Les USA optent enfin pour la solution à un seul État en Palestine
Gilad Atzmon 20/11/2019 |
Le secrétaire d’État Mike Pompeo a annoncé hier que les USA assouplissent leur position sur les colonies israéliennes en Cisjordanie. Pompeo a rejeté l’avis juridique du département d’État de 1978 qui affirmait que les colonies juives dans les territoires occupés sont « incompatibles avec le droit international ».
Tradotto da Fausto Giudice
Il est difficile de déterminer si cette décision visait à sauver la carrière politique de Benjamin Netanyahou ou à acheter le soutien du Lobby juif au Président Trump à un moment critique. Il est raisonnable de supposer que cette politique a été mise de l’avant pour atteindre ces deux objectifs.
La déclaration de Pompeo a été, comme on pouvait s’y attendre, bien accueillie par le Premier ministre Netanyahou et dénoncée par les responsables palestiniens et tous ceux qui continuent de promouvoir la solution hallucinatoire à deux États. Comme le secrétaire Pompeo, je suis loin d’être un expert en droit international, mais il semble que la notion de droit international soit suffisamment vague ou élastique pour permettre au secrétaire de l’interpréter (mal) d’une manière radicale. Pourtant, contrairement à la plupart des militants de la solidarité palestinienne, je considère Trump, son administration et la décision récente comme une évolution positive.
Quoique par inadvertance, Trump a finalement engagé les USA dans la solution à un seul État. Il est difficile de nier que la zone située entre « le fleuve et la mer » ne constitue qu’un seul morceau de terre. Elle partage un réseau électrique, un indicatif téléphonique international (+972) et un réseau d’égout. Présentement, la terre est gouvernée par une idéologie raciste, tribale et discriminatoire par le biais d’un appareil qui s’appelle « l’État juif » et qui se proclame foyer de tous les Juifs du monde ; simultanément, il est abusif, meurtrier et, diraient certains, génocidaire envers le peuple autochtone de cette terre.
La démarche d’hier peut faire gagner du temps à Netanyahou et éviter à Trump d’être expulsé de sa résidence actuelle, mais ce qu’elle a fait le plus clairement est de réenvoyer un message aux Palestiniens : dans la bataille pour votre libération, vous êtes seuls. L’USAmérique n’est pas un négociateur, elle ne l’a jamais été. Les USA ont CHOISI un camp dans le conflit et ce n’est pas le vôtre.
En termes catégoriques, la déclaration de Pompeo répète la décision antérieure de Trump de déplacer l’ambassade usaméricaine de Tel Aviv à Jérusalem. Le 6 décembre 2017, le président Trump a annoncé que les USA avaient reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et ordonné le transfert de l’ambassade des USA de Tel Aviv à Jérusalem. Sans aucun doute, cette décision a acheté le soutien à Trump du Lobby juif en USAmérique, et le gain politique pour Netanyahou dans l’État juif, c’était aussi un message sans ambiguïté aux Palestiniens : il n’y a aucune perspective de solution harmonieuse et pacifique à votre sort.
Pour les Palestiniens, cette initiative a également mis en évidence le caractère trompeur et dangereux du mouvement de « solidarité » avec eux. Les institutions juives « antisionistes » ont entrepris un effort acharné pour supprimer le droit au retour des Palestiniens et le remplacer par des alternatives vaseuses comme « la fin de l’occupation » [des territoires occupés en 1967, NdT] ou « le droit au BDS »(boycott, désinvestissement, sanctions) Le coup de Trump a forcé les Palestiniens à admettre qu’ils étaient seuls dans leur combat et finalement accepter que le droit au retour est le cœur et l’essence de leur sort. Moins de quatre mois après la décision de Trump sur Jérusalem, le 30 mars 2018, des milliers de Gazaouis se sont rassemblés à la frontière israélienne pour exiger le retour sur leurs terres.
Cette décision maladroite de Trump servant un but politique immédiat en rapport avec le soutien juif s’est transformée en un vaste réveil pour les Palestiniens. Semaine après semaine, pendant près de trois ans, les Gazaouis sont arrivés par milliers à la frontière de Gaza pour affronter courageusement les tireurs d’élite, les chars et les forces aériennes impitoyables des FDI. Le Hamas doit un grand merci à Trump qui a réussi à alimenter et à unir les Palestiniens avec un esprit renouvelé de résistance sans peur. Les analystes et commandants militaires israéliens admettent que la situation à la frontière de Gaza est pratiquement hors de contrôle. Ils conviennent que le pouvoir de dissuasion d’Israël est littéralement un objet de nostalgie. En conséquence, les organisations de résistance palestiniennes n’hésitent pas à riposter contre Israël. La semaine dernière, Israël a été frappé par une pluie de 400 roquettes tirées en seulement deux jours à la suite de l’assassinat par Israël d’un militant du Jihad islamique palestinien.
La déclaration de Pompeo fournit un message explicite et nécessaire aux Palestiniens en général et en Cisjordanie en particulier. Le conflit ne progresse pas vers un règlement pacifique. Ceux qui, parmi les Palestiniens, ont prôné la « solution à deux États » devront se cacher maintenant. Pompeo a affirmé qu’il y a une seule Terre Sainte entre le Jourdain et la Méditerranée. Désormais, la bataille sur ce territoire contesté est de savoir s’il sera soumis à l’idéologie raciste discriminatoire impliquée par la notion d’ « État juif » et sa « loi sur l’État-nation juif », ou s’il se transformera en un « État de ses citoyens » implicite dans la notion d’une seule Palestine.