par Milena Rampoldi, ProMosaik, traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala, 27 novembre 2016.
Vous n’avez pas besoin d’être un super-héros : ça commence par vous et ça reste chez lui
Ci-dessous un entretien avec Clay Jones, chargé de communication à White Ribbon (Ruban blanc), en Ontario (Canada). ProMosaik lutte pour les droits des femmes en partant de l’hypothèse qu’il n’y a pas de féminisme qui n’ implique pas toute la société. Les hommes doivent aussi faire partie du mouvement féministe pour mettre un terme à la violence de toutes sortes contre les femmes, en particulier la violence domestique.
Quel est l’objectif principal de White Ribbon?
Le principal objectif de WR est de travailler avec les garçons, les jeunes hommes et les hommes pour mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles, promouvoir l’égalité de genre, des relations saines et une nouvelle vision de la masculinité. Nous travaillons à examiner les causes profondes de la violence basée sur le genre et à créer un changement culturel qui nous aide à atteindre un avenir sans violence. Notre vision est pour une masculinité qui incarne les meilleures qualités de l’être humain. Nous croyons que les hommes font partie de la solution et font partie d’un avenir sûr et équitable pour tous. Remettre en cause les concepts négatifs et obsolètes de la virilité inspirera les hommes à comprendre et à prendre à bras-le-corps le potentiel incroyable qu’ils ont pour pouvoir être parties prenantes d’un changement positif.
Que signifie le nouveau concept de masculinité pour vous?
Un nouveau concept de masculinité est celui qui remet en question les idéaux hégémoniques et démodés de ce que signifie être un homme, qui favorise la profondeur émotionnelle, l’épanouissement et la force positive.
ProMosaik est convaincue qu’il n’y a pas de féminisme si on n’implique pas les hommes qui luttent pour les droits des femmes. Qu’en pensez-vous ?
Nous pensons qu’il est important pour les hommes de travailler avec d’autres hommes dans un cadre pro-féministe. Nous espérons que les hommes impliqués dans le travail contre la violence créent des espaces pour d’autres qui ont déjà eu, de façon constante, ces conversations, mais qui n’ont peut-être pas fait entendre leur voix. Les hommes devraient se dédier à remettre en question la misogynie institutionnalisée, le racisme, le classisme et les privilèges. Nous comprenons cependant que cela peut être un défi difficile à relever si vous n’êtes pas encore en mesure de voir comment vous avez été privilégié par le statu quo actuel. Et que nous ne sommes pas parfaits et devons garder cela à l’esprit aussi.
Parlez-nous de la boîte à outils Make the Call (Faites l’appel).
La boîte à outils Make the Call est l’aboutissement d’un programme pluriannuel en partenariat avec le Toronto Argonauts Canadian Football Club. Le projet visait à fournir un appui technique et émotionnel aux initiatives dirigées par les étudiants qui affrontent la violence sexiste dans les écoles secondaires. Nous voulions un moyen pour les écoles de continuer le projet au-delà de la portée originale, nous avons donc créé une trousse à outils pour les enseignants, les entraîneurs et autres mentors, qui cartographie le projet étape par étape, pour permettre aux étudiants de poursuivre cet important travail de manière autonome. Il est gratuit et disponible en ligne:http://www.whiteribbon.ca/emodules/humc/story.html
Quels sont les principaux objectifs de votre campagne Draw the Line (Tracer la ligne/Placer la limite) ?
Draw the Line est un partenariat de programme entre plusieurs oranisations, dirigé par l’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes (AOcVF) et la Coalition ontarienne des centres de crise de viol (OCRCC). Les contributions de White Ribbon se concentrent sur des scénarios et des actions que les hommes peuvent entreprendre. L’objectif de la DTL est de faire participer les Ontariennes et les Ontariens à un dialogue sur la violence sexuelle. La campagne met en question les mythes communs sur la violence sexuelle et fournit aux personnes assistant à des violences des informations sur la façon d’intervenir en toute sécurité et efficacement, sur la façon de repérer la violence sexuelle et leur donner les moyens de faire la différence.
Qu’avez-vous réalisé jusqu’à maintenant et quels sont les principaux objectifs pour l’avenir?
On ne peut détaillerl ce qu’on a réalisé lorsqu’on travaille à un changement social à l’échelle de générations. Ce travail prend du temps. On peut dire qu’il y a eu un changement notable en direction d’une place hégémonique donnée aux idéaux pro-féministes, d’une possibilité offerte aux aux hommes d’exprimer leurs émotions, et d’exercer une paternité saine, engagée et positive. Nos principaux objectifs pour l’avenir sont de poursuivre le dialogue avec les hommes, en œuvrant à promouvoir le consentement actif dans leur vie quotidienne, en nous exprimant contre la violence et en créant des espaces pour les voix marginalisées et, bien entendu, en cherchant à mettre fin à toute violence domestique.
