Tulsi Gabbard : « Le peuple syrien veut désespérément la paix »
29 Janvier 2017
Tulsi Gabbard, représentante démocrate d’Hawai’i à la Chambre des représentants US, vétérane de la guerre d’Irak, de retour de Syrie
Tandis que Washington se préparait pour l’inauguration du Président Donald Trump, j’ai consacré la semaine dernière à une mission d’enquête en Syrie et au Liban pour voir et entendre directement le peuple syrien. Leurs vies ont été consumées par une guerre horrible qui a tué des centaines de milliers de Syriens et a forcé des millions à fuir leur patrie en quête de paix.
C’est maintenant plus clair que jamais : cette guerre visant à un changement de régime ne sert pas les intérêts des USA, et n’est certainement pas dans l’intérêt du peuple syrien.
Nous avons rencontré ces enfants dans un refuge à Alep, leurs familles ayant fui la partie Est de la ville. La seule chose que ces enfants veulent, la seule chose que tous ceux que j’ai rencontrés veulent, c’est la paix. Beaucoup de ces enfants n’ont connu que la guerre. Leurs familles n’ont pas de souhait plus cher que de rentrer chez elles, et de revenir à la vie qu’elles connaissaient avant le début de la guerre visant à renverser le gouvernement. C’est tout ce qu’elles veulent.
J’ai voyagé à travers Damas et Alep, écoutant des Syriens de différentes parties du pays. J’ai rencontré des familles déplacées de la partie orientale d’Alep, de Raqqa, de Zabadani, de Lattaquié et de la périphérie de Damas. J’ai rencontré des leaders de l’opposition syrienne qui ont mené des manifestations en 2011, des veuves et des enfants d’hommes qui luttent pour le gouvernement et des veuves de ceux qui luttent contre le gouvernement. J’ai rencontré le Président du Liban nouvellement élu [Michel] Aoun et le Premier ministre [Rafik] Hariri, l’ambassadrice US au Liban Elizabeth Richard, le Président syrien Assad, le grand Mufti Hassoun, l’archevêque Denys Antoine Chahda de l’Église catholique syrienne d’Alep, des chefs religieux musulmans et chrétiens, des travailleurs humanitaires, des intellectuels, des étudiants, des petits propriétaires, et plus encore.
Leur message au peuple US-américain était puissant et cohérent : il n’y a aucune différence entre les rebelles « modérés » et Al-Qaïda (al-Nusra) ou Daech – ce sont tous les mêmes. Il s’agit d’une guerre entre des terroristes sous le commandement de groupes comme Daech et Al-Qaïda et le gouvernement syrien. Ils appellent instamment les USA et d’autres pays à arrêter de soutenir ceux qui détruisent la Syrie et son peuple.
J’ai entendu ce message encore et encore de ceux qui ont souffert et ont survécu à des horreurs inexprimables. Ils m’ont demandé de faire entendre leur voix au monde; des voix frustrées qui n’ont pas été entendues en raison de faux rapports unilatéraux et biaisés faisant la promotion d’un récit qui soutient cette guerre de changement de régime au détriment des vies syriennes.
J’ai entendu des témoignages sur la façon dont les manifestations pacifiques contre le gouvernement qui ont débuté en 2011 ont été rapidement prises en main par des groupes de djihadistes wahhabites comme Al-Qaïda (al-Nusra) qui étaient financés et soutenus par l’Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, les USA et d’autres. Ils ont exploité les manifestants pacifiques, occupé leurs communautés, et tué et torturé les Syriens qui ne voulaient pas coopérer avec eux dans leur lutte pour renverser le gouvernement.
J’ai rencontré une fille musulmane de Zabadani qui a été enlevée, battue maintes fois et violée en 2012, alors qu’elle n’avait que 14 ans, par les « groupes rebelles » qui étaient en colère contre son père, un éleveur de moutons, qui refusait de leur donner son argent. Elle a regardé avec horreur les hommes masqués assassiner son père dans leur salon, vidant tous leurs chargeurs sur lui.
J’ai rencontré un garçon qui a été kidnappé en marchant dans la rue pour acheter du pain pour sa famille. Il a été torturé, soumis au waterboarding, électrocuté, placé sur une croix et fouetté, tout ça parce qu’il refusait d’aider les « rebelles » – il leur a dit qu’il voulait seulement aller à l’école. Voilà comment les « rebelles » traitent les Syriens syrien qui ne coopèrent pas avec eux ou dont la religion n’est pas acceptable pour eux.
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