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La défo­res­ta­tion génère toujours plus de mala­dies infec­tieuses chez les humains

Katarina Zimmer 26/03/2020
Des scien­ti­fiques craignent que la prochaine pandé­mie mortelle soit une consé­quence de la défo­res­ta­tion que l’on observe tout autour du globe.

Tradotto da Nicolas Casaux
En 1997, des nuages de fumée planaient au-dessus des forêts tropi­cales d’In­do­né­sie, où une zone de la taille de la Penn­syl­va­nie, envi­ron, avait été brûlée pour faire place à l’agri­cul­ture, et où les incen­dies avaient été exacer­bés par la séche­resse. Étouf­fés par la brume, les arbres n’ont pas pu produire de fruits, lais­sant les chauves-souris frugi­vores sans autre choix que de voler ailleurs à la recherche de nour­ri­ture, empor­tant avec elles une mala­die mortelle.
Peu de temps après que les chauves-souris se soient instal­lées sur les arbres des vergers malai­siens, les porcs autour d’elles ont commencé à tomber malades — proba­ble­ment après avoir mangé les fruits tombés que les chauves-souris avaient grigno­tés — tout comme les éleveurs de porcs locaux. En 1999, 265 personnes ont déve­loppé une grave inflam­ma­tion du cerveau et 105 en sont mortes. C’était la première appa­ri­tion connue du virus Nipah chez l’homme — virus qui, depuis lors, a provoqué une série d’épi­dé­mies récur­rentes dans toute l’Asie du Sud-Est.
Il s’agit d’une des nombreuses mala­dies infec­tieuses aupa­ra­vant circons­crites à la faune sauvage et qui se sont propa­gées à l’homme dans une région soumise à un déboi­se­ment rapide. Au cours des deux dernières décen­nies, de nombreuses preuves scien­ti­fiques ont été produites qui suggèrent que la défo­res­ta­tion, en déclen­chant une cascade complexe d’évé­ne­ments, crée les condi­tions pour qu’une série d’agents patho­gènes mortels — tels que les virus Nipah et Lassa, et les para­sites qui causent le palu­disme et la mala­die de Lyme — infectent l’être humain.
Tandis qu’un incen­die global se pour­suit aujourd’­hui dans les forêts tropi­cales de l’Ama­zo­nie et de certaines régions d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, des experts ont exprimé leur inquié­tude quant à la santé des personnes vivant aux fron­tières de la défo­res­ta­tion. Ils craignent égale­ment que la prochaine pandé­mie grave ne se déclare dans les zones déboi­sées de notre planète.
« Il est assez bien établi que la défo­res­ta­tion peut être un facteur impor­tant de trans­mis­sion de mala­dies infec­tieuses », affirme Andy MacDo­nald, écolo­giste spécia­lisé dans les mala­dies à l’Ins­ti­tut de recherche sur la terre de l’Uni­ver­sité de Cali­for­nie à Santa Barbara. « C’est mathé­ma­tique : plus nous dégra­dons et détrui­sons les habi­tats fores­tiers, plus il est probable que nous nous retrou­vions dans ces situa­tions où des épidé­mies de mala­dies infec­tieuses se produisent. »
Un lien direct
Le palu­disme — qui tue plus d’un million de personnes chaque année en raison de l’in­fec­tion par des para­sites Plas­mo­dium trans­mis par les mous­tiques — est depuis long­temps soupçonné d’al­ler de pair avec la défo­res­ta­tion. Au Brésil, si des efforts de lutte ont consi­dé­ra­ble­ment réduit la trans­mis­sion du palu­disme dans le passé — rame­nant le nombre de nouveaux cas décla­rés, par année, de 6 millions dans les années 1940 à seule­ment 50 000 dans les années 1960 —, le nombre de cas n’a cessé d’aug­men­ter depuis, paral­lè­le­ment au défri­che­ment rapide des forêts et à l’ex­pan­sion de l’agri­cul­ture. Au début du siècle, il y avait plus de 600 000 cas par an dans le bassin amazo­nien.