Tunisie : six étudiants condamnés pour homosexualité
de Mathieu Galtier, Tlaxcala, 13.12.2015 |
Mathieu Galtier |
Les juges de Kairouan ont infligé trois ans de prison aux six accusés. Ils sont, en outre, bannis de la ville pour cinq ans. L’homosexualité est toujours interdite en Tunisie, où on compte cinquante condamnations par an.
Six étudiants ont été condamnés pour homosexualité à trois ans de prison et cinq ans debannissement de la ville de Kairouan (Tunisie), où ils ont été arrêtés le 4 décembre. Il s’agit de la peine maximale prévue par l’article 230 du code pénal, qui criminalise la sodomie. Les trois juges, qui ont rendu leur décision le 10 décembre, sont allés encore plus loin en décidant du bannissement (article 5 du code pénal). «La punition de bannissement est une première pour des cas de ce genre, assure l’avocate Fadoua Braham, spécialiste des procès d’homosexuels. La loi date de 1913. Elle a été très rarement appliquée et concernait surtout des femmes prostituées dans les années 60 et 70.»
Test anal
L’un des condamnés a écopé de six mois de prison en plus pour «atteinte à la pudeur», car les policiers ont retrouvé des vidéos pornographiques sur son ordinateur. Les six inculpés ont également dû subir un test anal pendant leur interrogatoire. Une pratique dénoncée comme «avilissante» par différentes associations des droits humains.
Une bonne cinquantaine de personnalités est actuellement mobilisée pour dénoncer l’article 230 du code pénal criminalisant l’homosexualité. La campagne a démarré le 10 décembre à l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et va se poursuivre jusqu’à la fin du mois. Photo DR
Sensibilisation
Ce jugement relance le débat de la criminalisation de l’homosexualité en Tunisie. Le 10 décembre, pour la Journée internationale des droits humains, l’association Shams voulait organiser une manifestation pour les droits des homosexuels. «Les autorités ont interdit la manifestation car, nous ont-ils dit : “Nous nous occupons de la lutte contre le terrorisme, pas des pédés”», s’indigne Ahmed Ben Amor, vice-président de Shams. |