Khadijetou El Mokhtar : « L’abandon du Sahara occidental fait partie de l’histoire noire de l’Espagne » Entretien
Taleb Alisalem 22/09/2020 |
Khadijetou El Mokhtar Sidahmed, née dans la ville de Villa Cisneros, Dakhla, au Sahara occidental, est une journaliste, enseignante et militante sahraouie avec une longue histoire de lutte et d’activisme. Elle est membre depuis 1985 de l’Union nationale des femmes sahraouies (UNMS) et fait partie de la délégation du Front Polisario en Espagne.
Elle travaille également comme représentante et membre du corps diplomatique sahraoui, voyageant à travers le monde pour sensibiliser à cette cause et faire entendre la voix du peuple sahraoui dans les forums internationaux dans toutes les régions du monde.
Elle a enseigné de 1978 à 1985 à l’école Sidi Brahim Basiri dans la Wilaya d’Auserd des camps de réfugiés sahraouis (Tindouf) et est l’une des pionnières dans la promotion de la langue de Cervantes dans les camps de réfugiés sahraouis.
Elle était la voix du Sahara libre sur la Radio nationale de la République arabe sahraouie démocratique (de novembre 1975 à février 1977), qui diffusait ses programmes en espagnol depuis les zones libérées sous le colonialisme espagnol.
Elle a étudié la traduction et l’interprétariat à l’université d’Alcalá (Madrid, Espagne) et a joué un rôle majeur dans les campagnes diplomatiques visant à obtenir un soutien politique et humanitaire pour la cause sahraouie.
L’un des épisodes les plus frappants vécus par cette femme extraordinaire a eu lieu le 9 septembre 2017, lorsqu’elle a été retenue pendant dix-sept jours à l’aéroport international de Lima en attendant que le Pérou autorise son entrée après un incident diplomatique au cours duquel le lobby marocain a fait pression sur le pays pour qu’il refuse à Khadijetou l’entrée au Pérou dans le cadre d’un voyage officiel visant à établir des relations entre le Pérou et le Sahara occidental.
Khadijetou est femme, elle est sahraouie, elle est mère, elle est militante, elle est politicienne, elle est persévérante et déterminée. Voici donc notre entretien avec Khadijetou El Mokhtar Sidahmed.
Étant membre du mouvement politique organisé sahraoui auquel tu as adhéré très jeune et auquel tu as contribué, et continues à le faire activement, j’aimerais savoir à quel âge et quelle est la principale raison pour laquelle tu as rejoint les rangs du Front Polisario ?
Tout d’abord, je tiens à remercier El Confidencial Saharaui de donner une nouvelle fois de la visibilité à notre lutte, et surtout à la lutte de nombreuses personnes qui donnent de la voix à cette cause et à ceux qui d’une manière ou d’une autre sont en première ligne de la lutte en ces temps difficiles de pandémie et de blocus médiatique dont souffre particulièrement la cause sahraouie.
En réponse à ta question, je dois dire que nous, les Sahraouis, avons rejoint le Front Polisario de manière naturelle et totalement altruiste sans vraiment comprendre la dimension de notre contribution à la lutte pour la libération du colonialisme.
La réponse a été une réponse de l’ensemble du peuple sahraoui, une réponse unanime à l’appel à entamer la lutte pour les droits inaliénables du peuple sahraoui à un moment où tous les peuples d’Afrique revendiquaient leur autodétermination et leur indépendance vis-à-vis des métropoles qui colonisaient leurs territoires. Le peuple sahraoui a malheureusement été le dernier à réclamer ce droit en raison de la particularité de la colonisation espagnole qui n’a pas eu une présence très marquante sur le territoire, d’une certaine manière elle a respecté les coutumes et les traditions du peuple sahraoui. Il n’y avait pas non plus d’échanges culturels ou politiques profonds qui pouvaient expliquer cette colonisation, si bien que lorsque le Front Polisario revendiquait l’indépendance, le peuple sahraoui dans son ensemble et les jeunes en particulier, ont adhéré à cette idée de revendiquer notre droit à l’autodétermination.
J’ai personnellement rejoint le Front Polisario très jeune, à 13 ou 14 ans, à l’époque j’étudiais dans un internat et avec un groupe de camarades nous avons décidé de rejoindre ce mouvement sahraoui car nous étions des personnes avec un certain passé et une certaine culture et nous voulions contribuer à ce nouveau mouvement sahraoui mais nous n’étions pas du tout conscients du rôle que nous allions jouer plus tard ni de la façon dont les choses allaient évoluer.
Je voudrais préciser, à propos de cette question qui nous est toujours posée, que le Front Polisario n’est pas un parti politique, ni un courant politique, ni une option. Le Front Polisario est un instrument pour atteindre les désirs et les objectifs poursuivis par le peuple sahraoui, qui est la liberté. Par conséquent, le Front Polisario est un mouvement populaire, national, auquel tous les Sahraouis s’identifient jusqu’à ce que nous obtenions notre indépendance, alors ce mouvement pourrait devenir un ou plusieurs partis politiques ou disparaître et rester dans les livres d’histoire comme le mouvement social qui a réussi à libérer le peuple sahraoui et à lui donner son indépendance, mais aujourd’hui le Polisario n’est pas une option, tous les Sahraouis sont le Front Polisario.
Je voudrais revenir à tes débuts, comment étaient ces années, les débuts, la guerre, l’exil… Quels souvenirs Khadijetou a-t-elle de cette époque ?
La vérité est que l’abandon par l’Espagne du territoire sahraoui a marqué la vie de nombreux Sahraouis. Nous étions pleinement convaincus que nos demandes pacifiques recevraient une réponse pacifique et juste. Le peuple sahraoui est un petit peuple pacifique et a des liens culturels avec le peuple espagnol. Nous ne nous attendions pas à ce que l’Espagne nous trahisse et nous vende au Maroc de cette façon ; c’était frustrant non seulement pour nous mais aussi pour de nombreux Espagnols qui étaient très proches du Sahara et des Sahraouis à l’époque. Cet abandon fait partie de l’histoire noire de l’Espagne.
Les premières années ont été difficiles car ce furent des années d’exode massif, de guerre, de séparation des familles. Nous sommes arrivés dans un territoire totalement inhospitalier comme le désert de la Hamada au sud de l’Algérie, comme réfugiés souffrant en chemin pour échapper aux bombardements de l’armée de l’air marocaine où beaucoup de personnes sont mortes.
Dans ces années-là, l’avenir était incertain et nous, les Sahraouis, devions faire tout notre possible pour survivre à une tentative d’extermination d’une petite population, sans armée vraiment préparée et sans pouvoir rester sur leurs territoires. Ce furent des années très dures au cours desquelles nous, les femmes, avons choisi d’être à l’arrière, de construire et d’organiser les camps de réfugiés, de construire des écoles et des hôpitaux. Ce fut une lutte générale dans laquelle les femmes ont enfilé leurs bottes et ont travaillé dur, avec détermination, avec ténacité et avec une fierté vraiment incroyable.
Je crois que c’est nous, les femmes sahraouies, qui avons vraiment donné un sens et une dimension au mot « sororité ».
À cette époque, les premières années d’exil, comme toute femme sahraouie, j’ai traversé différentes étapes du processus de création et de construction des camps de réfugiés sahraouis, de la fabrication de briques en adobe pour la construction d’écoles et d’hôpitaux, à la distribution de nourriture, J’ai également travaillé dans les centres de santé, j’ai travaillé à la radio nationale sahraouie en tant que speakerine en espagnol… Je veux dire par là que nous devions tout faire sans avoir la moindre expérience, mais aujourd’hui, c’est un bagage précieux pour les femmes sahraouies.
C’est en 1985 que j’ai vraiment commencé à travailler dans la partie purement politique en rejoignant l’exécutive de l’Union nationale des femmes sahraouies après son premier congrès la même année.
Compte tenu de ce rôle incontestable que les femmes sahraouies ont joué dans la construction de la république et de leur contribution à la révolution dont tu as sans aucun doute fait partie, outre la lutte pour l’indépendance et contre l’occupation marocaine, je voudrais savoir s’il y avait aussi un sentiment féministe chez les femmes sahraouies à cette époque et s’il y avait des difficultés dans la conquête de certains droits dans une société qui était jusqu’à un certain point conservatrice.
Je pense que nous, les femmes sahraouies, faisions du féminisme sans nous en rendre compte, il suffisait de prendre conscience que nous étions en train de jeter les bases du féminisme dans une société qui luttait et lutte encore pour la chose la plus fondamentale qui est son territoire et le retour dans son pays dans des conditions de liberté et de paix.
Notre travail en tant que femmes sahraouies n’était pas seulement de lutter pour la liberté et l’indépendance du peuple sahraoui de manière pacifique, mais c’était aussi un travail de sensibilisation et d’éducation de la société sahraouie à l’égalité et à la tolérance.
Je crois que dans un Sahara occidental indépendant, les femmes sahraouies seront un modèle de féminisme arabe, musulman et aussi occidental parce que les femmes sahraouies, avec leur laïcité, leur détermination et leur longue expérience de ces quatre décennies de lutte et de résistance, ont jeté les bases d’un féminisme sans couleur, sans étiquette, à une époque où le féminisme se divise en différents types, féminisme blanc, féminisme décolonial, féminisme islamique… mais nous, les femmes sahraouies, avons jeté les bases d’un féminisme neutre et valable pour toutes, nous ne voulons pas marquer notre féminisme comme islamique, africain, ni comme européen ou blanc, nous défendons simplement un féminisme qui respecte l’identité et lutte contre ce qui entrave la progression de la lutte des femmes pour leurs droits.
Le féminisme sahraoui a connu de nombreuses réalisations. Par exemple, dans de nombreux pays avancés, il existe des mouvements féministes qui considèrent la lutte contre la violence sexiste comme l’essentiel de leurs revendications, alors que dans la société sahraouie, la violence sexiste est un crime qui n’est pas seulement puni par la loi, mais par la société elle-même. Un autre exemple qui peut également être considéré comme une avancée dans la lutte féministe sahraouie, est en relation avec la garde des enfants, dans tous les cas de divorce les femmes sahraouies ont le droit primaire de conserver la garde de leurs enfants, ces réalisations et conquêtes ne doivent pas être ignorées.
Il y a une nouvelle génération de femmes sahraouies, vivant pour la plupart en Europe, qui mènent une lutte féministe très éloignée de ce que défend l’Union nationale des femmes sahraouies. Quelle est, selon toi, la raison de cette discordance ? Est-ce peut-être dû à un changement de génération, à un changement de vision ou de perspective, ou peut-être que le point de départ et l’objectif ne sont pas les mêmes pour ces deux mouvements ?
Je pense que c’est une évolution tout à fait naturelle que de nouveaux mouvements féministes radicaux émergent en fonction de la culture et du contexte géographique où ils se situent. Je pense que la tolérance du peuple sahraoui serait comprise lorsque ce genre de féminisme peut être accepté, mais mon désaccord avec ces nouveaux mouvements de féministes sahraouies vivant en Europe, est qu’elles ont vraiment peu ou pas de connaissance de la société et de la culture sahraouies, Il faut comprendre que ce sont des jeunes qui ont grandi en Europe et l’influence de cela est évidente et palpable, ce qui n’est pas mal quand tout l’effort de la lutte des femmes sahraouies depuis tant d’années est compris et respecté et qu’elles le font de l’intérieur de la société sahraouie.
Je crois aussi qu’à l’avenir nous aurons d’autres mouvements féministes beaucoup plus radicaux que les mouvements actuels, mais je voudrais en tant que féministe sahraouie qui me base sur ma culture et qui comprend qu’on ne peut pas exporter un féminisme de l’extérieur du contexte sahraoui, je crois que le féminisme se construit de l’intérieur, Ces nouveaux mouvements féministes doivent comprendre qu’ils ne peuvent pas apporter des idées sans consensus, sans se joindre au féminisme sahraoui déjà existant, si cela n’arrive pas, je pense qu’il sera très difficile d’avoir une connexion ou un consensus.
Nous travaillons pour que cette idée soit comprise et que notre lutte est unique et que l’ennemi est unique : le système patriarcal, mais nous devons partir de notre propre contexte culturel et non d’un contexte extérieur, car sinon nous insérerions certaines idées qui peuvent être rejetées par ce corps féministe déjà existant dans notre société.
Pour changer de sujet, j’aimerais savoir, selon ton point de vue, à quel stade la cause sahraouie se situe et vers où elle se dirige ?
Je pense que le peuple sahraoui est actuellement à un carrefour, ou bien il continue à attendre que les Nations Unies appliquent leurs résolutions et organisent un référendum, qu’elles nomment un envoyé spécial pour la question du Sahara occidental, qu’elles relancent les négociations entre le Front Polisario et le Maroc … alors que le peuple sahraoui continue à vivre de l’aide humanitaire dans des camps de réfugiés totalement défavorables en période de pandémie où cette aide humanitaire est rare et où les ressources sanitaires sont rares et où la jeunesse en a de plus en plus marre que les Nations unies ne progressent pas dans la résolution de ce conflit, tout cela alors que dans les territoires occupés du Sahara occidental le pillage des ressources naturelles est de plus en plus impuni et a la complicité des grandes puissances … Ou alors ils pourraient opter pour d’autres moyens de pression.
Il peut sembler contradictoire qu’en tant que femme qui défend la résistance pacifique, j’exige du Front Polisario qu’il adopte une autre forme de pression contre l’occupation marocaine, je sais que cela semble contradictoire, mais nous en avons déjà assez, jeunes et moins jeunes, parce qu’ils ont poussé notre résistance jusqu’à ses limites, je crois que les peuples doivent utiliser tous les mécanismes de lutte à leur disposition pour atteindre leurs objectifs, sans en exclure aucun, c’est la seule façon de maintenir cette cause vivante.
Khadijetou, ton activisme a derrière lui une trajectoire de nombreuses années de lutte et d’efforts, tu as occupé différents postes importants au sein de l’organisation politique sahraouie et tu fais également partie de l’appareil diplomatique sahraoui, tu as été dans des dizaines de pays, de forums internationaux, d’assemblées populaires, d’ inaugurations présidentielles, de congrès nationaux et internationaux… Après toutes ces années, tout ce cheminement et cette te sens-tu aujourd’hui ? Quelle est ta principale motivation pour continuer à suivre cette voie de lutte inlassable ?
Il y a exactement 7 ans, un photographe catalan a organisé une exposition de photos sous le titre “femmes en résistance” et on a demandé à chacune d’entre elles une phrase pour définir leur lutte, je me souviens que le mot que j’ai choisi était engagement. L’engagement est ce qui me motive, ce qui me permet de continuer et ce qui m’anime, l’engagement envers ma société, l’engagement envers mon peuple et envers notre droit de vivre sur notre territoire libre et indépendant.
Je dis toujours que je n’ai jamais choisi d’être une femme politique, si j’avais pu être sur ma terre, libre et indépendante, sans le colonialisme espagnol ou l’occupation marocaine, peut-être aurais-je choisi d’être autre chose que politique comme n’importe quelle fille dans le monde, mais comme beaucoup de Sahraouis, nous sommes obligés d’être politiques d’une certaine manière, en fait, je ne me considère pas comme vraiment politique, je suis simplement une femme engagée dans sa cause, dans son peuple et dans son combat.
En 2017, tu as eu un accident dont les médias internationaux se sont fait l’écho pendant des semaines, il y a eu aussi une grande campagne de soutien en solidarité avec toi, des personnalités du cinéma comme Javier Bardem ou Pedro Almodovar ont rejoint cette campagne pour te soutenir alors que tu étais retenue contre ton gré à l’aéroport international de Lima, que s’est-il passé exactement ?
Ce qui s’est passé exactement est une accumulation de coïncidences, j’ai été nommée représentante de la République sahraouie au Pérou, ce pays avait des relations diplomatiques gelées avec la République sahraouie depuis 21 ans, il n’y avait pas de relations diplomatiques et il n’y avait pas de représentant sahraoui dans ce pays depuis des années. Lorsque je suis arrivé au Pérou, j’ai décidé de lancer les activités que je jugeais nécessaires pour sensibiliser les gens à la lutte sahraouie. À l’époque, le Maroc avait commencé un déploiement physique en Amérique latine sous la forme d’une politique très agressive contre les partisans de la République sahraouie en Amérique du Sud, le mécanisme marocain consistait à soudoyer des personnalités politiques, des journalistes, des intellectuels, des gouvernements et des partis politiques afin d’entraver la reconnaissance de la République sahraouie et d’expulser les représentants sahraouis dans différents pays d’Amérique latine.
Au Pérou
Le Maroc a réussi à paralyser la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique par l’Argentine, le Brésil ou le Chili en soudoyant des ministres et des membres du Congrès de différents pays. C’était donc au tour du Pérou, où j’étais et où j’avais déjà commencé mon travail diplomatique en voyageant dans le pays et en organisant différentes activités et forums.
C’était mon tour parce que tout ce que je faisais au Pérou pour sensibiliser à la cause sahraouie gênait le Maroc et ils ont dû agir en faisant pression sur le gouvernement péruvien pour m’expulser, ce qui a conduit à ma détention à l’aéroport de Lima.
Plus tard, on a également appris que le président du mouvement de solidarité péruvien avec le peuple sahraoui travaillait en fait pour les services secrets marocains, c’est pour ça que je dis que ça a été une accumulation de facteurs.
Mais je voudrais souligner le côté positif de cette expérience, qui est que cet incident a provoqué une vague de solidarité avec les femmes et la cause sahraouies, et a également révélé la corruption et la manière mafieuse dont le Maroc opère pour contrecarrer les efforts sahraouis.
Enfin, je voudrais que tu adresses un message à tous ceux qui lisent cette interview, au peuple sahraoui, aux jeunes, à ceux qui soutiennent et sympathisent avec notre cause…
Tout d’abord, c’est un message de gratitude à ceux qui sont solidaires, je sais qu’il n’est pas facile de soutenir une cause sans interruption depuis quatre décennies, et je suis fière du mouvement de solidarité organisé qui soutient la cause sahraouie, qui nous encourage à continuer à nous battre et je voudrais transmettre un message d’optimisme, pour dire à tous ceux qui sont solidaires de notre cause que le peuple sahraoui n’épargnera jamais aucun mécanisme de résistance pour réaffirmer son droit à la liberté et à l’indépendance.
Au peuple sahraoui, je voudrais dire qu’il est clair pour nous que nous ne sommes pas marocains, nous ne sommes pas mauritaniens ou espagnols, nous sommes sahraouis et nous avons le droit d’être sur notre terre libres et indépendants, la lutte continue et continuera jusqu’à ce que nous atteignions notre objectif principal, si nous ne l’atteignons pas, ce seront nos enfants, ou nos petits-enfants, qui l’atteindront, mais nous gagnerons. Hasta la victoria siempre (Jusqu’à la victoire, toujours).