Nouveau rebondissement dans la parodie de procès de Julian Assange
Craig Murray 18/07/2020 |
L’emprisonnement de Julian Assange a été un catalogue d’injustices flagrantes accumulées les unes sur les autres, tandis que les médias complices et la population endoctrinée détournaient les yeux.
Tradotto da Sayed Hasan
Dans un revirement vraiment extraordinaire, Assange est maintenant extradé sur la base d’un acte d’accusation émis au Royaume-Uni, qui est substantiellement différent de l’acte d’accusation qui l’attend en Virginie s’il est extradé.
L’audience d’Assange a été ajournée après sa première semaine complète et sa reprise a depuis été retardée par le coronavirus. Au cours de cette première semaine complète, l’accusation et la défense ont exposé leurs arguments juridiques concernant l’acte d’accusation. Comme je l’ai rapporté en détail à un public de millions de personnes, l’équipe juridique d’Assange a assez bien démoli les principaux arguments du parquet lors de cette audience.
Cet extrait de mon rapport sur les arguments de la défense est particulièrement pertinent par rapport à ce qui s’est produit depuis :
L’avocat de la défense Mark Summers a déclaré que les accusations des États-Unis reposaient entièrement sur trois accusations factuelles quant au comportement d’Assange :
Accusation 1) Assange a aidé Manning à décoder une clé de cryptage pour accéder à du matériel classifié
Les faits : Summers a déclaré qu’il s’agissait d’une allégation mensongère dont la fausseté avait été prouvée lors de la Cour martiale de Manning.
Accusation 2) Assange a sollicité le matériel auprès de Manning
Les faits : Summers a déclaré que les informations accessibles au publics prouvaient que cela était faux.
Accusation 3) Assange a sciemment mis des vies en danger
Les faits : Summers a déclaré que tant les informations accessibles au public que l’implication spécifique du gouvernement américain prouvaient que cela était faux.
En somme, Summers a déclaré que le gouvernement américain savait que les allégations formulées étaient factuellement fausses et qu’il était prouvé qu’elles avaient été formulées de mauvaise foi. Il s’agit donc d’un abus de procédure qui devrait conduire au rejet de la demande d’extradition. Il a décrit les trois chefs d’accusation ci-dessus comme « des foutaises, des foutaises et des foutaises ».
Summers a ensuite passé en revue l’ensemble des faits allégués. Il a déclaré que les accusations des États-Unis divisent les documents divulgués par Manning à Wikileaks en trois catégories, à savoir :
a) Des câbles diplomatiques
b) Des notes d’évaluation des détenus de Guantanamo
c) Les règles d’engagement pour la guerre en Irak
d) Des journaux de guerre en Afghanistan et en Irak
Summers a ensuite méthodiquement passé en revue les points a), b), c) et d) en les reliant chacun à leur tour aux comportements allégués des accusations 1), 2) et 3), soit douze explications et démonstrations en tout. Ce compte rendu exhaustif a pris environ quatre heures et je ne tenterai pas de le résumer ici. Je vais plutôt en donner les grandes lignes, mais je me référerai occasionnellement au numéro du comportement allégué (1, 2 ou 3) et/ou à la lettre désignant l’allégation (a, b, c ou d). J’espère que vous arriverez à me suivre, il m’a fallu moi-même un certain temps pour m’y faire !
Accusation 1) : Summers a démontré de façon concluante que contrairement à ce que prétend l’accusation, Manning avait accès à chaque matériel a), b), c) et d) fourni à Wikileaks sans avoir besoin d’un code fourni par Assange, et qu’il disposait de cet accès avant même de contacter Assange. Manning n’avait pas non plus besoin d’un code pour dissimuler son identité en accédant à la base de données des analystes du renseignement, à laquelle Manning avait accès comme des milliers d’autres analystes, car elle ne nécessitait pas de nom d’utilisateur ou de mot de passe à partir d’un ordinateur militaire de bureau. Summers a cité le témoignage de plusieurs officiers de la Cour martiale de Manning pour confirmer cela. De plus, obtenir le code administrateur du système n’aurait donné accès à aucune autre base de données classifiée. Summers a cité le témoignage de la Cour martiale de Manning, où ce fait avait été accepté, selon lequel la raison pour laquelle Manning voulait accéder au code de l’administrateur système était de permettre aux soldats d’installer leurs jeux vidéo et leurs films sur les ordinateurs portables du gouvernement, une chose qui se produisait fréquemment.
Le magistrat Baraitser a procédé à deux reprises à des interruptions importantes. Elle a fait remarquer que si Manning ne savait pas qu’il ne pouvait pas être identifié comme l’utilisateur qui avait téléchargé les bases de données, il aurait pu demander l’aide d’Assange pour pirater un code afin de dissimuler son identité, ignorant que c’était inutile ; même s’il n’avait pas besoin de le faire, l’aide d’Assange constituerait une infraction.
Summers a souligné que Manning savait qu’il n’avait pas besoin de nom d’utilisateur et de mot de passe, car il avait déjà accédé à tous les documents sans en avoir. Baraitser a répondu que cela ne constituait pas une preuve qu’il savait qu’il ne pouvait pas être identifié. Summers a déclaré qu’il serait absurde de soutenir que Manning cherchait un code pour dissimuler son nom d’utilisateur et son mot de passe, alors qu’il n’avait pas de nom d’utilisateur et de mot de passe. Baraitser a répondu à nouveau qu’il ne pouvait pas le prouver. C’est à ce moment que Summers a manifesté son irritation face à Baraitser, et a énuméré de nouveau les preuves présentées à la Cour martiale. Et il y en avait encore…
Baraitser a également fait remarquer que même si Assange avait aidé Manning à pirater un code d’administrateur, bien que cela ne lui permette pas d’accéder à d’autres bases de données, il s’agissait toujours d’une utilisation non autorisée qui constituerait le crime de complicité d’utilisation abusive d’un ordinateur, même si c’était dans un but innocent.
Bien qu’il n’y ait aucune preuve que le juge Baraitser examine sérieusement les arguments de la défense, ce que ces échanges ont permis est de montrer aux procureurs les failles de leur argumentation, qui leur causeraient de graves problèmes s’ils faisaient traduire Julian devant la justice des États-Unis. En particulier, ils se méfient de la forte protection de la liberté d’expression dans la Constitution américaine et sont donc désespérés de dépeindre Julian comme un pirate informatique, et non comme un journaliste. Mais comme vous pouvez le voir ci-dessus, leur argumentation en ce sens n’est pas solide.
L’accusation avait donc besoin d’un angle d’attaque différent. Le 24 juin, le Département américain de la Justice a donc entièrement modifié l’acte d’accusation contre Julian en Virginie et a introduit un acte d’accusation de remplacement :