Le droit de choisir: entre liberté individuelle et lutte collective
FIDH, 25 Avril 2016.
Droìts des femmes
«Un enfant si je veux, quand je
veux», «Nosotras decidimos», «My body, my
choice».
Du Pérou aux États-Unis, du Royaume-Uni au Sénégal,
l’accès à l’avortement et à la contraception est une
revendication emblématique des luttes des femmes.
C’est une
composante clef du droit à la santé sexuelle et reproductive,
inscrit dans les conventions internationales depuis la Conférence du
Caire (1994).
Pourtant, aujourd’hui encore, une grossesse sur dix
dans le monde aboutit à un avortement à risque, faute d’accès à
des services de santé sexuelle sûrs et légaux.
Une cause universelle…
Qu’elles poussent une Sénégalaise
à quitter l’école à cause d’une grossesse non prévue ou une
Irlandaise à s’endetter pour aller avorter en Angleterre, les
législations rétrogrades en matière de droits sexuels et
reproductifs relèvent des mêmes logiques patriarcales et
paternalistes.
On y retrouve le refus d’une sexualité féminine
source de plaisir, sans visée reproductive.
L’idée selon laquelle
le rôle «naturel» des femmes serait d’être mère
avant tout.
L’injonction à un ordre moral, au nom de la politique
ou la religion. Portées par une minorité très
conservatrice mais bien financée, ces politiques qui entravent
l’accès à la contraception et à l’avortement ont de lourdes
conséquences sur la vie des femmes.
En les cantonnant dans la sphère
privée, elles limitent en effet leurs chances d’accéder à une
éducation, d’acquérir une autonomie financière, de peser dans
les décisions en matière de santé sexuelle (port du préservatif,
espacement des naissances, etc.) et de prendre part à la vie
politique.
Ainsi, les femmes se voient écartées des négociations
internationales sur le climat, la lutte contre la pauvreté ou le
rétablissement de la paix, alors qu’elles jouent un rôle
essentiel dans le secteur agricole et que les conflits armés les
affectent plus particulièrement.
… qui appelle à une action
internationale forte et solidaire
À l’échelle individuelle comme à
l’échelle globale, le droit des femmes de choisir est donc un
enjeu majeur qui concerne l’ensemble de la communauté
internationale.
Conformément à leurs obligations onusiennes,
régulièrement réitérées par les organismes de protection des
droits humains, les États réfractaires doivent cesser d’interdire,
de criminaliser, de conditionner l’accès à l’avortement et à
la contraception.
Ceux qui ont légalisé l’accès à l’avortement
et à la contraception doivent garantir l’application de leur
législation et défendre ces droits dans le monde, avec la même
vigueur.
L’allocation de financements spécifiquement dédiés à
la santé et aux droits sexuels et reproductifs, à la hauteur des
enjeux mondiaux, est également primordiale.
À cet égard, la France, qui a
récemment pris plusieurs mesures en faveur du droit à l’avortement,
doit poursuivre son engagement sur la scène internationale.
Nous
attendons d’elle des actes forts et assumés afin notamment de
donner au droit à l’avortement la place qu’il aurait méritée
dans l’agenda 2030.
Cette tribune a été rédigée dans
le cadre du prochain dossier d’Altermondes, à paraître dans le
numéro 45.
Ce dossier dresse un état des lieux du droit à
l’avortement et à la contraception et propose un tour du monde des
luttes menées pour que ces droits deviennent effectifs.
Il a été
élaboré en partenariat avec Amnesty international France,
Équilibres & Populations, la FIDH, Genre en action, Médecins du
Monde et le Planning familial, signataires de cette tribune.