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Soudan du Sud: des milliers d’habitants fuient Juba, l’ONU demande l’aide de la région

11 Juillet, 2016.

Photo : AFP/VNA/CVN

Le
Conseil de sécurité de l’ONU a sollicité dimanche l’aide des pays de la
région, leur demandant des Casques bleus supplémentaires, pour mettre
fin aux combats au Soudan du Sud qui font fuir des milliers d’habitants
de la capitale Juba.

Dans une déclaration unanime, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU exigent
du président sud-soudanais Salva Kiir et de son rival, le
vice-président Riek Machar, de “faire le maximum pour contrôler leurs
forces respectives et mettre fin d’urgence aux combats”. 
Réuni
en urgence, le Conseil a demandé aux “pays de la région” et à l’Union
africaine de “discuter fermement avec les dirigeants sud-soudanais pour
traiter cette crise”. Les membres du Conseil “envisagent de
renforcer” la Minuss, la mission de l’ONU au Soudan du Sud, et
demandent aux pays de la région “de se préparer à fournir des troupes
supplémentaires au cas où le Conseil le déciderait”.
La déclaration ne précise pas quels pays seraient sollicités ni l’ampleur du renforcement envisagé. Selon
un responsable de l’ONU, un Casque bleu chinois a été tué dans les
combats à Juba et 12 autres de diverses nationalités ont été blessés
dont deux grièvement. Parmi les blessés se trouvent des soldats rwandais
de la Minuss.
Des milliers de civils fuyaient dimanche les combats intenses
opposant les forces régulières et les ex-rebelles, les deux camps
s’accusant mutuellement d’être responsables de ces nouvelles violences. Ces
affrontements, qui ont fait au moins 270 morts depuis deux jours selon
des médias locaux, mettent en péril le fragile accord de paix signé
l’année dernière dans le plus jeune Etat du monde, qui fêtait samedi ses
cinq ans d’indépendance. Le Soudan du Sud est déchiré
depuis décembre 2013 par un conflit féroce qui a fait plusieurs dizaines
de milliers de morts et près de trois millions de déplacés.
Le Kenya et le Soudan ont appelé à mettre fin aux combats.
Les ministres des Affaires étrangères de l’organisation régionale des
pays d’Afrique de l’Est (Igad) doivent se réunir en urgence lundi à
Nairobi.
Armes d’assaut lourdes
Dimanche, l’ONU a fait état de tirs de mortiers, de lance-grenades
et d'”armes d’assaut lourdes” à Juba. La présence d’hélicoptères de
combat et de chars a également été signalée. Des milliers d’habitants de
la capitale se terraient chez eux ou fuyaient leurs maisons, selon des
témoins. Dans la soirée, les Etats-Unis ont réclamé la fin
immédiate des combats et annoncé le retrait de Juba de tout le personnel
de leur ambassade jugé non-essentiel. Washington demande
“aux deux dirigeants et à leurs alliés politiques et militaires de
retenir leurs soldats, de les ramener dans leurs casernes et d’empêcher
de nouvelles violences et effusions de sang”, a déclaré le porte-parole
du département d’Etat, John Kirby. L’organisation
humanitaire Human Rights Watch a sévèrement critiqué l’attitude du
Conseil de sécurité de l’ONU dans la crise au Soudan du Sud. 
“Pendant
trop longtemps, le Conseil de sécurité s’est reposé sur la bonne
volonté des dirigeants du Soudan du Sud” et “a brandi des menaces vides
d’embargo sur les armes et de sanctions individuelles”, a déclaré
dimanche dans un communiqué Akshaya Kumar, directeur adjoint de HRW pour
l’ONU.
“Les événements de cette fin de semaine confirment que cette stratégie perdante a échoué”, relève-t-il. Dans
le cadre d’un fragile accord de paix et de partage du pouvoir signé en
août 2015, M. Machar est revenu avec un fort contingent d’hommes armés
en avril à Juba, où il a été réinstallé vice-président et a formé avec
M. Kiir un gouvernement d’union nationale.
Dimanche, des combats intenses ont repris dans la partie ouest de Juba puis se sont étendus à d’autres zones de la capitale. Des
habitants se sont réfugiés dans un camp de l’ONU, à proximité duquel
les combats ont éclaté, et qui abrite déjà 28.000 déplacés. Hors
de la capitale, dans plusieurs régions du pays, les violences se
poursuivent depuis des mois malgré l’accord de paix, le conflit
politique initial se compliquant d’hostilités entre ethnies et de luttes
au niveau local.