros consommateurs qui poussent à l’industrialisation de la forêt 

Les Hautes-Alpes, le Verdon, le Luberon, les Cévennes font partie d’une zone d’approvisionnement jugée comme prioritaire par Uniper. La ressource en bois sollicitée est monumentale. 850.000 tonnes par an, « soit 2.300 tonnes par jour », selon les calculs de Claude Calvet, de SOS forêts du Sud. Le collectif craint que cette masse pèse sur la forêt méditerranéenne déjà fragile, peu productrice et soumise à d’autres sollicitations : 150.000 tonnes annuelles pour la centrale de Pierrelatte (Drôme), 180.000 pour le projet Innova à Brignoles (Var) et 1,2 million pour la papeterie de Tarascon (Bouches-du-Rhône). Autant de gros consommateurs qui poussent à l’industrialisation de la forêt. « Ces installations très consommatrices de bois se sont installées dans une région qui en produit peu et mal. Nous ne sommes pas dans le Jura ! » dit au journal Le Ravi Jérôme Dubois, professeur à l’institut d’urbanisme et d’aménagement d’Aix-en-Provence.
Face au projet gardannais, la région Paca (avant qu’elle ne soit dirigée par la droite, en 2016), le département des Alpes-de-Hautes-Provence, les parcs naturels régionaux du Luberon et du Verdon, 9 communautés de communes et 41 communes des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes s’opposent ou émettent des réserves. Concerné par une fourniture de 35.000 tonnes par an, le Parc national des Cévennes se pose cependant en partenaire d’Uniper. Par le projet Cevaigoual, porté par le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) et adoubé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le Parc entend « favoriser la valorisation des ressources forestières là où elles sont sous-exploitées, pour alimenter la filière bois, notamment les réseaux de chaleur et les chaudières à bois ». Priorité est donnée aux chaufferies locales avant que d’autres chaudières plus grosses et plus éloignées, comme celle d’Uniper, viennent se servir.