General

Wikileaks, trouble-fête des élections présidentielles américaines de 2016

26 Septembre 2016

Le fondateur de Wikileaks s’explique sur les rumeurs qui l’accusent de travailler pour M. Poutine et ses services de renseignement. Il revient sur l’ampleur de la conspiration qui a contribué à affaiblir l’influence de Bernie Sanders auprès de l’électorat américain. Il explique aussi dans quelle mesure Hilary Clinton est, sur tous les plans, beaucoup plus impliquée auprès des Russes, dISIS/Daesh et des Saoudiens que son opposant, M. Donald Trump.


Julian Assange vient de fêter sa quatrième année de réclusion forcée dans l’ambassade d’Équateur à Londres. Les médias le disaient déprimé et malade ; ces rumeurs ont été confirmées par Wikileaks le 14 septembre 2016[1]. M. Assange souffre de détérioration physique et psychologique dues à ses 4 ans d’enfermement. Mais il est plus actif que jamais. Cette interview[2] filmée dans son « bureau/salon » de l’ambassade le montre certes, vieilli et anxieux, mais doué d’un esprit clair et concis.

 Le média indépendant Wikileaks peut-il influencer le résultat des prochaines élections présidentielles américaines du 8 novembre 2016 ? C’est ce que Julian Assange a affirmé le 25 août 2016, en annonçant que les prochaines révélations du lanceur d’alerte seront « significatives » et « inattendues » voire même « amusantes »[3]. L’énorme intérêt suscité par ces déclarations pourrait avoir un effet délétère sur la cote de popularité de Mme Hilary Clinton, déjà affaiblie par les scandales et ses récents problèmes de santé. Ces nouveaux documents, « des milliers de pages », selon M. Assange, devraient être publiés à l’automne et très certainement avant le 8 novembre 2016, date des élections américaines.

Voilà de quoi épouvanter le clan Clinton et les responsables du DNC, le comité national du parti Démocrate, dont les coups tordus contre l’autre candidat démocrate, Bernie Sanders, avait été révélés dans une série de 20.000 emails [4] publiés par Wikileaks en le 22 juillet 2016. Les courriers électroniques venaient des messageries de sept hauts responsables du DNC ; le directeur de la Communication Luis Miranda (10.770 emails), le directeur des finances nationales Jordon Kaplan (3.797 emails), le chef de l’’état-major financier Scott Comer (3.095 emails), le directeur financier des initiatives stratégiques Daniel Parrish (1.472 emails), du directeur des finances Allen Zachary (1.611 emails), du conseiller Andrew Wright (938 emails) et du directeur financier de la Californie du Nord Robert (Erik) Stowe (751 emails)[5].

On y découvrait entre autres, de quelle façon ces personnages et, en particulier, l’ancienne directrice de campagne de Mme Hilary Clinton lors les élections de 2008, Mme Debbie Wasserman Schultz, et M. Luis Miranda, avaient délibérément conspiré contre M. Sanders. Ces révélations ont entraîné la démission de Mme Wasserman Schultz, de la directrice exécutive Amy Dacey, du chef des finances Brad Marshall et du directeur des communications Luis Miranda. Un scandale inouï au sein de l’establishment américain pris la main dans le sac ! Des pratiques injustifiables et choquantes qui, loin d’apaiser les esprits, remettent en question l’ensemble du processus de sélection des candidats démocrates et jettent de sérieux doutes sur la légitimité de Mme Hilary Clinton à représenter l’électorat démocrate en novembre.

L’interview

Cette interview est menée par le journaliste anglais Ashfin Rettansi, présentateur et rédacteur de l’émission de RT « Going Underground  ». Le 6 août 2016, il a interrogé Julian Assange dans les locaux de l’ambassade d’Équateur à Londres.

Ashfin Rettansi :

Julian Assange, merci pour cette interview. Craignez-vous d’apparaître sur la chaine de télévision Russia Today (RT) après avoir été accusé par Hilary Clinton de travailler pour le gouvernement russe ?

Julian Assange :

Je ne pense pas que Wikileaks soit constamment préoccupé par l’image qu’on lui donne dans les médias. On m’a accusé d’être un agent du Mossad ; la chose s’est tellement envenimée que l’ADL, la ligue anti diffamation (the Anti-Difamation League[6]) a dû publier un communiqué de presse qui niait que j’étais un agent du Mossad. Ce sont des choses qui arrivent… Nous sommes une publication ; la Russie a été impliquée dans cette affaire par Hilary Clinton, assez récemment, il y a quelques jours, sur la Fox ; je pense qu’il est nécessaire de parler au public de RT de la perception de WikiLeaks sur le sujet ainsi que de ses propres publications.

Tout le monde accepte les e-mails que nous avons publiés ; ces 20.000 courriers électroniques fuités du DNC sont tout à fait authentiques ; personne n’ose dire le contraire ; ce n’est pas une fabrication. C’est accepté par tout le monde. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que ce soit accepté par tout le monde car WikiLeaks a démontré un très grand sérieux et au cours des dix dernières années, nous n’avons jamais eu tort. C’est un résultat impressionnant. C’est aussi la raison pour laquelle nous prenons le temps de publier ce que nous avons parce que nous voulons conserver notre excellente réputation.

Maintenant, étant donné que la source réelle des e-mails est connue… dans le cas qui nous intéresse, il s’agit du DNC ; de Debbie Wasserman Schultz, et de Luis Miranda, le chef des communications. Nous savons qu’ils sont la source originelle. C’est donc un énorme problème pour l’état-major de la campagne de Clinton d’éluder et/ou d’échapper aux révélations de notre publication. Puisque le contenu est incontestable, il leur fallait faire entrer dans le jeu une tierce personne. Cet acteur qu’ils essaient d’imposer sont les services de renseignements russes…

A.R. :

Hilary Clinton a déclaré : « Nous savons que ce sont les services de renseignement russes qui ont piraté le DNC. Nous savons qu’ils se sont arrangés pour que les e-mails soient publiés. »

 J.A. :

En fait, il existe une légère variante… Je ne pense pas qu’elle ait mentionné le mot : « e-mails » ; elle a dit « certains documents ». Parce que la différence ici est de se demander s’il arrive que des acteurs agissants aux ordres de certains états piratent des organisations appartenant à d’autres pays. Est-ce que le gouvernement des États-Unis le fait ? Absolument. Ils ont piraté les partis politiques de nombreux pays. Est-ce que les services de renseignements français, chinois, russes, piratent des partis politiques en vue de recueillir des renseignements ? Oui. Ont-ils piraté le DNC ? Si vous lisez très attentivement, le DNC déclare avoir été piraté à plusieurs reprises au cours des deux dernières années. Notre source dit que la sécurité en ligne du DNC est comme un fromage suisse.

Le DNI, le directeur général des services de renseignements américains, a déclaré, il y a plusieurs mois de cela, que le RNC, le Comité National des Républicains[7] et le DNC sont tous deux régulièrement attaqués par une série d’acteurs, allant d’adversaires philosophiques aux états se livrant à l’espionnage en ligne. Prenons le grand patron du DNI, James Clapper, qui est responsable de toutes les agences du renseignement américain ; c’est le patron du directeur de la CIA… Bon. Si quelqu’un sait ce que les agences américaines de renseignement savent, c’est bien lui. Il sait tout. Vendredi dernier, il est intervenu pour dire qu’il y a beaucoup d’hyperventilation des médias dans cette affaire ; qu’ils n’ont aucune idée des raisons qui auraient motivé le piratage et qu’ils ne savent pas qui en est l’auteur. Si la tête du DNI relativise… Personne ne sait réellement qui sont les coupables.

Cela n’a rien à voir avec notre publication des e-mails. Dans les médias américains, on a assisté a eu une confusion délibérée entre ce qui concerne les fuites du DNC ; ce que nous avons publié jusqu’à présent et le piratage à proprement parler du DNC qui, selon leurs dires, est arrivé un certain nombre de fois au cours des deux dernières années.

Cette accusation a été lancée par Hilary Clinton sur la Fox et se doit d’être contestée, car elle nous concerne directement, nous et notre publication. Ce qu’elle cherche à faire est de créer la confusion autour de la publication de nos e-mails reconnus comme authentiques par le parti démocrate. Le fait que la directrice de la DNC, Debbie Wasserman Schultz ait démissionnée confirme leur authenticité. L’affaire du piratage du DNC et d’autres organisations politiques aux États-Unis, par une série d’acteurs inconnus n’a rien à voir avec ça

Au beau milieu de ces évènements, pour compliquer les choses, nous avons la publication d’e-mails réalisée par d’autres grands médias. Voilà une série de documents Word et PDF publiés par The Hill, par Gurkha, l’origine de la fuite de ces documents. Ceci est un lot d’e-mails complètement différents des nôtres, c’est-à-dire les 20.000 courriels authentiques publiés par nos soins.

Dans le lot de documents publiés par ces grands médias, les intéressés prétendent qu’il existe des métadonnées… Quelqu’un a fait la conversion de documents Word en PDF et dans certains cas, la langue de l’ordinateur utilisée pour la conversion était le russe. D’accord, c’est la preuve circonstancielle que des russes ou que quelqu’un voulant se faire passer pour russe seraient impliqués dans l’affaire. Ce n’est pas le cas du matériel que nous avons publié.

 A.R. :

Existe-t-il des connexions entre Hilary Clinton et la Russie ?

 J.A. :

Sur le plan stratégique Hilary Clinton a très bien joué son coup en essayant d’établir des connexions entre Trump et la Russie. Pourtant, c’est elle qui en a le plus. Selon moi, il n’existe pas de liens substantiels entre Trump et la Russie. Pourquoi dis-je cela ? Eh bien parce que Trump a essayé d’investir en Russie depuis des décennies, avant Poutine, dans les années 1990, et après Poutine. Et il n’a jamais eu de succès. Il n’a pas réussi à construire un seul hôtel en Russie. Voilà qui montre bien que ses contacts sont quasi inexistants.

Il existe au contraire une histoire de contacts extrêmement bien documentés en ce qui concerne Hilary Clinton. Quand elle était secrétaire d’État, les personnes, les entreprises, les gouvernements qui voulaient qu’elle agisse en leur faveur faisaient des dons importants à la Fondation Clinton. Dans d’autres cas, les entreprises intéressées se montrait généreuses avec son entourage immédiat.

Prenons, par exemple, un cas bien documenté : l’approbation par la secrétaire Clinton de la vente de 20% des droits de retraitement de l’uranium des États-Unis à une société russe. A la même époque, un don important a été fait par ces intérêts russes à la fondation Clinton. En outre, le directeur de campagne de Clinton, John Podesta, siégeait au conseil d’administration d’une société appelée Joule Unlimited. Eh bien, Joule Unlimited a reçu un investissement de 35 millions de dollars en provenance de Russie.

 AR. :

D’une compagnie d’état russe…

 J.A. :

Il faut ajouter que des Russes siégeaient au conseil d’administration avec Podesta…

 A.R. :

Donc, les e-mails publiés par Wikileaks révèlent qu’Hilary Clinton serait coupable de concussion…

 J.A. :

Je ne dirais pas concussion mais il existe des connexions bien plus profondes entre Hilary Clinton et la Russie ; bien plus qu’avec Trump, dans l’état actuel de nos connaissances.

A.R. :

Certains journalistes font valoir que c’est en fait le sujet des révélations qui est intéressant pour l’électorat américain alors que les grands médias s’interrogent sur vos connexions avec le Kremlin…

 J.A. :
Je pense que c’est une vraie question… Vous devriez demander aux sources d’information. La principale raison pour laquelle vous voulez connaître les sources d’une information est de vous assurer de leur véracité. Le gros problème vient des grands médias cités précédemment qui donnent des informations sans publier les documents originaux. Laissez-moi vous donner un exemple. Un exemple très très intéressant. J’ai fait quelques recherches sur le coup d’état en Turquie. On en parle peu ici en Occident mais en Turquie, les journaux turcs publient des éléments d’une théorie selon laquelle les États-Unis auraient été directement impliqués dans le coup d’état ; le renseignement américain a soutenu Gulen[8]. Selon le gouvernement turc, c’est l’acteur principal du coup d’état.

 A.R. :

Le président Erdogan veut l’arrêter.

 J.A. :

Oui et ils ont fait une demande d’extradition… Mais il existe un fait qui n’est pas beaucoup commenté. Au beau milieu du coup d’état, la NBC a déclaré qu’une source de l’armée américaine leur avait certifié qu’Erdogan, le président turc, était en route vers l’Allemagne pour demander l’asile politique. Que s’est-il donc passé ? Cette information a été diffusée sur l’ensemble de la planète et a été utilisée pour promouvoir les chances de succès du coup d’État en Turquie car un président en fuite signifiait qu’il avait perdu le contrôle. […]

A.R. :

Bien. Revenons au processus démocratique des Etats-Unis. Le lot d’e-mails que vous avez publié a dévoilé la campagne de désinformation organisée contre Bernie Sanders. Que s’est-il passé pendant ce processus ?

 J. A. :

Revenons en arrière. Hilary perd contre Obama. A l’époque, Tim Cain était à la tête du DNC, le Comité National du parti Démocrate. Debby Wasserman Schultz était la directrice de campagne d’Hilary Clinton. C’est alors qu’un accord est décidé. Debby Wasserman Schultz passe à la tête du DNC et Tim Cain démissionne. Si vous êtes Hilary Clinton et que vous pensez d’une façon stratégique, vous allez vous présenter une nouvelle fois aux prochaines élections présidentielles et votre ex directeur de campagne sera à la tête du DNC et contrôlera les fils qui mènent aux régulateurs ; à ceux qui sont chargés de réguler le processus de nominations pour le parti démocrate ; c’est un avantage stratégique énorme.

Ce qui revient constamment dans les 20.000 e-mails que nous avons publiés ; courriels issus des messageries de Debbie Wasserman Schultz du DNC et de 6 autres membres, responsables des finances, de la communication, etc., c’est qu’à l’intérieur du DNC, l’ensemble ou presque des membres de la direction, Debbie Wasserman Schultz, sa directrice, la première, complotaient contre Bernie Sanders en faveur d’Hilary Clinton.

Bien. Que faisaient-ils concrètement ? Il y a d’abord beaucoup de discussions ; des discussions sur un reporter à leur solde qui insiste sur le fait que Bernie Sanders pourrait être athée et que cela pourrait lui coûter tout le sud des Etats-Unis. Lorsque MSNBC, dans son programme matinal de grande écoute a défendu Bernie Sanders, Debbie Wasserman Schultz a personnellement téléphoné au président de la chaine de télévision. C’est extraordinaire que les médias américains n’en aient pas parlé. Debbie Wasserman Schultz a appelé le président de MSNBC pour faire pression sur lui et pour l’inciter à ne plus parler favorablement de Bernie Sanders dans le programme matinal de grande écoute Morning Joe. Mais, selon moi, ce qui est beaucoup plus préoccupant est que le directeur de communication du DNC, Luis Miranda, ait donné comme instruction à ses employés de fabriquer des informations ternissant la réputation de Bernie Sanders et de son mouvement, par exemple, en propageant l’idée que les supporters de Bernie Sanders étaient violents, et de propager l’information de façon, je cite : « à ce qu’on ne puisse l’attribuer à personne ». Pourquoi dis-je que c’est le plus préoccupant parce qu’il s’agit d’un ordre émis par le haut de la hiérarchie du DNC à ses employés. Il ne s’agit pas d’une personne donnant un coup de fil à un collègue ; et c’est fait dans le but de dépeindre les supporters de Bernie Sanders comme des gens violents. Ce n’est pas seulement une critique, c’est fait dans le but de calomnier un démocrate, de le salir aux yeux du public ; c’est le parti démocrate salissant un candidat démocrate aux yeux du public et ce par la calomnie et le mensonge.

 A.R. :

Est-ce qu’Hilary Clinton a utilisé la Libye comme plateforme pour vendre des armes à ISIS/Daesh en Syrie ?

 J.A. :

A l’époque où Hilary Clinton était à la tête des Affaires Etrangères, le gouvernement américain a effectivement utilisé la Libye pour vendre des armes aux djihadistes en Syrie. C’est reconnu ; pas seulement par des journalistes indépendants comme Hersh mais aussi par le New York times […] Dans le lot des 32.000 e-mails sur Hilary Clinton, publiés il y a quelques mois, 1700 sont liés à la Lybie. Je suppose que le plus connu, est celui que les journalistes nomment : « Le document où frime Hilary Clinton[9] ». Elle y commente en détail les différentes étapes de l’invasion de la Libye, d’un point de vue politique mais aussi, dans une certaine mesure, sur le plan organisationnel ; révélant comment elle a entraîné plus avant les Etats-Unis dans le conflit et comment elle y a amené des partenaires européens, etc.

 A.R. :

Avez-vous quelque chose à ajouter sur les révélations faites par la presse française en ce qui concerne le conglomérat Lafarge qui a fait des dons à la fondation Clinton et qui aurait financé ISIS/Daesh ? Existe-t-il des e-mails connectant Hilary Clinton à ISIS/Daesh à travers Lafarge ?

 J.A. :

La plus grande partie des informations sur le sujet provient du journal Le Monde qui est l’équivalent du New York Times en France, et ce qu’il montre est que Lafarge, un géant du ciment, entre autres choses, une compagnie multinationale, était impliqué dans le conflit syrien. Il est intéressant de noter que plus de 350 e-mails sont issus de notre lot publié sur la Syrie – je rappelle que nous avons publié deux millions d’e-mails sur la Syrie, certains d’entre eux de Bashar-El-asad lui-même. L’investigation de Le Monde a révélé que Lafarge a payé de l’argent à ISIS/Daesh ; sous forme d’impôts, si vous voulez, pour opérer tranquillement dans la région. Ils ont aussi signé un bon de nombre de contrats… L’implication d’Hilary Clinton dans l’affaire est que Lafarge a fait des dons à la Fondation Clinton entre 2015 et 2016. C’est récent. Vous demandez pourquoi ? Mais c’est qu’il existe une longue relation entre Daesh et Hilary Clinton.

 A.R. :

Quels sont les rapports entre Clinton et l’Arabie Saoudite ?

 J.A. :

Ils sont très importants. L’Arabie Saoudite est probablement le plus gros donateur de la fondation Clinton. Et vous pouvez voir qu’Hilary Clinton a beaucoup favorisé l’exportation d’armement vers l’Arabie Saoudite lorsqu’elle était secrétaire d’état […] Selon nous, et nous l’avons déjà dit, si les preuves que possède le FBI sont suffisantes pour inculper Clinton, il ne devrait pas être trop difficile de l’inculper… C’est simple comme bonjour… Je sais de quoi je parle car je suis moi-même inculpé par le département de justice américain et je sais de quoi il en retourne. Mais la justice devrait l’inculper. Et la justice ne le fait pas. Voilà en quoi consiste le problème.

Vous trouverez la transcription de l’interview en anglais à la suite de l’article.

 Ashfin Rettansi

The Clinton campaign has been hit by FBI investigation, the resignation of DNC chairperson Debbie Wasserman Schultz and cause for the imprisonment of Hilary Clinton herself. This all due to the WikiLeak 1000’s of personal emails from Clinton’s account ; separate to the one she should have been using on US state department servers. But could there be more that could put the presidential candidate behind bars ?

Julian Assange ; thanks for this interview. Are you worried that you are on this channel RT, after being accused by Hilary Clinton of working with the Russian government ? We know that Russian agencies hacked into the DNC ; WikiLeak is now publishing all the hacked emails ?

Julian Assange :

I don’t think Wikileak is being constantly concerned about PR. I have been called a Mossad agent ; it got so bad that in fact the ADL, the Anti-Defamation League had to put out a press release denying that I was a Mossad agent. I am not sure actually that’s particularly helpful ! So, its expected… We are a publication ; Russia has been brought up by Hilary Clinton, most recently ; a few days ago, on Fox ; I think that it’s necessary to address what WikiLeak feels of its perception, of its own publication to the RT audience. Everyone accepts that the emails that we have published ; 20.000 DNC leak emails are completely accurate ; so no one is saying : no I didn’t say that in the DNC emails ; it’s a fabrication, etc. That’s accepted. It’s not surprising that it’s accepted because WikiLeak has a 10-year publishing record where we have never got it wrong. That’s an impressive business ; it’s also why we take a while to publish what we have because we want to keep that record. Now, given that the real source is none… in this case is the DNC, it’s Wasserman Schultz, it is Luis Miranda, the head of communications. We know they are the original source. So there is quite a difficulty in the Clinton campaign to try and out move to the publication. So, the content itself is unquestionable so instead you have to bring in some other actor. So the actor they try to bring in is the Russian Intelligence Services…

A.R. : Hilary Clinton just said : “We know that the Russian Intelligence Services hacked into the DNC. We know that they arranged for emails to be released.”

J.A. : Actually, she has a slight variant… I don’t think she says email, she says “some documents”. Because the difference here is that do state actors hacked the political organisation of different countries. Does United States government do it ? Absolutely. Of course, it hacked political parties of many different countries. Does French intelligence, Chinese intelligence, Russian intelligence hack political parties in order to collect intelligence. Yes. Did they hack the DNC ? If you read very carefully, are they saying it’s been hacked many times over the last two years. And our source say that DNC security is like Swiss cheese. The DNI, the director of National Intelligence, several months ago said, both RNC, the Republicans and the DNC were being attacked by a range of actors from philosophical opponents to states engaged in espionage. Now, the head of the DNI, James Clapper, who is responsible for all US intelligence agencies ; he is the boss of the boss of CIA. If anyone knows what US intelligence agencies know ; he knows. And, on Friday, he had to come out and say that there is a lot of media hyperventilation, that they have no idea as to what motivation is, even if they did know who it was. So, the head of the DNI dampening down ideas that they know who it is. Now, this is a separate question to release our emails. In the USD media there has been a deliberate conflation between DNC leaks, which what we have been publishing and DNC hacks which have occurred over the last two years at their own admition, a number of times. I think this was brought up by Hilary Clinton on Fox and needs to be tackled because it concerns us directly and our publication. What she is attempting to do is to conflate our publication of pristine emails knowing that the Democratic party argues that even a single email is not completely valid. It has not been done, and the head of the DNC, Debbie W.S is out as a result. And whatever hacking has occurred, of the DNC or other political organisations in the United States, by a range of actors. Now, in the middle, we have something which is the publication by other media organisations. That’s a series of Word documents and PDF published by the Hill, by Gurkha, by the smoking gun. This is completely separate batch of documents compared with the 20.000 pristine emails we released. In this batch of documents released by these other media organisations, there are claims that in the metadata… someone has done a document to PDF conversion and that in some cases, the language of the computer that was used for that conversion was Russian. Ok, That’s the circumstantial evidence of that some Russian was involved, or someone who wanted to make it looked like it was a Russian was involved, with the other media organisations. That’s not the case for the material we released.

A.R. : Any Russian connections between Hilary Clinton and Russia ? Any Russian connections ?

J.A. : Hilary Clinton has done quite well strategically to try and draw connections between Trump and Russia. Because she has so many connections of her own. Now, my analysis of Trump and Russia is that there is no substantial connection. Why do I say that ? Well because Trump was trying to invest in Russia, before Putin in the 1990’s, after Putin, in fact, nearly all the way up to the present moment. And he has no success. He did not manage to build hotel in Russia. So that shows how insubstantial his contacts are. There is an extremely well documented pattern, when Hilary Clinton was secretary of state, those people, companies, governments who wanted a decision by the secretary of State in their favour making large donation to the Clinton Foundation or in some other cases, business deals with the people around Hilary Clinton. Now, one particular instance, is the approval by secretary Clinton of selling 20% of the US uranium reprocessing rights to a Russian company to be exported to Russia. So at that time, a large donation was made by those Russian interests to the Clinton foundation. In addition, Clinton campaign manager, John Podesta, was on the board of a company called Joule Unlimited ; and Joule Unlimited held somebody’s rights and received a 35-million-dollar investment from Russia.

AR. : That’s a Russian government company…

J.A. : And also, Russians were on the board with Podesta.

A.R. : So the kind of email revelations from WikiLeaks reveal that Hilary Clinton has a criminal stooge…

J.A. : I wouldn’t say criminal stooge, but there is a much deeper connection on record with Hilary Clinton and Russia that we are presently aware of with Donald Trump.

A.R. : Well, some journalists argue that it’s actually the subject of the revelations that is more interesting to the American voter about the elections while the media is fascinated about whether you work with the Kremlin, basically.

J.A. : I think it is a genuine question… you should ask the sources of information. The principle reason why you want to know the sources on the statement is to understand whether it’s true or not. The big issue in the case of other media organizations which are simply making claims of not publishing original documents. I give you an example. Very very interesting example. I’ve done some research on the Turkish coup. It’s not spoken about here in the West but within Turkey, the Turkish newspapers are publishing elements of a theory that the United States was directly involved in the coup ; the US intelligence backed Gulen. According to the Turkish government he is the leading actor in the coup.

A.R. : He’s wanted by president Erdogan.

J.A. : Yes and they put out an extradition request and so on… But one the key independent point of evidence, not coming from the interrogation in Turkey where people are interrogated under duress ; in the middle of the coup, NBC published that Erdogan was on his way to Germany to seek asylum ; and they say this was told to them by a US military source. So was the hell is going on there ? Because that went all the way around in the world and was used to further the chances of the success of the coup within Turkey because if the president has fled, then he’s lost control. […] That coup in Turkey was a very serious business. Hundreds of people have died but a hundred thousand people have been fired or arrested in a post-coup purge, opportunistically in some cases, political enemies of Erdogan ; in other cases, trying to purge the society of the Gulen movement.

A.R. : Because the Clinton foundation’s major donners include members of the Gulen movement that Erdogan says were responsible for the attempted coup.

J. A. : Right. Erdogan is going to look at that and treat Clinton suspiciously. Regardless of who becomes president of United States, you have an extremely large bureaucracy ; intelligence bureaucracy, which has its own mind but I think even if Trump is elected and purge the CIA, Erdogan will remain suspicious as long as Gulen being protected in Pensylvania.

A.R. : So, back to the democratic process in the United States, basically, the first batch you released showed that there was a dirty trick campaign against Bernie Sanders. What was going on during that process ?

J. A. : Go back : Hilary loses against Obama. A that point, at that point Tim Cain, what at the head of the DNC, the National Democratic Comity. Debby Bla bla was Hilary Clinton’s campaign manager. So then, some kind of deal is done. Where by, Debbie becomes the head of the DNC and Tim Cain steps down. Now, if you are Hilary and you are thinking strategically, and you are going to run again four years later, to have your campaign manager as the head of the DNC… control the rope of the regulators ; who is regulating the nomination competition, is a huge strategic advantage. Now, and that run forward in the 20.000 emails we released. Okay, they are from Debbie from the DNC and 6 others people, from finance, communication and so on… So what they show is that within the DNC there was a unity of the most senor people, including Debbie, to act against Bernie Sanders in the nomination process and for Hilary Clinton. Now, what particular actions were performed ? There are lots of discussions ; discussions about we can use a captive reporter and push out the fact that Bernie Sanders might be an atheist, and it’s going to cost him all the south. Where MSNBC on its most influencing morning program was defending Bernie Sanders, then Debbie called up the president of MSNBC. It’s amazing that it is not reported in the US media. Debbie, called up the president of MSNBC to apply pressure in relation to positive coverage about Bernie Sanders, on Morning Joe, a big morning TV program. Then, to my mind, what is the most serious from evidentry point of view, it is the communication director Luis Miranda, making an instruction to his staff, to pump out black propaganda story against Bernie Sanders saying that his supporters were violent, and to put this out in a, I quote : “un-attributable” manner. Why do I say that is the most serious because it was an instruction from the chain of command to staff ? It’s not one person calling up another person ; and it is to depict Bernie Sanders supporters as violent. So that it’s not just a critic, it is to demonize a democrat in the eyes of the public. The democratic party demonizing a democratic candidate in the eyes of the public through covered means.

A.R. : There is no way Hilary Clinton can win if there is a link between Hilary Clinton and ISIS/Deach. Now, I know WikiLeaks is reviewing all the emails. You have so many of them and you need to look at them and who they can damage who they can’t. All sorts of things. President Obama is now bombing Daech positions in Libya, so it’s reported. Did Hilary Clinton used Libya as a conduit to sell arms to ISIS/Daech in Syria ?

J.A. : The US government at th time Hilary Clinton was in charge of foreign policy, did use Libya as a conduit to get arms to jihadists in Syria. That’s well established ; not just by investigative work of Hersh and by the New York times. […] In the batch of 32.000 emails we released a few months back, there are 1700 in relation to Libya… I supposed that the most useful one is clerkly referred as “Hilary Clinton brag sheet”. She was documenting all the ways in which she led the invasion of Libya in a political and, to a degree, an organisational sense. Pushing within the US government, bringing European partners, etc., etc.

A.R. : Anything to add to report what the French newspapers, the big French conglomerate Lafarge which has been donating money to the Clinton Foundation… and the reports in the French where it was relating funds with ISIS/Daesh. Any information, any email which connect Hilary Clinton with ISIS/Daesh through Lafarge ?

J.A. : Most of this work was done by Le Monde, so that’s the New York Times’ equivalent of France, and so what they show is that Lafarge, which is a giant, amongst other things, concrete company, a transnational concrete company, was involved in Syria ; interestingly more than 350 emails in our Syria email release ; so there are 2 million emails we published about Syria, including the emails of the president Bashar el Asad. The investigation by Le Monde reveals that Lafarge paid ISIS/Daesh money, taxes, if you will, for the operations in the areas… They engaged in a variety of business… Business deals… and Hilary Clinton involvement is that money from Lafarge, in 2015 and 2016 went to Hilary Clinton foundation. So that’s recent. Now, you ask why ? In fact, there is a long term relationship between Daesh and Hilary Clinton.

A.R. : What is the relationship between Clinton and Saudi Arabia ?

J.A. : It’s extensive. I mean, Saudi Arabia is probably the largest single donner to the Clinton foundation and you can see Clinton’s arm export while she was secretary of State favouring extensively Saudi Arabia… […] Our view, that we already stated is that if the evidence of the FBI has enough for a grand jury to indict already, that’s not hard actually to say that a grand jury would indict Hilary Clinton ; that’s a ham sandwich, because I have a grand jury myself and I am well aware what they are like. But the prosecutor has to ask the grand jury to indict. The prosecutor doesn’t ask to the Grand jury to indict… So that’s the basic problem.


Notes
[1] Consulter leur site : « Assange Medical and psychological Records » https://wikileaks.org/Medical-Reports.html

[2] Cf. Interview d’Assange : https://www.rt.com/shows/going-underground/354847-wikileaks-dnc-leaks-russia/

[3] Cf. Le Daily Mail du 25/08/2016 http://www.dailymail.co.uk/news/article-3757650/Wikileaks-founder-Julian-Assange-release-significant-material-Hillary-Clinton-s-election-campaign.html

[4] 19.252 emails et 8.034 pièces jointes.

[5] Sources : Wikileaks website https://wikileaks.org/dnc-emails/

[6] Cf. www.adl.org

[7] The Republican National Comity

[8] Fethullah Gulen est un leader religieux turc résidant aux Etats-Unis, dans l’état de Pennsylvanie.

[9] “Hilary Clinton brag sheet”