Le prisonnier palestinien Sami Janazrah entame sa deuxième semaine de grève de la faim alors que les tribunaux militaires israéliens rouvrent
Samidoun 24/05/2020 |
Le prisonnier palestinien Sami Janazrah, 47 ans, entame sa deuxième semaine de grève de la faim alors que les Palestiniens et le monde entier se préparent à célébrer l’Aïd El Fitr le dimanche 24 mai 2020.
Janazrah est de nouveau emprisonné sans charge ni procès dans le cadre de la détention administrative israélienne après avoir mené deux précédentes grèves de la faim pour obtenir sa libération. Janazrah est actuellement détenu dans la prison d’Ela, mis à l’isolement en représailles de sa grève de la faim.
Janazrah a de nouveau été enlevé par les forces d’occupation israéliennes à son domicile dans le camp de réfugiés El Faouar, au sud El Khalil (Hébron), le 16 septembre 2019, seulement 10 mois après sa dernière libération après 11 mois de prison, également en détention administrative sans charge ni procès. Suite à sa détention, le tribunal militaire d’Ofer lui a délivré un ordre de détention de quatre mois. Les ordres de détention administrative – une pratique introduite pour la première fois par le mandat colonial britannique en Palestine occupée et ensuite adoptée par le régime sioniste – sont basés sur des preuves secrètes et sont indéfiniment renouvelables. Il y a actuellement près de 500 Palestiniens en détention administrative, sur près de 5 000 prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes.
Son ordre de détention a depuis été renouvelé deux fois pour quatre mois supplémentaires, le dernier ordre de détention ayant déclenché le lancement de sa grève de la faim le 11 mai 2020. Quelques jours auparavant, la Cour suprême israélienne avait rejeté l’appel de son avocat contre sa détention administrative sans accusation ni procès. Il a déjà mené deux grèves de la faim de longue durée contre son emprisonnement, de 76 jours en 2016 et de 43 jours en 2018.
Il est père de trois enfants, Firas (16 ans), Mahmoud (12 ans) et Maria (8 ans). Sa femme et lui attendent la naissance de leur quatrième enfant dans les prochains jours, et il attendait sa liberté pour accueillir son nouvel enfant. Il a manqué la naissance de deux de ses enfants à cause de son emprisonnement ; il a été emprisonné au fil des ans pour un total de 11 ans, la plupart d’entre eux sans accusation ni procès en détention administrative.
La grève de la faim de Janazrah intervient alors que les forces d’occupation israéliennes ont annoncé la réouverture officielle des tribunaux militaires le 24 mai 2020. Les séances des tribunaux militaires avec la présence physique des prisonniers et au plus un membre de leur famille sont suspendues depuis la première semaine de mars, officiellement pour empêcher la propagation du COVID-19. Les prisonniers se sont également vu refuser les visites de leur avocat et de leur famille, seuls des appels téléphoniques limités étant autorisés avec les avocats. Aucune indication n’a été donnée quant à la reprise des visites légales et familiales, malgré le fait que les prisonniers seront mis en danger pour leur santé par des transferts pénibles en « bosta »* et des contacts répétés avec les prisonniers, les gardiens et les fonctionnaires des tribunaux militaires. (Des responsables israéliens ont affirmé que des masques médicaux seront portés dans les tribunaux militaires).
Les prisonniers palestiniens et leurs familles ont exprimé leurs très sérieuses inquiétudes quant au fait que le système pénitentiaire israélien pourrait tenter de faire de ces supposées mesures préventives la nouvelle norme, d’autant plus que le refus des visites familiales, la suppression de l’accès aux avocats ainsi que le mépris et la négligence médicale de la santé des prisonniers palestiniens sont des politiques israéliennes constantes et systématiques.
Si la détention administrative sans inculpation ni procès est un exemple clair de l’injustice israélienne, il en va de même pour les tribunaux militaires, où les Palestiniens sont condamnés à plus de 99 % pour toute une série d’accusations fausses et inventées de toutes pièces qui criminalisent, entre autres, l’activité politique, le discours public et les événements étudiants et culturels.
Le Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun exprime sa plus grande solidarité avec Sami Janazrah et tous les prisonniers palestiniens en première ligne de la lutte contre les politiques coloniales d’emprisonnement, luttant pour leur liberté en mettant en jeu leur corps et leur vie. La solidarité internationale peut être particulièrement importante pour empêcher les forces d’occupation d’isoler Janazrah et ses camarades prisonniers, tant politiquement que physiquement – nous n’oublions pas les prisonniers palestiniens! Liberté pour tous les prisonniers palestiniens, et liberté pour la Palestine du fleuve à la mer !
NdT
* La « Bosta » est le véhicule israélien de transfert entre la prison, le tribunal ou l’hôpital dans lequel les prisonniers palestiniens sont menottés, assis sur des chaises en métal. Certains prisonniers ont décrit ce véhicule aux vitres noircies comme une « tombe ». D’autres ont déclaré qu’il s’agissait en fait « d’une cellule mobile avec une chaise en métal qui peut juste accueillir une personne en position assise ».