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Neurocapitalisme et résistance dans l’espace biohypermédiatique. Entretien express avec Giorgio Griziotti

Global Project 24/02/2020
Un bref entretien avec Giorgio Griziotti, ingénieur en informatique et auteur de Neurocapitalisme. Pouvoirs numériques et multitudes (C&F éditions, 2018), un texte qui traite du thème des nouvelles technologies en relation avec les processus culturels, anthropologiques, socio-économiques et politiques.

Tradotto da Fausto Giudice
Qu’entend-on par “neurocapitalisme” ? Et en quels termes intercepte-t-il le passage historique entre la subsomption réelle et la subsomption “vitale” par le capital ?
Neurocapitalisme est un terme que j’ai utilisé pour indiquer, dans la transition de l’ère industrielle au capitalisme biocognitif, l’influence de la technologie sur la subjectivité et le comportement. En particulier, les technologies de la communication et de l’information ont une grande influence, d’un point de vue anthropologique, sur les processus neuronaux.
La question de la subsomption vitale est issue d’une réflexion collective qui a impliqué bon nombre de chercheurs ces dernières années, et peut-être même ces dernières décennies. Une réflexion qui part de la mise en valeur de la vie, dans sa complexité. Dans le capitalisme, il y a eu une transformation d’époque, qui a concerné précisément le passage de l’exploitation du travail productif et salarié traditionnel à celui qui cherche – sans y parvenir complètement – à subsumer tout le temps de vie.
Les technologies de communication et d’information, en particulier les appareils mobiles que j’appelle biohypermédias, sont les grands vecteurs de cette transition. Ces dispositifs agissent sur les corps et les esprits à tout moment et en tout lieu.
Le capitalisme biocognitif identifie de nombreux champs de bataille et le cyberespace est l’un de ceux qui sont prioritaires. Comment construire des mouvements et des organisations sociales sur ce terrain ?
La technologie n’est pas neutre. De nos jours, en particulier, les algorithmes, applications et autres dispositifs de l’environnement biohypermédiatique (un terme qui me convainc plus que celui de cyberespace) sont conçus par le neurocapitalisme dans le but précis de modifier la subjectivité. La modifier à la fois en termes d’assujettissement social et d’asservissement machinique, de manières dont nous ne sommes pas toujours conscients.
Ensuite, bien sûr, bien que ces technologies aient été développées dans ce but, elles peuvent être utilisées différemment. Mais je crois que notre tâche principale aujourd’hui n’est pas tant de nous concentrer sur l’utilisation des technologies pour développer des luttes, que d’envisager la nécessité d’aller au-delà de la “théorie des valeurs” marxienne. Il est donc nécessaire de considérer les luttes dans le cadre de la subsomption vitale, en gardant à l’esprit l’ensemble des sujets qui se rebellent en ce moment.
Mon opinion personnelle est que les technologies seront nécessaires dans ce domaine, contrairement à ce que certains discours trop radicaux sur la “décroissance” nous disent, mais le vrai problème est de savoir comment les soustraire au contrôle du neurocapitalisme.