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En ciblant l’Irak et l’Iran, les USA menacent d’étendre la guerre

Sara Flounders 08/01/2020
7 janvier – D’énormes manifestations en Iran, en Irak et dans toute la région expriment une rage anti-impérialiste et marquent une nouvelle période, avec la renaissance de mouvements de masse qui chasseront les USA de la région.

Tradotto da Fausto Triana
C’est un acte criminel des USA qui a déclenché cette tempête de feu.
Le 2 janvier, l’impérialisme US a poussé sa guerre agressive contre l’Iran à un nouveau niveau. Un drone US a mené une attaque furtive qui a assassiné le général iranien Qassem Soleimani, chef de la Force Quds du Corps des gardiens de la révolution iranienne.
Soleimani était en visite officielle en Irak, en fait en mission de négociation pour la paix. Il avait été accueilli par Abou Mahdi al-Muhandis, le chef des Forces de mobilisation populaire (FMP) irakiennes, qui a également été assassiné dans l’attaque du drone. Les FMP font officiellement partie des Forces de sécurité irakiennes.
Le Département de la Défense des USA a admis avoir mené l’attaque sur ordre du Président Donald Trump.
Dans les jours qui ont suivi cette provocation de guerre, ce qui suit a eu lieu :
En Irak, des dizaines de milliers de personnes ont rejoint une marche funèbre pour les deux chefs militaires assassinés par le Pentagone. Le Parlement irakien a voté l’expulsion des 5 000 soldats US stationnés en Irak après que ses membres eurent entendu les preuves d’un assassinat politique usaméricain violant la souveraineté de l’Irak.
Le Premier ministre irakien Adil Abdul-Mahdi avait déclaré au Parlement que le gouvernement US savait que le général Soleimani se rendait en Irak en tant qu’émissaire officiel de la paix pour le rencontrer dans le cadre des négociations avec l’Arabie saoudite afin de désamorcer les tensions dans la région. L’Irak devait agir en tant que médiateur. Abdul-Mahdi a déclaré que Trump avait également demandé à l’Irak de jouer un rôle de médiateur avec l’Iran.
En Iran, les dirigeants du gouvernement ont promis qu’ils riposteraient aux USA et qu’il s’agirait d’une frappe militaire. Des centaines de milliers, voire des millions, de personnes ont marché dans les rues pour manifester le deuil de Soleimani et de son homologue irakien. Un des slogans préférés était « Mort à l’Amérique ! », c’est-à-dire les USA.
Depuis les USA, Trump a publié un tweet menaçant de détruire 52 sites culturels iraniens. Une telle attaque serait un crime de guerre. Pendant ce temps, Washington a ordonné aux citoyens usaméricains de quitter l’Irak.
Bien que les événements aient révélé certaines des faiblesses de l’impérialisme US en Irak et dans la région, ils ont rendu plus probable une guerre d’agression US majeure.
Les USA humiliés en Irak
La dernière escalade de Trump fait suite à une expérience humiliante à Bagdad, le tout dernier jour de 2019. Un cortège funèbre non armé de milliers de personnes a passé sans opposition les postes de garde, les barrières anti-explosion et les points de contrôle pour entrer dans le complexe de l’ambassade des USA le plus sécurisé du monde
Les forces de sécurité du gouvernement irakien n’ont rien fait pour empêcher les membres des milices et leurs chefs de pénétrer dans la zone verte fortement fortifiée où se trouve l’ambassade US.
Cette action audacieuse faisait suite à des funérailles de masse de membres des unités de la Milice populaire qui avaient été tués dans un bombardement perpétré par les USA. Elle a mis en évidence la vulnérabilité des occupants usaméricains.
Cette action contre l’ambassade a envoyé un message clair : aucune base usaméricaine en Irak n’est en sécurité.
Ce sont les forces irakiennes sur lesquelles les USA comptent, dans l’ambassade la plus fortifiée au monde, qui ont ouvert la porte. Il est clair que les USA n’ont pas d’alliés. Même les forces irakiennes collabos se sont alignées contre eux.
Depuis lors, l’escalade usaméricaine a inclus l’arrivée très médiatisée des soldats de la 82e Division aéroportée depuis le Koweït, souvent utilisée pour évacuer les citoyens usaméricains. Des milliers d’autres soldats sont en route en prévision d’une guerre plus vaste.
Le rôle de l’impérialisme US est destructeur partout dans le monde. Nulle part il n’a été plus destructeur au cours des dernières décennies que dans les pays de la région allant de l’Asie occidentale à l’Afrique du Nord que beaucoup appellent le Moyen-Orient.
Alors que les USA mettent le feu aux poudres, c’est un moment important pour évaluer la position usaméricaine, sa force et ses alliances, et pour évaluer les développements des mouvements populaires pour la souveraineté dans toute la région.
Zone verte : Une bulle usaméricaine
La zone verte est une bulle de sécurité créée par les USA, une colonie autonome qui occupe 10 km2 du centre de Bagdad. Elle est entourée de murs anti-explosion en béton et de clôtures en fil de fer barbelé, fortifiée par des sacs de sable, des projecteurs et des points de contrôle.
L’ambassade US, à l’intérieur de la zone verte, occupe plus de 400 000 m2 de biens immobiliers de premier choix. Elle est à peu près de la taille de la Cité du Vatican. Six fois plus grande que le siège des Nations Unies à New York, c’est la plus grande ambassade du monde.
Le fait que les forces de sécurité irakiennes les mieux entraînées, censées protéger les intérêts usaméricains, n’aient fait aucun effort pour arrêter les manifestants qui entraient dans la zone verte fortement fortifiée est un fait étonnant. Cela envoie un message sur la sécurité de chaque base usaméricaine en Irak.
La prise de contrôle de la Zone verte n’a pas été un événement isolé ou exceptionnel. C’était plutôt la troisième fois au cours des derniers mois de 2019 que la puissance usaméricaine était contestée avec succès de manière entièrement nouvelle et créative – et dans une région qui a été brutalement dominée, occupée et volontairement appauvrie par les forces usaméricaines pendant des décennies.
L’ampleur de ces échecs humiliants peut être mieux appréciée lorsqu’on la compare aux promesses grandioses de cinq présidents usaméricains successifs et après quelque 30 ans de sanctions, de bombardements et d’occupations sans succès des USA qui ont torturé cette région d’une grande richesse.
Les forces populaires en mouvement
Le gouvernement irakien est déjà affaibli et divisé par des mois de protestations populaires qui se sont emparées de Bagdad et du sud de l’Irak depuis début octobre.
Les tentatives de répression des manifestations réclamant des services de base, des possibilités d’emploi et la fin de la corruption ont fait au moins 470 morts et plus de 20 000 blessés. Les protestations permanentes se sont transformées en demandes de refonte complète du système politique corrompu et sectaire établi sous l’occupation usaméricaine.
Au cours des dernières semaines, une série d’attaques à la roquette a visé des installations militaires en Irak où sont stationnés des membres du personnel usaméricain. L’occupation de la place Tahrir, ou place de la Libération, était en vigueur lors de l’attaque contre l’ambassade des USA.
La stratégie usaméricaine : maintenir la division de la région
La colère publique avait explosé après que les USA eurent bombardé les milices connues sous le nom de Forces de mobilisation populaire, qui font officiellement partie des Forces de sécurité irakiennes. L’attaque US du 29 décembre a tué 32 personnes et en a blessé 55 autres qui avaient été honorées comme combattants de première ligne contre le groupe de l’État islamique (IS).
Les USA ont déclaré avoir lancé le bombardement en représailles à une attaque à la roquette du 27 décembre près de Kirkouk qui a tué un « sous-traitant » usaméricain (en fait, un mercenaire). Mais le site que l’armée US a choisi de bombarder se trouvait à des centaines de kilomètres de l’endroit où le mercenaire avait trouvé la mort.
La zone bombardée était le seul passage frontalier contrôlé par les forces irakiennes et syriennes, et non par les USA. Le passage avait été ouvert avec de grandes célébrations après avoir été aux mains des forces de Daech pendant cinq ans. En septembre dernier, Israël avait bombardé les forces syriennes qui tentaient d’ouvrir ce passage routier crucial.
L’ouverture de ce poste à la frontière syro-irakienne signifiait que, pour la première fois en 30 ans, le commerce, les voyages et les échanges entre l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban étaient potentiellement ouverts et non sous contrôle US.
Depuis des décennies, la stratégie des USA est axée sur la façon de maintenir toute cette région divisée, dépendante et en guerre. La Syrie. L’Irak et l’Iran étaient divisés l’un contre l’autre, car la politique usaméricaine enflammait les différences sectaires, ethniques et religieuses.
Tous ces pays sont soumis à des sanctions usaméricaines strictes, de sorte que l’ouverture de leur capacité à commercer les uns avec les autres est un énorme pas en avant qui sauve des vies. Reconstruire cette région détruite est un objectif de ceux qui s’opposent aux efforts des USA pour recoloniser la région. En bombardant ce poste frontalier, les USA ont confirmé que leur stratégie consiste à diviser la région par la force.
La stratégie US contre l’Iran, l’Irak, la Syrie et l’Afghanistan
Depuis la révolution iranienne de 1979, les USA ont tenté de l’écraser par des sanctions. Ils ont également renforcé les sanctions contre l’Irak en août 1990, suivies l’année suivante par une campagne de bombardements massifs et des sanctions qui ont entraîné la mort d’un demi-million d’enfants irakiens.
Puis, en 2003, les USA ont envahi et occupé l’Irak, détruisant son tissu social et culturel. Plus d’un million de soldats US ont déferlé sur l’Irak, mais ils n’ont pas pu mater la résistance.
Les sanctions usaméricaines contre la Syrie ont commencé au moment où USA ont envahi l’Irak en 2003. Elles sont devenues beaucoup plus sévères en 2011, avec un effort total pour renverser le gouvernement syrien. Washington et ses alliés ont armé et fourni des dizaines de milliers de forces mercenaires étrangères, puis ont fourni un soutien indirect aux terroristes de Daesh, une fabrication saoudienne. Daesh est devenu la nouvelle excuse de l’armée US pour bombarder la Syrie et envoyer des troupes en Irak comme « formateurs ». 
En Afghanistan, 18 ans d’occupation US n’ont produit que des épaves et des divisions sectaires.
Presque tous les courants politiques en Irak, en Syrie et en Afghanistan, même ceux qui collaborent avec Washington, en sont finalement venus à détester la duplicité et l’arrogance raciste de la domination usaméricaine.
La seule solution du Pentagone à la résistance croissante sur tous les fronts est une guerre accrue et des sanctions encore plus sévères.
Selon le Washington Post du 4 janvier, les USA ont environ 6 000 soldats en Irak avec une brigade de 3 500 hommes de troupes aéroportées qui arrivent. Il y a plus de 14 000 soldats des USA et de l’OTAN en Afghanistan. En Asie du Sud-Ouest, de l’Afghanistan à la Méditerranée, il y a un total de 70 000 hommes de troupes US. Il y a aussi des dizaines de milliers de sous-traitants et de mercenaires en Irak et en Afghanistan.
L’envoi de milliers de soldats supplémentaires ne changera pas l’incapacité des USA à occuper et à contrôler un pays, mais il augmentera à la fois la destruction et la résistance.
Rejeter la faute des échecs US sur l’Iran
La politique usaméricaine consister à blâmer l’Iran pour chaque revers et chaque forme de résistance dans toute la région. L’Iran, bien que sévèrement sanctionné et encerclé, est le seul pays qui a échappé à l’occupation usaméricaine directe et à la destruction massive.
La décision de l’administration Trump d’annuler unilatéralement un accord juridiquement contraignant, signé par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne, pour mettre fin aux sanctions contre l’Iran, a accru les tensions dans la région. Les nouvelles sanctions US imposées à l’Iran sont un effort pour déstabiliser le pays par l’hyperinflation et les pénuries.
L’Iran, la Chine et la Russie entament des manœuvres navales conjointes
Mais l’Iran a envoyé son propre message alors que les menaces US se sont intensifiées avec la crise en Irak. C’était un message dont le monde entier a pris note.
Un cinquième du pétrole mondial passe par le détroit d’Ormuz, qui est relié au golfe d’Oman. Le 27 décembre, l’Iran, la Chine et la Russie ont commencé quatre jours de manœuvres navales conjointes dans l’océan Indien et le golfe d’Oman.
Cet exercice naval conjoint a montré la détermination à offrir une certaine protection à une région qui a été ouvertement pillée par les pirates impérialistes des temps modernes. De nouveaux accords commerciaux et des fonds pour la reconstruction des économies ravagées par la guerre et sanctionnées sont en cours d’élaboration en Iran, en Chine et en Russie. Ce n’est plus un monde unipolaire.
Des armes US coûteuses et peu utiles
Le 14 septembre 2019, les attaques contre le géant saoudien de l’énergie Aramco à son usine principale de traitement et à son usine de gaz d’Abqaiq, près du champ pétrolifère de Khurais, ont temporairement réduit de moitié la production de brut saoudien. Les rebelles Houthi du Yémen en ont revendiqué la responsabilité. Mais Washington et l’Arabie Saoudite ont accusé Téhéran des attaques, une accusation que l’Iran a fortement démentie.
Les achats saoudiens de plus de 67 milliards de dollars d’ armes US, dont les fameux missiles Patriot, n’ont pas permis de prévenir ou d’empêcher l’attaque. L’Arabie saoudite est le troisième pays au monde qui dépense le plus pour l’armée. Son incapacité à protéger ses installations pétrolières les plus critiques a déclenché une sonnette d’alarme. Les missiles Patriot US pourraient être des tigres de papier.
Des armes volant à basse altitude et peu coûteuses sont un nouveau défi pour les défenses saoudiennes, qui sont conçues pour des missiles de haute altitude.
2020 : Une nouvelle décennie
La résistance insoumise et la haine persistante pour l’impérialisme américain sont une force matérielle désormais profondément enracinée dans les mouvements populaires de toute la région. Ils trouvent des moyens créatifs et peu techniques de résister au monolithe usaméricain tout-puissant. Ils développent également de nouvelles alliances qui peuvent leur permettre de reconstruire.
Oui, la machine militaire et le pouvoir des entreprises US demeurent des menaces massives pour de nombreux pays et un énorme gaspillage de ressources. Le danger d’une guerre usaméricaine élargie contre l’Iran et l’Irak, tout en poursuivant les guerres en Syrie, en Afghanistan et au Yémen, risque de déboucher sur une guerre mondiale qui nous met tous en danger. En même temps, les événements montrent que la domination US est confrontée à un défi fondamental en 2020.
Toutes les voix et la plus grande unité sont nécessaires pour exiger U.S. OUT!
Mettez fin aux guerres ! Ramenez TOUTES les troupes américaines à la maison !