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Turquie : petits pas dans le bon sens

par GUILLAUMEPOSTEL
31 Juillet 2016

En provenance de l’intérieur comme de l’extérieur du pays, quatre infos qui permettent de ne pas voir l’avenir de la Turquie en noir.


Alors que les relations de l’Etat et de l’opinion turcs avec les Etats-Unis et l’Allemagne sont extrêmement tendues, deux signaux venus du Royaume-Uni pourraient laisser entendre qu’un partie de l’opinion occidentale commence à appréhender les événements en Turquie de façon moins caricaturale.


Tout d’abord une interview au journal Hürriyet de l’ambassadeur du Royaume-Uni à Ankara (version turque ici), avec une phrase mise en valeur : “Je n’ai aucune difficulté à admettre ce que le gouvernement dit : les gülenistes sont impliqués dans le putsch.” C’est exactement le genre de déclaration que l’opinion en Turquie a envie d’entendre de la part de responsables occidentaux. Une déclaration qui essaye aussi de comprendre ce qui s’est passé le 15 juin, au-delà des condamnations au sujet des purges entreprises. L’ambassadeur va encore plus loin, en notant que, dans ses réactions au putsch (l’appel commun des partis politiques, la résistance populaire contre les putschistes), “ce pays a atteint un niveau de maturité démocratique”. Pour l’ambassadeur, ces réactions sont un des éléments importants d’espoir qui peut surgir de tout cela”. Faisant allusion au bombardement du parlement turc par les putschistes, l’interview se conclut sur ce rappel : “La dernière fois que notre Chambre des Communes a été bombardée, c’était par Hitler.”


Ensuite un article paru dans The Independant. Peu tendre pour Tayyip Erdogan et inquiet d’un possible affaiblissement de l’armée turque dans le combat contre Daesh, le journal britannique s’attarde sur l’importance de la “vaste conspiration” putschiste, et ses liens avec les réseaux gülenistes. La dernière partie se pose des questions sur l’avenir, soulignant qu’il n’y a pour l’instant “pas de réponse claire”, et que Tayyip Erdogan est probablement en quête de nouveaux alliés auprès des “laïcs”, afin de remplacer les gülenistes. 


Et, en effet, Tayyip Erdogan continue d’envoyer des signaux en ce sens. Tout d’abord en retirant toutes ses plaintes pour insultes envers lui, y compris celle concernant le dirigeant du parti de gauche pro-kurde. Il s’agit pourtant d’un moyen que le président turc a largement utilisé pour faire taire ses opposants.


Par ailleurs, Tayyip Erdogan a également invité tous les représentants de tous les partis politiques, ainsi que les militaires, les artistes, les sportifs, pour un dernier meeting de “Veille de la démocratie” dimanche 7 aout à Istanbul, précisant : “le processus de normalisation doit être rapide, c’est très important pour notre pays.”



L’histoire continue de s’écrire en Turquie.